Kids on the Slope – Jazz Lullaby
Après une année d’expérimentations un peu hasardeuses (en ces périodes électorales, je suis contaminé par la langue de bois), Fuji TV semble vouloir recentrer un peu la case noitaminA qui a perdu une partie de son public. On revient donc aux fondamentaux et au plus gros succès de la chaîne en adaptant un cousin germain de Nodame Cantabile : Kids on the Slope, ou Sakamichi no Apollon dans la langue de Takeshi Kitano. Ce jôsei est une comédie romantique sur fond musical. Mais point de Glee ou de gamines qui choppent une guitare et jouent de la soupe ici, on reste dans la voie tracée par la chaîne en choisissant un genre musical moins mainstream, le jazz, et une époque somme toute assez peu exploitée dans l’animation japonaise, les années 60.
La fracture avec son public étant peut-être trop forte, Fuji TV n’a pas voulu faire les choses à moitié et a mis les petits plats dans les gigantesques pour cette adaptation. En effet, c’est le poids lourd Shinichiro WATANABE, réalisateur de Cowboy Bebop et Samurai Champloo, qui a été appelé aux commandes. Tout le monde se réjouit de voir ce grand monsieur qui avait un temps annoncé sa mise en retrait. Mais cela a aussi un effet collatéral pervers puisque s’est créée une attente en décalage avec le genre même de Kids on the Slope. Cette série n’est pas aussi atypique que ne l’étaient les deux travaux emblématiques de Shinichiro WATANABE et ne cherche pas à marquer une génération. On se situe ici dans la droite lignée du court Baby Blue (in Genius Patry). On peut légitimement s’en trouver déçu mais je trouve certains reproches illégitimes dans la mesure où à aucun moment il n’y a eu de tromperie sur la marchandise.
Est-ce à dire que Kids on the Slope est une série frivole qui ne mérite qu’une attention mesurée ? Bien au contraire. Shinichiro WATANABE n’est pas devenu sénile et il signe son œuvre techniquement la plus aboutie. Jamais nous n’avons eu la chance de voir une série d’animation aussi proche du réalisme des œuvres en prises de vues réelles. Le travail sur les lumières – auquel l’expérimenté directeur de la photographie Kenji TAKEHARA (Noir, Requiem for the Phantom) n’est certainement pas étranger – ou la mise en scène ne souffre aucune critique. Surtout, c’est l’animation du trailer qui aura marqué les esprits. Yoshimitsu YAMASHITA conserve du reste la même fluidité d’épisodes en épisodes sans baisser le pied. Les percussions de Sentarô sont presque hypnotiques.
Kaoru, jeune lycéen quitte la région du Kantô pour déménager dans la famille de sa tante à Kyushu, l’île la plus au sud parmi les quatre principales de l’archipel japonais. Solitaire, il va pourtant se lier d’amitié avec un marginal, Sentarô. Leur amour pour la musique, lui pour le piano, lui pour la batterie explique ce drôle de couple qui va s’exercer au jazz dans l’arrière boutique du père d’une camarade de classe, Ritsuko. En marge de leur petit groupe de musique, ces années lycéennes sont aussi l’occasion de découvrir leurs premiers sentiments d’adultes. Ayako KATOH et Yuuko KAKIHARA, qui se sont déjà retrouvés sur Chihayafuru, adaptent avec justesse le manga de Yuki KODAMA. Certains pointent des influences yaoïstes. Que les fujôshi partent dans leurs délires ne m’étonne plus, mais je trouve qu’il y a aussi pas mal de paranoïa dans cette critique. Mon ressenti est bien celui d’une peinture honnête de l’adolescence et le passage à l’âge adulte. Kids on the Slope n’hésite d’ailleurs pas à égratigner l’image de la famille nucléaire, icône au Japon, en évoquant les familles éclatées.
Au-delà de ces thématiques, Shinichiro WATANABE reste fidèle à son vieux dada : la musique. Alors qu’il avait laissé de côté la réalisation, il s’était mis à la production musicale comme sur Michiko e Hatchin ou en ce moment même sur la dernière itération en date de Lupin III. Il est ici bien assisté par un autre poids lourd du milieu, la compositrice Yoko KANNO qu’on ne présente plus. Elle signe ici une nouvelle fois une bande son de grande qualité qui tournera longtemps sur de nombreux baladeurs cet été. Mon ignorance du jazz ne me permet pas de juger de la pertinence des titres choisis mais ils sont beaux en tout cas. Pour la petite note, Fuji TV a poussé le retour aux sources jusqu’au bout puisque l’opening est interprété par YUKI qu’on avait malheureusement un peu perdu de vue depuis Honey & Clover. Complétez le tableau par les décors proches du photo-réalisme de Shinichi UEHARA (Tatami Galaxy) et vous obtenez une série très solide sur ses bases qui redore le blason un peu terni d’une case horaire qui revient d’une prostitution qui n’a pas payé.
11 commentaires
Pour les influences yaoïstes, je pense qu'il faut arrêter de voir le mal partout chaque fois qu'une histoire met en scène 2 personnages masculins. Perso je suis un peu fâché avec cette fanbase qui "yaoïse" tout et n'importe quoi, ce qui fait que l'on ne peut malheureusement plus voir un anime traité d'amitié sans que cela vire aux strips homosexuels.
Pour moi Kids on the slope est une belle représentation de l'amitié adolescente, des premiers amours et des premiers coeurs brisés. J'espère que le petit format de la série lui permettra quand même de finir de manière correcte.
Ce qui est souligné concernant Watanabe est très important car on attend toujours énormément (trop?) d'un tel monsieur. {"Il n'y a pas eu tromperie sur la marchandise et cette série"}: C'est bien dit ça et tout aussi bien développé. 8) Thank you.
J'ai du mal à être attiré par les personnages (ils ne sont pas superficiels mais passé le côté intrigant des premiers épisodes, ils m'intéressent moins) et l'histoire qui nous est contées dans la série ne me paraît pas palpitante. Je trouve d'ailleurs très juste ta description de la série en tant que "peinture honnête de l'adolescence et le passage à l'âge adulte", mais j'espérais autre chose.
Cependant, je compte bien continuer à suivre cette série rien que pour le plaisir des yeux et des oreilles.
Sinon j'attends de voir évoluer le scénario pour me prononcer dessus, ce qui est sûr c'est que niveau design on est servis !
Aflo', Angel, je ne vous verrai plus de la même manière... :P
A mon sens c'est tsuritama qui permet à noitamina de revenir dans la production de qualité.
@Dareen: ce sont les deux faces de noitaminA qu'on avait un peu perdu de vue : d'un côté les adaptations de josei et de l'autre les prods originales bizarres. Ce deuxième aspect me laisse le plus souvent indifférent mais tu fais bien de le rappeler aux amateurs.
Une série que je continuerai à suivre et le fait qu'elle soit diffusé par Dybex, me pousse davantage à la continuer :)
Mais pourtant, les amourettes compliquées et si innocentes, restant pourtant parfaitement sincère et touchante, nous transporte dans un univers de douceur accompgné par le Jazz ( trop peu présent à mon gout). J'ai aimé et je ne regrette pas d'avoir suivit cet anime !