Kara no Kyokai 5 : Mujun Rasen
Les films Kara no Kyôkai (ce qui peut se traduire pas la Frontière du Vide en français) ont réussi à réunir devant leurs écrans les TypeMoonistes – même si les fans les plus pointilleux vous feront remarquer que ce n’est pas un film Typemoon à proprement parler – et d’autres étrangers à cet univers. Je me range dans la deuxième catégorie. Sorti mitigé de Shingetsutan Tsukihime – je ne ferai pas l’affront de parler de Fate/Stay Night/Project – j’ai malgré tout donné sa chance aux films d’ufotable sans regret pour l’instant. Le cinquième segment, Mujun Rasen (la Spirale de la Contradiction), est l’occasion de revenir un peu sur cette série sur grand écran.
Il est assez surprenant de voir qu’un studio qui n’a jamais figuré en haut de l’affiche – on peut même dire qu’il était surtout un second couteau – et des réalisateurs à la filmographie plus que modeste aient fourni un travail aussi bien léché sur le plan graphique. C’est une des qualités communément admises pour Kara no Kyôkai, y compris de la part de ses détracteurs : c’est joli. Oh, ce n’est pas exempt de défaut mais le travail sur la colorisation avec un palette dans des teintes souvent sombres et celui sur les lumières qui prennent une teinte surnaturelle – défaut ou qualité selon le point de vue – est constant et flatte l’œil. Ce cinquième film se démarque un peu des précédents en s’imposant des teintes plutôt chaudes (du rouge, du jaune…). Paradoxalement (oui d’accord elle était facile) il n’en ressort pas une impression de vie: on a l’impression de se retrouver dans le ventre d’un animal à moitié de métal. On constate également les limites de l’animation dans les combats. Les décors quant à eux sont volontairement répétitifs – j’y reviendrai – néanmoins je regrette un peu cette monotonie. La démonstration technique est moins efficace que pour les précédents films, à moins que je ne me lasse.
La musique de ces films est composée par Yuki Kajiura qui si elle est douée dans son métier se repose peut-être un peu trop sur ses lauriers. Ses productions ont tendance à se ressembler et l’OST de Kara no Kyôkai ne déroge pas à la règle. Le résultat était quand même tout à fait honorable mais Mujun Rasen exploite mal sa bande sonore. Il faut attendre la toute fin avec le thème du combat final et le générique de fin pour retrouver l’onirisme des précédents films.
Cependant, malgré ces qualités techniques en retrait, Mujun Rasen tient la comparaison avec ses prédécesseurs grâce à un traitement scénaristique de meilleur qualité. Il est déjà deux fois plus long que le précédent, et est le premier à mériter le nom de long-métrage. Kara no Kyôkai ne s’est jamais caractérisé par un fil chronologique linéaire mais ce cinquième segment est le plus audacieux sur ce plan là. L’histoire est tantôt rapide, tantôt ralentie. On suit deux points de vue en parallèle de personnages qui s’entrecroisent mais ne se rejoignent jamais vraiment, du moins dans ce film. Les fans d’un Shiki X Mikiya en seront en effet pour leur frais puisque le couple est rarement dans la même pièce. Ce film met en avant un personnage assez classique, Enjou Tomoe. Le manque de relief de ce nouveau bien qu’éphémère personnage est assez regrettable en revanche, peut-être que les scénaristes ont voulu renforcer le contraste entre le monde fantastique et un lycéen avec ses problèmes banals. C’est assez cohérent mais j’ai trouvé que ça a un peu manqué son objectif.
Le spectateur est perturbé : j’ai été assez déstabilisé au début. Cependant, au prix d’être attentif – il ne faut pas faire son repassage pendant ce temps-là – les différents éléments se mettent en place comme des engrenages bien huilés. Ce film est l’occasion d’en apprendre sur les Magi dont fait partie Tôko et leur mythologie. J’ai tendance à critiquer négativement toute masturbation intellectuelle vide de sens mais la façon dont s’est approprié la thématique de la dualité du Yin/Yang : l’un contre l’autre mais aussi l’un dans l’autre, et au-delà de cette opposition. Rien qu’on n’ait jamais entendu sous d’autres formes ; néanmoins, la pertinence demeure et le discours bien rodé ne lasse pas. Je ne suis pas déçu des Magi, un combat d’esprit plus que pyrotechnique et une quête assez bien trouvée : je n’en demandais pas plus.
J’en viens paradoxalement (c’est la fin de la chronique, laissez-moi ce plaisir coupable) à douter des prochains films. Le cœur de l’univers semble avoir été bien exploité sans véritable zone d’ombre si ce n’est le passé même de Tôko mais l’occasion d’y revenir semble passé. On sait déjà qu’on reverra Fujino, un personnage que je n’ai pas aimé pour ma part. Kara no Kyokai a-t-il usé ses dernières cartouches ou en a-t-il encore sous le talon pour nous surprendre ?
10 commentaires
Sinon pareil, me suis jamais plongé dans Fate, mais vu le fanboy que je suis de Tsukihime, ça ne saurait tarder.
Mon avis plus détaillé est sur mon blog sinon.
on retrouve bien l'univers type moon. j'ai néanmoins l'impression de voir en kara no kyoukai des brides de tsukihime et de fsn. Shiki a le même pouvoir que le héros de tsukihime et l'histoire d'affrontement entre mages par le biais de "personnes" interposées a une petite saveur que l'on retrouve abondamment dans fsn. ceci dit j'attends le chapitre 6 de knk avec impatience et de toute manière la prod type moon reste dans un style mystique et romanesque qui lui réussit bien. cela dit ce n'est que mon point de vue.
petit message à z-master: si tu n'as pas encore vu fate stay night, je me permets de te prévenir: le senario que type moon a utilisé pour cette série est très moyen. ayant quasiment "profonder" le visual novel (jeu), j'ai visualisé les trois sénario de fate stay night (en anglais) et je pense qu'ils ont utilisé l'histoire la plus "commercialement" correcte(avec les scènes hentai en moins biensûr!).En effet "fate" est plus accessible à un large public alors que "unlimited blades works" c'est de la trahison en veux-tu en voilà et "heaven fiels" c'est glauque à souhait! je suis très réducteur et tu pourrais penser que je n'ai pas aimé. ce n'est pas le cas, fsn est un anime de bonne qualité avec une BO que je continue à écouter au quotidien depuis plus d'un an (je me suis un peu calmé... maintenant j'ai celle de kara ;))
je n'avais pas pris le temps le dire ta critique. que rajouter quand on a tout plusieurs lignes au dessus. c'est agréable de lire un commentaire bien amené (chose dont je ne suis plus capable...). Mon commentaire précédent fait pâle figurine mais il reste ma principale impression ressentie. bonne continuation à toi!