Kamisama Dolls – Lala la la la

Après Baccano! et Durarara!!, Brains Base signe une nouvelle adaptation très urbaine et très fortement teintée de fantastique : Kamisama Dolls. Dans un village perdu niché dans les montagnes, des enfants, appelés Sekis, sont liés par le sang à des créatures venues des temps anciens : les Kakashis. Beaucoup disent qu’ils sont des dieux, la seule certitude est qu’ils représentent un pouvoir terrible. Faisant le double de la taille d’un humain normal, leurs corps de métal et leur capacité à voler en font des armes redoutables. Les Sekis peuvent les contrôler avec leur esprit s’ils savent modérer leurs émotions et les faire apparaître comme ils le souhaitent. Ces Kakashis font office d’outils de luxe pour ce village mais les accidents arrivent et confier un tel pouvoir à des enfants n’est pas sans risque.

L’un d’eux, Aki (doublé par Ryohei KIMURA, Akira dans Higashi no Eden), perd la raison et massacre de nombreuses personnes. Il vit depuis enfermé. Son ami d’enfance Kyouhei (Nobuhiko OKAMOTO), traumatisé, renonce à sa condition de

et part vivre à Tokyo comme étudiant. Le monde est petit dans le manga de Hajime YAMAMURA : il retrouve dans la même classe que lui Hibino (Ai KAYANO, la doubleuse de Menma dans Ano Hana), la fille d’un ancien habitant du village. Et là, c’est le drame bien entendu, la petite sœur de Kyouhei, Utao (Misato FUKUEN), débarque à l’improviste dans son appartement ! C’est elle la nouvelle Seki de Kukuri, l’ancien Kakashi de Kyouhei. Elle lui apprend qu’Aki s’est évadé et que le sang coule à nouveau. Mais elle n’est pas la seule à être partie à sa recherche, d’autres Sekis et leurs Kakashis se sont eux aussi mis en chasse. Ils ne font d’ailleurs pas tant pour l’arrêter que pour garder le secret du village.

Il serait injuste de ne pas attribuer le qualificatif « d’original » à cette série. Pourtant on sent rapidement un parfum de déjà vu. Un déjà vu qui s’avère être encore une fois un cocktail très efficace. Les quelques moments de tranche de vie peuvent sembler être du temps perdu mais ils préparent certainement un terreau pour des évolutions dramatique à venir, du moins je l’espère. Oui je sais je suis cruel mais je m’attends à voir des cadavres pleuvoir. De même, on soupçonne rapidement qu’il y anguille sous roche dans le passé de Aki et de Kyohei. Je m’attends à apprendre qu’il y avait alors là plus qu’un enfant qui se découvre des pulsions meurtrières. Que sont les Kakashis ? D’où peuvent-ils tirer leur pouvoir et comment les prêtes du village ont-ils trouvé le moyen de lier les Sekis à ces créatures étranges ?

Le réalisateur Seiji KISHI a réuni une partie de l’équipe avec laquelle il a travaillé sur la malheureusement méconnue série humoristique Tentai Senshi Sunred : le scénariste Makoto UEZU – qui a aussi travaillé sur le récent Katanagatari – chargé de l’adaptation et le chara-designer Kazuaki MORITA. Hideyuki MOTOHASHI réussit ici une copie très correcte en tant que directeur de l’animation mais les combats restent assez statiques, soudains. La chanteuse et compositrice des deux openings de Bokurano Chiaki ISHIKAWA remet ici le couvert pour le plaisir de nos oreilles. Son registre colle sans surprise une nouvelle fois. Elle est aussi chargée ici de la bande sonore dans son ensemble avec le concours de Masara NISHIDA. Le directeur artistique de Personna 4 Ayumi MIYAKOSHI et le directeur de la photographie Yoshiaki ŌKUMA ont eu aussi un rôle assez ingrat puisque les décors restent assez génériques. Cependant cette sobriété sert la série en mettant en valeur les Kakashis. À chacune de leur apparition, on perçoit aussi bien leur puissance que leur étrangeté. Il ne fait aucun doute qu’ils n’appartiennent pas à ce monde. Ils ne parlent pas mais ils fredonnent une mélodie qui est unique à chacun d’eux. Imaginez les poupées maléfiques dans les films d’horreur. Remplacez le chiffon par de l’acier et multipliez par vingt la taille des dites poupées et vous avez les Kakashis.

Bien sûr on pourra rapidement me tancer de sur-interpréter mais on ne m’enlèvera pas de la tête que ces gros jouets ne vont pas manquer de provoquer un gros retour de flamme au-delà de l’impact psychologique pour les Seiki d’avoir une telle chose entre les mains. Ce poids est en soi un lourd prix à payer mais il y a peut-être autre chose. La clé de l’affaire se trouve probablement dans ce qu’on qualifiera poliment d’incident d’il y a quelques années. Aki est peut-être devenu fou pour avoir appris la vérité, ou bien est-il au contraire le seul à être resté sain d’esprit dans un monde d’aliénés. Il faut être dingue pour ne pas avoir peur des Kakashis et utiliser ainsi leur pouvoir. L’arrogance humaine nous perdra.

Malheureusement, je doute de connaître le fond de l’affaire. D’une part, le manga est toujours en cours de parution dans l’archipel et d’autre part, seuls 13 épisodes sont prévus alors que 9 tomes ont déjà été publiés. Bien sûr on priera qu’une saison 2 arrive un jour mais il faudra se montrer patient. Je vais être mauvaise langue mais j’aimerais voir Brains Base réaliser une série où l’histoire arrivera vraiment à son terme pour une fois. Cette première fois pourrait cependant arriver bien vite avec Mawaru Penguindrum mais ça devra attendre un autre article de premières impressions.