Kemono no Sou-ja Erin – Episode 1
Lors de l’annonce de l’adaptation de Kemono no Sou-ja Erin, ce n’est pas seulement le nom du studio en charge – Production I.G. – qui a retenu l’attention. En effet, Kemono no Sou-ja Erin est à la base un roman fantastique de Nahoko Uehashi. Cette auteure vous sera peut-être plus familière si je vous dis qu’elle a aussi écrit le roman à la base de Seirei no Moribito. C’est bon, j’ai toute votre attention ?
Pour autant, je vous détrompe tout de suite : Kemono no Sou-ja Erin ne prend pas le même chemin que son aîné. Un indice important se découvre quand on lit que Kamiyama Kenji – réalisateur sur Seirei no Moribito – ne resigne pas pour cette deuxième adaptation d’un roman de Nahoko Uehashi. Ainsi, cette série se destine avant tout pour un public bien plus jeune.
La réalisation technique se révèle en effet un peu pauvre. Le character design manque de finesse et les décors, s’ils ne manquent pas d’un certain charme, pourront pour certains manquer d’ambition avec ces dessins comme s’ils avaient été faits avec des gros crayons pastels par un enfant. Les couleurs manquent peut-être aussi d’audace. Mais on se gardera bien d’enterrer trop vite l’expérience de Production I.G. : les personnages restent bien proportionnés et l’animation, s’il pêche parfois de fluidité, n’est pas mauvaise. On retrouve cette même impression de demi-teinte autour de la bande son. Les pistes collent plutôt bien aux images mais ne font pas non plus preuve d’une originalité et d’une imagination débordantes. Les génériques sont eux aussi en accord avec l’esprit de la série.
L’histoire quant à elle nous ramène dans un pays fictif dans une ambiance moyenâgeuse fantastique. Des sortes de dragons – les Toudas – parcourent la campagne et terrorisent à l’occasion des paysans jusqu’à nécessiter des fois l’intervention de l’armée. Soyon est une jeune femme chargé de s’occuper des Toudas mais ces origines étrangères ne facilitent pas son intégration dans le village de Ake. Etre une femme et s’occuper seule de sa fille Erin ne la rend pas plus populaire, bien au contraire. Erin marche sur les traces de sa mère pour pouvoir à son tour s’occuper des Toudas lorsqu’elle aura atteint l’âge adulte.
Pas moins de 50 épisodes sont prévus pour cette série. Et si on se fie au roman, on devrait pouvoir suivre Erin jusqu’à ses dix-neuf ans, depuis la fin de l’enfance jusqu’à ces premiers pas d’adulte. Les oeuvres à valeur initiatique peuvent se révéler très bons comme très stéréotypés. Kemono no Sou-ja Erin a au moins le mérite de titiller ma curiosité.
2 commentaires
Je vais attendre de voir comment évolue l'histoire avant de me lancer, en espérant que le côté "jeunesse" ne gâche pas l'aventure...
En ce qui me concerne j'ai beaucoup apprécié ce premier épisode, la série est clairement destinée à un public plus jeune que celui de Seirei no Moribito (pour le moment dumoins) mais elle garde ce côté reposant qui faisait en partie le charme de cette dernière. Le style graphique "au crayon" me plaît beaucoup, ça manque quelque peu de précision mais ça donne du caractère aux décors qui ressemblent souvent à des illustrations de livres de jeunesse. Les couleurs légèrement effacées appuient cette impression. Je trouve pourtant que la mise en scène tient vraiment la route, je pense notamment à la scène où Erin est menacée par un Tôda et qu'on voit en parallèle un oisillon sans défense menacé par une belette en chasse.
Pour le moment c'est aussi beaucoup moins contemplatif que Seirei no Moribito : les dialogues sont nombreux et ponctuels, les silences sont rares et toujours appuyés par une musique de fond. Quand aux personnages, ils sont très simples mais pas naïfs : on voit déjà de forts aprioris "raciaux" à l'encontre de Soyon et sa fille chez la population du village : Soyon a été accueillie au village à condition qu'elle s'occupe des Tôda (elle a peut-être été exilée de son village d'origine ?) et la moindre erreur ne lui sera pas pardonnée, on parle aussi des traditions dans cet épisode qui pourraient laisser penser que cette tâche n'est habituellement pas laissée à une femme, étrangère qui plus est. Cette pression constante pèse d'ailleurs sur les épaules de Soyon, Erin fait surtout office de spectatrice pour le moment et ne se rend pas vraiment compte de ce qui se passe même si elle aide sa mère du mieux qu'elle peut et qu'elle se montre très perspicace pour son âge. Tout laisse penser que les choses évolueront très vite cependant et qu'un problème viendra secouer cet équilibre incertain.
Par contre pour moi il est clair que les Tôda ne parcourent pas la campagne au hasard comme des animaux pour attaquer les paysans qu'ils croisent : la scène d'introduction est assez explicite sur le sujet, apparemment le seigneur de la région les utilise comme des montures pour mettre un terme aux révoltes et aux attaques des armées voisines, c'est pour cette raison que les bêtes sont apprivoisées dans le village d'Ake qui dépend complètement des demandes de leur seigneur. Les Tôda sont un atout majeur pour les batailles, une attaque d'Ake pourrait être un moyen d'empêcher leur utilisation...
Pour le moment je vois Kemono no Souja Erin comme une série à deux sens de lecture : l'un adressé à la jeunesse, qui se retrouvera dans Erin, le style graphique simple, les bébés Tôda mignons et ses envies de suivre les traces de sa mère ; et l'autre plus adulte avec la mère mature et ses problèmes pesants, les traditions fermes du village, la pression du seigneur sur le village et les conflits politiques avec tous les problèmes qui pourraient se présenter à l'horizon. Erin grandira sans doute tout au long de la série, et lorsqu'elle aura plus de 15 ans les enfants ne pourrons plus vraiment s'y reconnaître, ce qui peut laisser penser que la série s'adresse aussi à un public plus vieux. Si la mère est aussi active tout au long de la série, on peut même dire que la série s'étale sur une large palette d'âges et de sens de lecture envisageables...