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Kure-nai – Le Dit de Shinkurô

Publié le 14/11/2008 par Starrynight dans Dossiers - 5 commentaires

Introduction

Kure-nai est un anime du studio Brains Base sorti en 2008. Ce petit article va s’intéresser à mettre en avant quelques références à la littérature classique japonaise que l’on peut rencontrer au détour des aventures de Shinkurô Kurenai et Murasaki Kuhôin.
L’ensemble de cet article est bien entendu tout-à-fait discutable.

Le Prince et la jeune fille : du Genji à Kurenai

La principale référence remarquable dans Kure-nai est ses multiples allusions et clins d’œil à ce monument de la littérature du Japon qu’est le Dit du Genji (Genji Monogatari). Ce roman a été écrit au tout début du XIème siècle, à l’époque Heian, par une dame de cour appelée Murasaki Shikibu (née en 975 et morte vers 1020). Pour la petite histoire, ce n’est pas son vrai nom, puisque Shikibu était le titre porté par son père à la cour, tandis que Murasaki serait un surnom donné en référence à la principale protagoniste féminine du roman : Dame Murasaki.

C’est d’ailleurs ce personnage qui nous intéresse ici tout particulièrement. En effet, dans le Dit du Genji, Murasaki est enlevée toute jeune sur ordre du Prince Genji qui la recueille, l’élève avec faste et distinction aux bonnes manières en usage à la cour, avant de finalement l’épouser des années plus tard. Quant au Genji, il passe le plus clair de son temps avec les femmes : épouses successives, maîtresses et autres courtisanes.

Or, dans l’anime, la jeune fille prénommée comme par hasard Murasaki est enlevée pour être confiée à Shinkurô qui n’est, lui aussi, quasi entourée que par des femmes. Celui-ci la recueille bon gré, mal gré, lui apprend les habitudes et la conduite à tenir dans le Japon moderne (la jeune fille a jusqu’ici vécu comme coupée du monde). Enfin, presque nonchalamment et moitié en riant, Murasaki annonce à Shinkurô qu’elle compte un jour l’épouser !

Le parallèle est tentant, d’autant plus que les décors concourrent à ce rapprochement. Ainsi, l’intérieur de la maison des Kuhôin est décoré d’immenses fresques anciennes et finement décorées (magnifiquement rendues d’ailleurs dans l’anime) qui rappellent étrangement le style des illustrations du Dit du Genji, peintes des siècles après sa rédaction.

Murasaki, future épouse

La jeune fille ne croit pas si bien dire en parlant de mariage. En effet, sa famille compte l’envoyer dans un édifice particulièrement hermétique de leur gigantesque propriété, appelé « Oku no In », soit littéralement « le Bâtiment du Fond ».

Or, il se trouve qu’en japonais, un des termes couramment utilisés pour désigner une épouse est « Oku-san », ce qu’on pourrait traduire par la « Dame du Fond » avec le même « Oku » que dans « Oku no In ». Ce nom peut paraître étrange, mais autrefois, dans les grandes demeures nipponnes, le bâtiment du fond était réservé à l’épouse en titre (par rapport aux concubines qui étaient logées dans d’autres bâtiments), si bien que celle-ci est devenue « la dame qui habite au fond ».

Murasaki est donc, dans tous les cas, destinée dès son plus jeune âge (elle n’a que 7 ans) à devenir une épouse modèle. Reste à savoir de qui.

Un mot de saison

Mais quittons le Genji et son cortège galant pour prendre des couleurs.

Elles sont en effet bien présentes dans l’anime, bien qu’un peu déguisées.
En premier lieu, Murasaki, est avant tout une plante, le grémil ou herbe aux perles, de couleur violette et donc, par extension, Murasaki désigne également le violet.

De son côté, Kurenai désigne le rouge écarlate ou le pourpre. Le kanji utilisé peut également se prononcer « beni » que l’on retrouve pas très loin, à savoir dans le nom de la commanditaire de Shinkurô, Benika.

On peut peut-être y voir quelques clins d’œil aux haikus, ces poèmes très brefs (17 syllabes normalement, organisées en 5-7-5) qui connaissent un grand succès depuis quelques décennies (les écrivains modernes de haikus pullulent, dans de très nombreuses langues). Une des principales caractéristiques des haikus est la présence d’un mot de saison et « kurenai » en est un courant pour évoquer la couleur que prennent les érables et donc l’automne. « Samidare » qui désigne la pluie de printemps est un autre mot de saison classique et se trouve également être le nom de la résidence où loge Shinkurô.

5 commentaires

1 AngelMJ le 14/11/2008
Merci pour ce petit article très intéressant, on voit que tu t'es renseigné un peu sur le sujet.

Toujours sympa de voir que les japonais aiment parsemer leurs séries de différentes références, c'est enrichissant :)
2 El Nounourso le 14/11/2008
C'est une bonne chose que certains animes / mangas initient les occidentaux à la culture japonaise dite "classique". Ce genre de connaissances est rarement enseigné à l'école...
3 Sirius le 14/11/2008
Sûr. Je me souviens par exemple que la série m'a appris comment faire un vœu le premier jour de l'an.
4 emilie le 14/11/2008
Ah, Le Dit du Genji, il est cité aussi dans City Hunter, c'est là où j'en ai entendu parler pour la première fois, comme quoi..
En tout cas ton rapprochement avec Kure-nai est bien argumenté et intéressant, ça donne envie de rechercher d'autres références.
Ne connaissant pas le dit du Genji, je suis bien content d'avoir mieux compris les références de l'anime.

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