Jigoku Shôjo : Vengeances d’outre-tombe
Jigoku Shôjo est un anime produit par Aniplex et Studio Deen, diffusé pour la première fois en 2005 au Japon, mettant en scène une jeune fille, Enma Aï, qui accorde des souhaits de vengeance à des gens, par le biais d’un site accessible uniquement à minuit. Devant le succès de l’anime, un drama est sorti en 2006 puis un manga en 2006 également.
Un devoir parfois amer
Enma Aï donne la possibilité de se venger à des gens désespérés, pour « rétablir » un certain équilibre. Si la personne le souhaite, elle peut envoyer immédiatement quelqu’un en Enfer, en retirant la ficelle d’une poupée, donnée par Enma. Pourtant, au fil des épisodes, l’impartialité dont doit faire preuve la vengeresse s’estompe et elle y fait plusieurs fois allusion. Cette petite fille aux traits de porcelaine garde toujours son visage impassible et peut se montrer sadique dans ses propos et ses vengeances. Elle éprouve même un certain plaisir lorsqu’une personne mérite vraiment son sort. Tantôt insensible, tantôt étrangement compatissante, ce double jeu est en fait une preuve qu’elle reste très humaine, malgré ses 500 ans, dans son rôle de recruteuse des Enfers et de bourreau. Elle se doit de cacher ses sentiments, surveillée en permanence par l’araignée des Enfers, mais en éprouve également.
Ce devoir cruel la pousse à « craquer » par deux fois, à la fin des deux premières saisons. Elle fait face dans la première à sa vie passée et aux événements qui l’ont fait devenir ce qu’elle est aujourd’hui, ce qui la conduit à une sorte de folie meurtrière. La deuxième fois, elle fait un choix très humain en sauvant un garçon, persécuté par toute une ville et envoyé en Enfer par l’une de ses propres vengeances. Elle garde conscience du rôle qu’elle joue auprès des humains et sait très bien que parfois, les vengeances ne sont en rien justes, ce qui la travaille continuellement. Dans ce changement de décision, elle assume complètement les conséquences de ses actes et y trouve quelque part, une façon de mettre un terme à une activité qu’elle s’est mise à détester.
Des serviteurs fidèles et dévoués
Enma Aï est toujours accompagné de trois personnes : Wanyuudo, un vieil homme ; Ichimoku Ren, un jeune homme cachant son œil droit ; et Hone-Onna, une jeune femme magnifique. Ils lui sont fidèles en tout point de vue et la défendent quoiqu’il arrive.
Wanyuudo : Il est le premier assistant d’Enma et celui qui devient la plupart du temps, la poupée de la vengeance. Il est aussi le carrosse de la jeune fille, qui la transporte de son monde au notre. De la bande, il est le plus calme et le plus réfléchi. Son histoire n’est révélée que dans la saison deux (tout comme celle de ses amis). Il était le cocher d’une grande dame dont le carrosse est tombé dans un ravin, alors qu’ils étaient poursuivis. A force de culpabiliser, il est devenu un Yokai, effrayant les voyageurs sous la forme d’une roue enflammée avec un visage difforme au milieu. Il essaie de faire peur à Enma mais celle-ci ne s’enfuit pas et lui demande de la suivre. Il se calme alors et prend la forme qu’on lui connaît. Il apparaît souvent comme un sage, tentant de mettre fin aux petites querelles du groupe.
Ichimoku Ren : D’un caractère fier et moqueur, il est l’observateur du groupe grâce à son œil caché qui se transforme en œil géant, chargé de surveiller les victimes dans leur quotidien. Ce pouvoir est à mettre en parallèle avec son passé. Avant de rencontrer Aï, il était un tsukumogami, un esprit vivant dans un objet inanimé, ici, un katana. Il regardait impuissant et choqué le mal que ses maîtres faisaient. Sa dernière mission fut de tuer une femme pour laquelle il éprouvait des sentiments. A la suite de cela, il fut planté dans un rocher. C’est Enma qui lui donne son apparence. Son caractère est là pour cacher ses vrais sentiments car même s’il a l’air louche et infidèle, il est très attaché à ses amis qu’il considère comme sa famille. Enma fait plusieurs fois référence à une chose qu’il chercherait et sans lui répondre clairement, il lui fait comprendre qu’il l’a déjà trouvée. Il souhaitait des gens l’aimant pour ce qu’il est et non pas pour un outil répandant la mort. Son côté détaché lui vient des atrocités qu’il a vues et commises, et garde une attitude blasée de cette époque envers les humains et leur côté détestable. Il est le plus sadique vis-à-vis de ceux ayant persécuté quelqu’un lors des vengeances.
Hone-Onna : La dernière arrivée. Ancienne prostituée nommée Tsuyu, tuée pour avoir essayé d’aider son amie Kion, qui voulait s’enfuir avec l’homme qu’elle aimait. Kion vit alors Tsuyu et son amant se faire tuer par un samouraï. Le corps de Tsuyu fut jeté dans la rivière et tout le temps qu’elle mit à flotter, elle essaya de comprendre pourquoi elle avait été trahie une seconde fois par l’un de ses proches. Ce besoin de comprendre attira des spectres vivant sur une berge et possédant les cadavres. Elle se transforma en esprit puissant, qui attire les hommes, non pas pour se venger, mais pour se sentir aimée. Son aspect cadavérique lui vaut d’être seule jusqu’à l’arrivée d’Enma qui la prend sous son aile, répondant ainsi à ses prières. Elle est la plus emportée du groupe, surtout avec Kikuri qui aime la taquiner. Elle est aussi la plus humaine du groupe car même si elle aime Enma comme sa grande sœur, elle ne peut que montrer son dégoût pour certaines injustices. Elle se charge avec Ren d’enquêter sur les victimes et infiltre souvent le monde des humains, d’où elle revient triste et mélancolique. C’est un personnage complexe, froid et pourtant sensible, qui reste incroyablement humaine dans ses actes et ses réflexions.
Une humanité détestable, un prix à payer
Les Hommes n’ont pas le beau rôle dans cette histoire car, même si l’on ne peut s’empêcher d’avoir de la sympathie pour les victimes, il est difficile de comprendre pourquoi les persécuteurs se montrent aussi mauvais. De part son rôle de vengeresse et son statut surnaturel, Enma porte un jugement très critique vis-à-vis des humains, comme ceux qui l’ont tué autrefois. Sur ce point, la seconde saison se révèle particulièrement efficace, avec des preuves de cruauté évidente et des situations qui mettent parfois mal à l’aise. Le pauvre Takuma voit à quel point l’humanité peut être monstrueuse. Il est d’abord la victime collatérale d’une vengeance et devient ensuite le bouc émissaire d’une ville entière, se cachant derrière lui pour ne pas culpabiliser. Les scénaristes vont plus loin. Alors que seule une personne l’aimait vraiment, elle finit aussi par l’abandonner et le condamner à l’Enfer, par lâcheté. La confiance est bien le problème soulevé tout au long des saisons, où l’histoire du jeune garçon s’inscrit en parallèle avec celle d’Enma, mais aussi celle de ses compagnons. Tous ont été victimes de trahisons diverses et sont dégoûtés par l’Homme et sa méchanceté. Un quintuple message très efficace.
Un autre point est soulevé : le prix à payer. Il apparaît comme un écho à cette facette noire et complexe de l’humanité. Bien que les victimes souffrent et veulent rendre cette douleur à leur bourreau, il faut néanmoins qu’elle accepte que leur âme aille en Enfer à leur mort. On pourrait croire que beaucoup seraient effrayés par ce marché mais pas du tout. Je vois dans ce comportement illogique, un masochisme développé, poussant les victimes à continuer ce cercle vicieux, au-delà de leur propre vengeance. A terme, bourreau et victimes finissent par atterrir au même endroit. Pourtant, rares sont les personnes qui hésitent, preuve de leur rage intérieure et de leur manque de compréhension face au prix qu’ils doivent payer. Le calme affiché après l’exécution de la vengeance n’est pas le symbole de la sérénité, mais bien de l’insouciance. Persécuteurs ou victimes, il y a, au fond, la même envie de faire souffrir mais pas les mêmes raisons.
Conclusion
Jigoku Shôjo peut se résumer en deux mots: « noir » et « cruel ». Au-delà de leur simple rôle de vengeurs, Aï et sa bande se portent en juges d’une humanité décadente qui mérite son sort. Bourreaux et victimes, quelle différence sur le fond ? Plongés dans leurs propres peurs, ils finissent inévitablement par succomber à l’Enfer et à leurs instincts destructeurs, dont le paroxysme est atteint la fin de la saison deux. Les personnages les plus humains ne sont pas ceux que l’on croit. Une saison trois est en cours mais gageons que les Hommes n’apprennent toujours pas de leurs erreurs et continuent de tomber dans leur soif de vengeance.
7 commentaires
- à cause d'une technique un peu pauvre
- et parce que je craignais que le filon s'épuise très rapidement.
Eh oui il m'arrive d'être superficiel et d'avoir des préjugés. ^^' Comme la misanthropie est aussi sur la liste de mes défauts, tu me donnes envie de laisser une seconde chance à la Fille des Enfers.
J'avais commencé Jigoku Shoujo après avoir vu le trailer qui était ma foi, bien alléchant. Le premier épisode était techniquement impeccable et le chara-design des plus prometteurs.
Malheureusement, les épisodes sont répétitifs et suivent le même schéma : Quelqu'un veut se venger, fait appel à la Fille des Enfers. Hésite à dénouer la ficelle de la poupée qui sert de contrat. Et finalement, craque et envoie son bourreau en enfer. Ce dernier, avant de se réveiler dans la barque qui le conduira au monde souterrain, se fera torturé par les acolytes de Mademoiselle.
Il existe néanmoins un fil conducteur, mais il arrive un peu tard et laisse le loisir aux moins patients d'abandonner la série avant qu'elle ne se réveille.
Quelques épisodes inutiles, mais d'autres vraiment joussifs (oui, je suis une sadique =D) et un final vraiment attendu qui clôt la saison.
Je conseillerais la série à ceux qui n'ont pas peur de la répétition et qui sont assez patients pour suivre un scénario parfois absent.
J'ai visualisé les 2 premières saisons et passé un bon moment, mais ne compte pas continué la 3ème. Parce que je crois que j'ai fait le tour des questions soulevés par cet Anime.
Enfin un anime que je vais suivre en même temps que Ergo proxy !