King’s Game : Jeu de lycéens, jeu de vilains
Je vais tenter de ne pas trop me plagier en reprenant ce qui a été dit dans l’article sur les sorties de cet automne, mais je vais hélas devoir être redondante pour ceux qui l’ont lu, à minima pour la partie résumant l’histoire de base.
La première série de mangas King’s Game a commencé sa parution en 2010 et a très rapidement été suivie par King’s Game Extreme (en 2012), King’s Game Origin (2013) et King’s Game Spiral (2014). Ces séries ayant l’avantage d’être assez courtes puisque ne dépassant jamais les six tomes. Beaucoup ont pensé (et j’en fais partie) que le manga qui allait donner lieu à l’adaptation en série d’animation cette année serait la série originale, composée de cinq tomes. Mais on comprend rapidement, grâce à l’introduction du premier épisode et l’utilisation de l’analepse, que cette série est finalement une adaptation de King’s Game Extreme. Écrit par Kanazawa Nobuaki, qui a même donné son propre nom au personnage principal, le manga – et donc l’anime – nous plonge au cœur d’une classe de 32 élèves. Ces derniers vont recevoir des ordres à suivre, signés par le Roi, sous peine de châtiment. Le Jeu du Roi, pour passer de la langue de Shakespeare à celle de Molière, peut commencer.
Évidemment, il paraît bien difficile de prendre au sérieux des ordres reçus par textos, qui peuvent émaner de n’importe quel plaisantin de la classe. Mais ces ordres vont se révéler bien plus sérieux que ce qu’on peut imaginer, ce que les étudiants vont apprendre à leurs dépens. Pour ajouter une tension supplémentaire à ces messages, il est également précisé des règles à suivre, comme dans chaque jeu :
Je vais arrêter là pour le descriptif afin d’éviter d’aller trop loin dans l’histoire, qui avance ses pions très rapidement. Concernant l’adaptation, je la juge fidèle, quant à ce qui a déjà été diffusé. Le pilote n’a pas perdu de temps dans les détails superflus, comme la présentation de la trentaine de personnages, en raison sans nul doute de la faible longévité d’une bonne partie des protagonistes. Avec un rythme rapide, calé sur les planches originales, l’anime enchaîne les scènes d’angoisse tout en accordant un temps nécessaire aux dialogues. L’aspect surnaturel de la série nécessite une compréhension minimale des événements, afin de rendre cohérentes les incohérences. Les morts m’ont ici toujours dérangées car elles ne sont pas vraisemblables de prime abord, mais cela fait partie de l’univers de la série et il faut fermer les yeux et faire une fois de plus preuve de notre chère suspension consentie de l’incrédulité.
Le choix de débuter la série par King’s Game Extreme est un parti pris plutôt intéressant, car il permet de mettre Nobuaki, survivant d’un précédent Jeu du Roi, dans une position d’intrus par rapport à la classe. Cela suscite ainsi un décalage et un inconfort qui peuvent être ressentis par le spectateur. Élément rapporté, il doit convaincre ses camarades de la véracité et de la dangerosité du jeu, tout en passant pour un coupable, comme si son syndrome de culpabilité du survivant n’était pas déjà assez poussé.
Visuellement ce n’est vraiment pas l’extase mais cela reste en adéquation avec le ton général de l’anime. Les changements d’atmosphère sont récurrents et flagrants et reprennent les codes de l’horreur, distillant une ambiance agréable et rassurante en pleine journée, face à une tension pesante au fur et à mesure que les heures passent et que les couleurs s’assombrissent. Ce qui s’accorde avec le scénario, puisque les décès ont lieu une fois la nuit tombée. Le même changement peut également être aperçu sur les visages des personnages : calmes et joyeux la moitié du temps, ils sont capables de vriller en mode Gambling School en un tournemain. Les scènes morbides ne sont pas avares en détails (contrairement aux scènes de la vie quotidienne) et sont fidèles au manga sur l’abondance d’hémoglobine et les manières de mourir carrément trash. C’est ce qui avait manqué au film live finalement, entre autres.
King’s Game The Animation ne sera pas une série marquante de cette année mais elle a le mérite de ne pas se survendre et d’être une bonne adaptation du matériau d’origine, tout en ayant choisi un angle de traitement qui a surpris le plus grand nombre de ceux connaissant déjà les mangas.
Série disponible en simulcast sur Wakanim
Un commentaire
J’avais lu que la série devait être une adaptation « mélangée » reprenant des éléments des deux romans (qui ont servi de base à ces deux séries manga).