La Mélancolie de Haruhi T1 et T2 – On efface tout et on recommence
Suzumiya Haruhi. Voilà un nom qui provoque bien des émules! Si vous ne connaissez pas Haruhi (vous devez vivre dans une grotte…), je vous rappelle qu’il s’agit d’une des héroïnes les plus adulées dans la sphère otaku. Un succès née de sa prestation plus que performante dans l’anime qui porte son nom et qui l’a élevé au rang de quasi déesse vivante de l’animation.
La folie qui existe autour de ce personnage est plus que palpable et Pika Edition l’a sans doute très vite remarquée. L’éditeur s’est donc empressée d’obtenir les droits de l’adaptation manga de la fameuse série à succès. Cependant, on peut se demander si l’éditeur n’est pas tombée bêtement dans le piège à fans avec cette licence qui pue le marchandising…
Je n’ai jamais été très confiant avec les mangas dont le contenu est le dérivé d’une version animée. Si le voyage dans un sens se fait s’en trop d’encombre, l’inverse donne rarement quelque chose de convaincant. Dans notre cas, il faut plutôt voir ici l’adaptation du roman du même nom. Car ne l’oublions pas : bien avant d’être un anime à succès, La Mélancolie de Suzumiya Haruhi est avant tout un roman. Nous avons d’ailleurs le plaisir d’en découvrir quelques pages à la fin du premier tome. Et c’est là que l’on voit que l’anime n’est pas un succès pour rien. Au delà des qualités visuelles, ce court extrait du roman (20 pages) montre par la qualité de sa narration que cette dernière reste une des grandes forces de l’oeuvre de Nagaru TANIGAWA.
En partant sur ces bases, on se dit que l’adaptation manga a peu de chances de se planter si elle se contente de suivre à la lettre le roman d’origine. Et elle le fait. D’ailleurs, que ce soit le roman, l’anime ou le manga, la trame est exactement la même, les dialogues sont des copiés/collés, bref en chaque situation est identique quelque soit le support. Et là, vous le sentez venir : qu’est ce qui est donc critiquable au niveau du manga? En un mot : le dessin!
Car oui, La Mélancolie de Haruhi est moche. Terriblement moche! Et ce constat est d’autant plus sévère si on a (comme moi) vu la série dans un premier temps. Car ne vous étonnez pas : si c’est bien Noizi ITO qui signe les illustrations des couvertures, c’est Gaku TSUGANO qui est chargée du dessin de l’ensemble du manga. Et l’élève est très loin d’égaler la maîtresse. Pour dire, tous les personnages, sans exception, sont méconnaissables! Difficile d’établir un top, mais la palme est adressée sans aucune hésitation à Kyon. Autant son discours est le même que dans l’anime, autant ses attitudes visuelles détruisent tous le côté sarcastique du personnage. Et Kyon sans sarcasme… c’est plus Kyon! On le voit pages après pages en train de sourire, en mode chibi (Kyon en mode chibi, non mais quelle idée!). On est aux antipodes du personnage présenté dans l’anime, ce qui lui fait perdre tout son intérêt. Du coup, alors qu’il fait office de barrage psychologique à Haruhi dans la série TV, il n’est ici qu’un esclave passif à tous les caprices de la déesse, tête de débile en prime. Sans aucun doute le plus gros loupé de cette version papier.
Et s’il n’y avait que les personnages… Même les décors ne ressemblent à rien. Ils sont vides les 3/4 du temps, la mangaka multipliant les gros plans et les jeux de trames pour éviter de dessiner le moindre morceau de mur. Je ne parlerai même pas des scènes dites d' »actions ». C’est brouillon, sans aucun sens… J’ignore si notre chère Gaku TSUGANO a beaucoup de séries à son actif (ça m’étonnerait…) mais on est ici face à travail que je trouve à la limite de l’amateurisme! Suzumiya ne méritait pas ça, les haruïstes non plus… Comme quoi, ça ne sert à rien d’avoir un bon script si l’on est pas fichu de l’illustrer correctement!
Vous l’aurez compris, même si la trame est respectée, cette version manga des mésaventures de la Brigade SOS ne convaint pas, la faute à un dessin académique et bancal au possible, qui fait honte au travail effectué sur l’anime. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais un miracle inattendu a lieu au court du tome 2, qui laisse encore une chance à Haruhi de mériter sa place sur les étagères.
Car dans notre cas, on peut bien parler d’un miracle. Imaginez un peu : depuis quelques chapitres, vous tentez de suivre les déboires d’Haruhi malgré des dessins moches au possible. Vous êtes à la fin du tome 2 et vous vous dites que ça ne sert à rien de prolonger le calvaire et que le tome 3 ne fera pas parti de vos futures acquisitions. Quand soudain, au chapitre 9, vos yeux ne peuvent échapper au changement : les personnages ressemblent à ceux de l’anime! Et oui, visiblement Gaku TSUGANO a dû se faire harceler par quelques haruïstes chevronnés et décide d’un coup, sans crier gare, de laisser son style sans saveur, et de pomper directement le charadesign de… Noizi ITO! Paradoxal me direz-vous, puisse que le changement apparaît au moment où Haruhi tente de « refaire » le monde, comme si le mangaka avait profité de ce moment charnière pour mettre les compteurs à zéro et partir sur de nouvelles bases. Et si vous ne me croyez pas, je vous laisse jeter un petit coup d’oeil à cette image comparative. C’est plus que flagrant!
Ainsi donc, en à peine un chapitre, cette version papier arrive à palier son plus gros handicap, à savoir le dessin. Kyon ressemble à nouveau à celui de l’anime et son côté sarcastique ressort enfin, Haruhi retrouve son charisme, ainsi que Yuki, Mikuru et les autres… Du coup, voilà un manga qui a bien failli finir au bucher à cause d’un premier tome d’une laideur sans nom. Mais ne crions pas victoire trop vite. Rien ne nous dit que l’auteur va tenir le choc et même si la série affiche 10 tomes aux Japon actuellement, difficile de savoir si cette adaptation va faire honneur au roman dont elle est tirée.
Une chose est sûre en tout cas : cette série est l’exemple parfait pour prouver que les graphismes, malgré tout ce que l’on peut dire sur les goûts et les couleurs, ont une importance plus que considérable. Et que cela ne sert à rien d’avoir le meilleur des scénarios entre les mains si on a pas la capacité pour l’illustrer convenablement. Sur ce, je reste dans les startings blocks pour la sortie du tome 3, afin de savoir une bonne fois pour toute si le dessin était bien le seul frein à mon plaisir de lecture. Car pour le moment, La Mélancolie de Haruhi n’est rien de plus qu’un des ces mangas bas de gamme qui polluent les étalages des libraires. Comme déjà dit, la Brigade de Suzumiya mérite mieux que ça…
Disponible en juillet et septembre 2009 chez Pika Edition. Prix : 6,95 €
Les couvertures proviennent du site de Pika Edition
11 commentaires
Sur le reste, j'ai du mal à imaginer qu'un manga sur cette licence puisse tenir plus de 10 tomes, ça me surprend un peu.
Ca donne pas envie en tout cas !
@ beber
Oui, moi non plus, ca me donne pas envie...
En fait, je pense commencer l'anime mais j'ai peur d'être déçu par la saison 2 -_-
C'est même plus que FALGRANT ! :)
Je ne dirais rien sur ces tomes, j'aime pas Haruhi.
Sinon, voilà la faute. :p
Autant j'ai lu du bien de la saison 1, autant beaucoup disent le contraire de la saison 2...
J'espérais au moins que le manga rattraperait tout ca, mais non, encore une autre déception.
Fu fu fu. Des Out Of Character comme celui de l'extorsion informatique, des dévoilements dénaturés qui cassent les effets de surprise comme le rythme... non la trame n'est pas la même.
Dans les chapitres originaux c'est bien, tant mieux. Dans les chapitres adaptés du roman, ces modifs enlèvent plus qu'elles n'apportent et sont donc malvenues.
Faux. Noizi Ito est crédité comme character designer et illustratice du roman original. Elle n'a pas fait les couvertures de ce manga.
Et enfin,
Ce changement apparait dans ce chapitre car la date de sortie de celui-ci correspond à la sortie de l'anime. Le manga, publié à partir de 2005 au japon en était tout simplement là en 2006 quand l'explosion haruhiiste s'est produite. Tsugano a donc naturellement essayé de coller au style de l'anime et non de Noizi Ito.
Désolé d'émousser ta théorie.
Pour moi, le dessin est un reproche que l'on peut effectivement faire à ce manga (qui pourrait le nier ?) mais il est loin d'être le seul, ni même le premier.
Sur-ce je retourne plancher sur le tome 4...
Sinon, je trouve effectivement les dessins laids, et ce n'est pas le seul mauvais point, les actions se déroulent trop rapidement. Bref, beau plantage... j'attends néanmoins de voir ce qu'il en est du tome 3.
Concernant ta remarque sur les simitudes, le peu que j'ai vu/lu été très similaire jusqu'à présent. Après bien sûr, je compte me pencher sur le roman sous peu donc les différences seront donc plus flagrantes.
Pour le reste, j'ignorais totalement que ce manga était sorti avant l'anime. Pour dire, je n'en avais jamais entendu parlé jusqu'à l'apercevoir sur le stand de Pika.
Il faut savoir aussi que je suis quelqu'un qui ne lit et ne voit quasiment que des séries licenciées. Donc si je suis la chronologie des sorties en France, l'anime est apparu avant. De plus, je suis sûr que 90% des personnes connaissent cette série grâce à l'anime et que donc il souffrira forcément de la comparaison.
Cependant, tes remarques me permettront sans aucun doute de lire le roman et le tome 03 avec un autre regard. Je t'en remercie d'avance.
Donc affaire a suivre, faut voir comment il adapte les différentes parties des 10 romans, mais y a de la matière pour qu'il puisse s'améliorer, autant en dessin (a force de pratiqué...) que de l'imagination d'histoire parallèles!
Ça m'avait fait la même chose avec Monster : en lisant le manga, j'avais l'impression de lire le storyboard de l'anime...pas génial...