La Mélancolie de Haruhi T3 à T5 – Haruhi s’ennuie… et le lecteur aussi
Série ayant débuté durant l’été 2009, La Mélancolie de Haruhi ne m’avait pas réellement convaincu après 2 tomes plus que moyens (pour un retour dans le passé sans l’aide de Mikuru, cliquez ici). Alors que je suis un fan de la première heure de la version animée (même si je n’ai pas encore pris le temps de voir la 2e saison…), cette version manga du roman de Nagaru TANIGAWA n’avait clairement rien pour plaire au lecteur exigeant que je suis devenu. Pour autant, n’étant pas du genre à rester sur des a priori négatifs, j’ai choisi de laisser sa chance au manga de Gaku TSUGANO et ai poussé la lecture un peu plus loin. Trois tomes plus tard, on ne peut pas dire que la série ait réussi le pari de me faire dire du bien d’elle, même si je vais tenter d’être le plus précis possible.
Cela fait désormais 5 tomes que nous suivons les aventures plus ou moins mouvementées de la Brigade SOS, gouvernée par la terrible Haruhi Suzumiya, accessoirement déesse de l’univers… En terme de scénario, la première saison est largement dépassée. Le lecteur découvre donc des passages totalement inédits que seuls les lecteurs du roman ont pu découvrir pour le moment (ou dans la 2e saison sans doute…). C’est alors qu’une triste réalité se révèle à moi lorsque je ferme le tome 5 : La Mélancolie de Haruhi, c’est chiant.
Quoi ?! Comment ?! Les aventures de Haruhi chiantes ? Oui mesdames et messieurs. J’ignore comment la 1ère saison de la série TV a réussi à camoufler ce fait : le quotidien de la Brigade SOS est d’un ennui mortel. Si avant j’aurais qualifié ce manga de série SF, force est d’admettre que l’on est finalement face à une série slice of life. Que les fans me pardonnent si vous voyez en ce terme une insulte à l’illustre histoire de Nagaru TANIGAWA, mais les faits sont là. Ainsi, chapitres après chapitres, nous observons la Brigade s’agiter pour un seul objectif : empêcher que Haruhi ne s’ennuie, au risque de voir le monde détruit par la jeune déesse capricieuse.
Pourtant, les auteurs tentent différentes manières d’aborder le problème. On a donc droit à des voyages dans le temps, des compétitions sportives, des vacances sur des îles désertes, le tournage d’un film…
Bref, si la forme varie, la finalité reste toujours la même. En cela, le scénario commence déjà à beaucoup tourner en rond et on se demande le pourquoi de tout ce cirque. Le plus regrettable est sans doute le peu d’évolution des personnages. Chacun se cantonne à son rôle, les sentiments et les situations ne bougent pas beaucoup, bref il ne se passe rien.
Alors certes, nous n’en sommes qu’au 5e tome et la série a déjà passé la barre des 10 tomes au Japon. Mais malgré tout, on ne peut qu’être déçu par un tel étalage de banalité, et ce n’est pas le ton sarcastique de la narration qui va changer quoi que ce soit.
J’ignore s’il s’agit d’un défaut de l’œuvre d’originale ou d’une très mauvaise mise en application au format manga. Toujours est-il qu’à ce jour, La Mélancolie de Haruhi n’est pas du tout captivant à lire. Et le pire, c’est que les autres aspects de la série ne parviennent pas non plus à la valoriser, à savoir l’éternel problème des dessins, problème déjà soulevé lors de mon premier article.
Rappelez vous : j’avais constaté avec aigreur que les dessins des 2 premiers tomes étaient d’une laideur sans nom, indigne d’une série de cet acabit. Un petit miracle s’était opéré à la fin du tome 2 avec un changement radical du charadesign. En effet, Gaku TSUGANO choisit à partir de là de coller au charadesign de la série TV, sortie à peu près au même moment que le dernier chapitre du fameux tome 2 (en tout cas, d’après ce que j’ai compris…).
Jusqu’ici, pas de problème. Je suis personnellement fan du chara-design de l’anime et face au style sans saveur de TSUGANO (c’est un peu violent dit comme ça, mais c’est la vérité), ce choix était clairement le meilleur à faire. Sauf que… cela ne marche pas aussi bien que je l’aurais espéré. Si l’illusion passe plutôt bien dans le tome 3 et 4, des tentatives de rechutes sont visibles à partir du tome 5, avec le retour des chibis monstrueux et des têtes mal fichues. Alors, je comprends qu’il n’est pas toujours facile de dessiner avec un trait qui n’est pas le nôtre à l’origine. Mais bon sang ! On est quand même en droit à un minimum de qualité graphique, surtout pour un manga distribué dans le circuit professionnel. Car quand je vois des choses comme ça ou encore ça, j’ai quand même le droit d’en avoir pour mon argent.
Malheureusement pour la mangaka, la lecture de ces tomes supplémentaires a mis en relief bien d’autres aspects négatifs autre que le chara-design. En fait, le problème va beaucoup plus loin que ça. La Mélancolie de Haruhi pêche sur de nombreux plans graphiques, que ce soit au niveau de la mise en page, des cadrages et même dans l’utilisation des trames. J’en reviens à dire que ce manga donne plus l’impression d’être réalisé par un amateur que par une mangaka professionnelle. L’ensemble manque beaucoup trop d’audace dans sa mise en scène. Les décors sont souvent vides et l’auteur utilise beaucoup les gros plans pour palier ce manque. Le problème étant que le charadesign n’est pas complètement maîtrisé, on ne peut pas dire que le lecteur soit vraiment gagnant dans l’histoire.
A côté de cela, la mise en scène manque de punch et comme dit plus haut, d’audace. Les cadrages sont classiques, sans génie, ne donnant aucune dimension aux scènes illustrées. De nouveau on s’ennuie car au fil des pages, rien ne vient titiller notre rétine ou nous émouvoir. Ca n’a l’air de rien comme ça, mais croyez moi, au bout de 5 tomes, cela devient tellement visible que ça en est désagréable.
Finalement, Le Mélancolie de Haruhi est un manga qui ne procure pour le moment qu’un sentiment d’ennui profond. J’ignore encore à ce jour s’il s’agit d’une impression due aux dessins maladroits ou à un scénario mollasson à l’origine, mais toujours est-il que le manga de Gaku TSUGANO ne dégage absolument rien et que s’il n’était pas estampé « Haruhi Suzumiya », on peut être sûr qu’il aurait déjà sombré dans la masse comme n’importe quel manga bas de gamme. Et c’est malheureusement une réalité bien difficile à accepter : Haruhi est un manga bas de gamme, sans identité propre et sans qualité particulière. Le temps nous dira si la série arrive à sortir un peu du lot (ben oui, je vais continuer à la suivre, j’aime pas abandonner les séries que j’achète…) et soyez sûr que je serais le premier à en dire du bien. Mais pour le moment, c’est un ratage complet pour la brigade SOS.
Dernier tome sorti en Mars 2010 chez Pika Edition. Prix : 6,95 €
Les couvertures proviennent du site de Pika Edition
5 commentaires
Je ne suis pas vraiment surpris de tes conclusions, ce manga m'est immédiatement apparu comme cheap et tout à fait dispensable...
Ma motivation vient d'en prendre un coup. T_T
"Sauvez mon manga", en fait c'est exactement ce que nous essayons de faire, en faisant en sorte que la traduction elle, soit au moins de bonne qualité (c'est la seule chose sur laquelle nous pouvons agir). Car, qu'on le veuille ou non, c'est le support qui se vend le mieux et qui donc file un réel poids à la série. Il est "moteur" de la licence en France vis à vis des ayants droits (contrairement au roman -_-) et ce malgré sa médiocrité.
Ton article me dérange dans la mesure ou tu tombes dans le panneau et tu énonces des généralités (heureusement nuancées) sur la série à partir du seul support manga.
La première saison n'a pas camouflé ce fait, elle a au contraire consacré un épisode entier à montrer cet état de fait. C'est l'épisode 9-XIV : Someday in the rain.
Ce qui se passe le reste du temps n'est pas le "quotidien" de la brigade, ce sont seulement les évènements "sortant de l'ordinaire" qui sont contés, et ils n'ont rien de particulièrement ennuyeux ou lassants. C'est la mise en forme du manga qui produit cette impression, exactement comme c'est la mise en forme que KyoAni a appliqué à Endless Eight qui le rend lassant alors qu'il ne l'étais pas dans l'original (sauf que là c'était volontaire, contrairement à ce que fait Tsugano).
Le gros point noir de ce manga, plus que le dessin, c'est bel et bien la narration dans son ensemble. C'est le point fort du LN et de l'anime, et le manga ne lui rend pas justice, en en supprimant toute la dynamique, l'audace et l'originalité. Pire, Tsugano fait des tentatives de teasing maladroites et peu maîtrisées qui révèlent par avance des points qui auraient du péter à la gueule du lecteur et le surprendre. Ca donne un manga d'une linéarité affligeante alors que justement la série qu'il est censé adapter partait au contraire dans tous les sens.
Ce n'est donc pas l'anime qui a masqué le manque de contenu mais bien le manga qui ne sait pas mettre ce contenu en valeur. En outre, les passages "inédits" au manga n'apportent en réalité pas grand chose au scénario général et ne font que renforcer l'impression de vacuité.
Cet objectif est l'objectif de départ de la Brigade SOS. Cela étant, il ne s'agit pas seulement d'empêcher qu'elle s'ennuie, mais aussi d'empêcher, paradoxalement qu'elle ne s'amuse "trop" et emporte le monde dans ses délires. Il y a un équilibre à trouver entre les deux, tout n'est donc pas si simple que ça.
Mais plus important, cet objectif n'est pas le seul et unique sujet de tous les chapitres de la série. Sasa no... euh... Rhapsodie des Feuilles de Bambou, par exemple, a un objectif bien plus vaste et plus recherché, que je ne dévoilerai pas ici, mais qui n'a rien a voir avec l'ennui ou non de Haruhi.
Pour ce qui est du design, vous n'êtes pas au bout de vos peines, puisque le tome 7 (celui sur lequel je suis en ce moment) opère un autre changement de chardesign, vers un 3eme style qui n'est pas celui de départ ni celui des tomes 3 à 6 (et qui ne sera pas non plus définitif). Celui-ci pourra plaire à certains comme en rebuter d'autres, je ne sais pas. De toute façon je ne pense pas que quiconque aurait encore idé de lire cette série pour ses aspects graphiques.
Ce tome 7 contient Le jour du Sagittaire et le début de La Disparition. Aussi je te conseille vivement de différer ton achat de la série à partir de ce tome et d'attendre d'avoir vu le film ou d'avoir lu le tome 4 du roman en anglais avant de t'y pencher. Parce qu'il serait dommage de se gâcher la meilleure partie de la série en l'abordant par le manga.
Dans l'ensemble, je vois quand même que l'on tombe d'accord sur pas mal de points, et plus précisément sur la qualité médiocre de ce manga. Si même vous, les fans vous le remarquaient, c'est que je n'ai pas encore perdu tout mon sens de l'analyse.
Concernant tes remarques, elles sont nombreuses et j'aimerais les reprendre en détails :
En même temps, j'écris une chronique sur le manga, pas sur la série dans son intégralité tout support confondu (pour ça, il y a déjà du dossier sur le webzine...). Je comprends que cela puisse te déranger car tu connais (et moi aussi dans une certaine mesure) le véritable potentiel de cette oeuvre. C'est d'ailleurs un peu l'objectif de l'article : dire que si on veut découvrir l'univers de Haruhi, mieux vaut éviter le manga, en tout cas pour le moment...
On est d'accord. Je pense avec 5 tomes dans les pattes que c'est clairement le plus gros défaut du manga hormis les dessins. Ma réflexion sur l'histoire d'origine est limite un troll mais force d'admettre que la piètre qualité de mise en scène du manga peut installer le doute. Car de toute façon, je ne me suis ennuyé à aucun moment devant la saison 1 (ni même devant "Someday in the rain" que j'ai beaucoup aimé)
C'est sans doute vrai, même si pour le moment au point où j'en suis, ça reste quand même plus de l'occupation que de la modération d'Haruhi. Hormis les évènements sportifs, la brigade SOS place plus son temps à divertir Haruhi que la contenir, mais la tendance va sans doute s'équilibrer au fil des tomes je pense...
Tu me fais peur... tu aurais des liens?
J'en prends note, même si le tome 7 n'est quand même pas pour tout de suite... Le film est prévu quand? Et au passage, la saison 2 couvre t'elle déjà ce qui se passe dans le manga (oui, toujours pas osé la voir, la trouille de Endless Eight et de la K-onisation...)?
Mais merci pour tes remarques, sache que j'en tiens compte depuis début malgré tout ce que je peux dire, et des clés de compréhension ne sont jamais en surplus. Bonne chance en tout cas pour la suite.
(photos prises à l'arrache sur mes tomes 8 et 9)
Évidemment, ça c'est quand c'est joli. Y'a des moments ou le style du début de Tsugano refait surface, comme dans une image qu'avait pris Exelen comparant le manga et le film
Le film, il est sorti le 6 février 2010 au Japon. Il n'y a pour le moment aucun moyen de le voir dans des conditions convenables, car les DVD / BR ne sont pas encore sortis. De toute façon, pour le comprendre il faut avoir vu Haruhi 2009.
Enfin, ce que tu as lu du manga te suffira.... vu qu'en effet, Haruhi2009 ne contient que Rapsodie, Endless Eight et Les Soupirs de Haruhi Suzumiya (dont tu n'as lu que le début mais qui finira dans le tome 6 du manga).
Donc oui, en effet, cet anime est "couvert" par le manga (ou presque), mais néanmoins il est tout de même conseillé de le regarder en anime avant le film, tant le manga ne permet pas de s'immerger dans l'intrigue, en particulier pour Rhapsodie.
Pour ce qui est de E8, je ne saurais faire de pronostic sur une possible réaction de ta part, tant celles du public sont diverses. En tout cas ce n'est pas à regarder comme une adaptation fidèle du roman mais plus comme une expérience de KyoAni, qu'on peut apprécier ou pas mais dont on est bien obligé de reconnaitre l'audace et la prise de risque.
Le roman US en est à 2 volumes (Mélancolie et Soupirs), le 3eme sort dans quelques semaines. Le tome 4 qui nous intéresse sera probablement disponible vers la fin de l'année voire début 2011.
Bien sûr, tout ça n'a pas encore de date prévue en France, et donc le public français "de base" découvrira cet arc avec le manga que j'ai sur mon bureau en attente de correction (pas de pression...)
Pour le reste : J'avais bien compris que tu ne pensais pas vraiment que le manga donnait une idée fidèle de la dynamique du roman, mais ce n'est peut être pas le cas de tout le monde, d'où ma remarque, et le fait que je sois rassuré par tes propos nuancés.
Cela étant, il ne faut pas croire non plus que le LN est une merveille exempt de défauts. Il y a des endroits où la narration faiblit même dans les romans, comme par exemple au début des Soupirs (on le sent d'ailleurs dans l'anime correspondant) ou pendant les Intrigues (tome 7 du LN non encore adapté en manga ou anime). Cependant c'est largement plus prenant dans son ensemble tout de même.
Merci de considérer mon avis et mes interventions avec tant d'intérêt.
Je ne sais pas si c'est vraiment une bonne chose, vu que j'ai un peu l'impression d'imposer une espèce d'uniformisation des avis sur la série, mais en tout cas c'est "gratifiant".
Surtout ne te sens pas obligé d'adhérer à tout ce que je raconte (~s'pas, Trit ?), et ne perds pas ta propre vision des choses.
Etre fan, ce n'est pas forcément être aveugle ; et effectivement, sur le manga, il nous serait difficile de ne pas tomber d'accord quant à sa médiocrité tant ce constat s'avère malheureusement évident.
Alors bon, va quand même falloir que je matte la saison 2 du coup, que je me fasse mon propre avis, et puis surtout en attendant le film.
Aucun risque, t'inquiètes pas. Mais j'aime entendre l'avis des autres, cela permet toujours d'avoir un autre regard que les siens sur les choses que l'on fait ;)