Le Sanglot des Cigales, en Visual Novel !
A la suite de la sortie de la version française du visual novel Higurashi no Naku Koro ni (Le Sanglot des Cigales), son traducteur, principalement connu sous le pseudo de pbsaffran, nous fait l’honneur d’être notre invité le temps d’un article sur le webzine et revient sur le parcours du combattant qu’il a emprunté jusqu’à atteindre son objectif.
Certains d’entre vous en ont sûrement déjà entendu parler, puisqu’un stand consacré au Sanglot des Cigales était présent à la Chibi Japan Expo 2009. Les deux premières parties du jeu (sur huit) étaient disponibles à la CJE à 20€ la paire. Un prix plus qu’abordable par rapport aux habituels autres jeux du genre. Cela en grande partie grâce aux efforts de pbsaffran et à l’absence du prix de l’exportation.
L’équipe Anime-Kun
Il y a des jeux qui restent en mémoire dans la vie d’un gamer : l’initiateur, le premier reçu en cadeau, le premier acheté avec ses propres sous, les déceptions, les agréables surprises, et surtout les gros coups de cœur. Je pourrais vous parler des heures de certains grands classiques injustement oubliés, mais aujourd’hui, je préfère vous parler du premier visual novel à sortir dans toutes les bonnes crèmeries de France et de Navarre : le Sanglot des Cigales.
Nous sommes en octobre 2006 et je viens de travailler sur un gros hit pour le compte de Nintendo. Je prends quelques semaines de repos, pendant lesquelles on me dit de combler mes lacunes en anime et de regarder Higurashi no naku koro ni et fissa sinon !!! Mais finalement je préfère commencer par le jeu qui sert de base à la série. Et là, c’est le drame.
J’ai toujours été un lecteur qui se négligeait, mais les centaines de pages du premier opus sont passés comme une lettre à la Poste. Le second m’a vraiment fait flipper, le troisième m’a perturbé, et le quatrième m’a laissé comme deux ronds de flan. Et je n’en étais qu’au milieu ! Cette histoire m’a complètement fasciné et j’ai commencé à en parler autour de moi – en vain évidemment, n’ayant que très peu d’amis qui sachent à la fois lire le japonais couramment et ayant du temps à consacrer à ces jeux. Le résultat a été sans appel : pendant plusieurs mois, il était de bon goût de me dire de bosser un peu pendant mon temps libre et de traduire le jeu moi-même. C’était une private joke, mes amis ne disaient pas ça sérieusement. Et puis un jour, je l’ai fait.
Alors évidemment, tout ne s’est pas fait en un jour. Il a fallu analyser Nscripter, qui ne travaille pas avec autre chose que du japonais. Il a fallu bidouiller avec des programmes pas encore au point pour avoir un ersatz de traduction – le français sans accents n’étant pas vraiment satisfaisant. Et puis après des mois de bricolage, enfin, le premier moteur qui tourne avec un script en unicode. Et ensuite, les longues heures passées à traduire. À corriger. Puis à vérifier, à implémenter, à relire, faire relire, recorriger, reformuler. Subjonctif ou pas de subjonctif ? Mot japonais ou équivalent français ?
Mais tout ceci n’était que le début des problèmes. Car une fois que la version est prête, il faut encore l’apporter au public. Alors bien sûr, il y a Rapidshare et d’autres. Mais comment rester honnête vis-à-vis de l’auteur, et surtout comment faire pour que cette version française atterrisse dans les mains d’un public « normal » en France ? Un public pas forcément otaku, un public qui simplement a appris (entre autres) à lire à l’école et qui aime ça. Un public qui ne peut pas forcément régler ses petits plantages Windows tout seul, bref un public qui soit réellement différent des 200 pelés en France qui connaissent l’existence de ce genre de jeux. Il fallait pouvoir sortir cela officiellement.
Et pourtant aujourd’hui, le jeu existe. Il a fallu batailler sur tout, sur le distributeur, sur les musiques, sur les droits. Il a fallu y aller au culot et au feu sacré. Mais le jeu est sorti en français, et enfin je peux le faire découvrir aux autres.
Alors oui, cela ne ressemble pas à de la Xbox 360. N’espérez pas voir des morceaux de bravoure avec la caméra ou des séquences de 3D démentielle en 60 fps. Vous êtes ici pour lire, mais la lecture vaut largement le coup.
Vous êtes Keiichi Maebara, un jeune garçon de 14 ans fraîchement débarqué de Tokyo dans cette zone rurale et montagnarde. Les gens sont sympathiques et avenants, le village, paisible. Mais un jour, vous découvrez de vieux journaux à la décharge, et après cela, plus rien n’est vraiment comme avant…
Le jeu s’installe presque automatiquement, on navigue dans les menus à la souris et le texte se laisse défiler soit au clavier, soit à la souris – j’ai une préférence pour le clavier, mais cela n’engage que moi. Chaque chapitre correspond à une journée dans l’histoire, plus ou moins – la lecture d’un chapitre complet débloque quelques indices et vous mène à un menu où vous pourrez sauvegarder. À noter qu’un simple clic droit (ou une pression sur Echap) vous donne aussi accès à un menu qui permet entre autres de sauvegarder votre progression.
Le système d’indices consiste en l’ajout de petites scènes de la vie courante qui n’ont pas forcément de rapport direct avec l’unité de temps du récit et qui réellement peuvent vous aiguiller sur la piste du ou des méchants de l’histoire. C’est un gros plus par rapport au dessin animé sorti dans nos vertes contrées il y a quelques années et qui mettait l’accent sur le côté horreur de l’histoire – un côté somme toute pas si important dans le jeu vidéo, qui s’efforce d’étoffer le quotidien des personnages principaux et qui met l’accent sur le malaise et sur la transition entre la vie paisible et le SERIOUS BUSINESS.
Bref, vous l’aurez compris, la lecture du jeu est une plus ou moins longue descente aux enfers sur laquelle vous pourrez vous triturer les méninges si vous le souhaitez – les plus fainéants d’entre vous par contre peuvent simplement attendre la traduction des tomes 5 à 8, qui leur apporteront les réponses directement sur un plateau d’argent.
Une mise en garde toutefois : le texte est quand même ardu et vos amies s’en donnent à cœur joie pour vous chambrer – et vous le leur rendez bien. Et si vous êtes un peu sensible sur les détails gores, faites attention aussi…
Article rédigé par pbsaffran
Envie de vous procurer le visual novel ? Deux options s’offrent à vous. Il faudra soit entrer directement en contact avec pbsaffran (via sa chaîne Youtube) pour vous procurer un exemplaire, soit inspecter méticuleusement certains sites de vente sur le net qui commencent posément à le distribuer.
Reste maintenant à savoir si ce jeu réussira à dépasser la sphère du monde otaque.
Encore bravo à pbsaffran pour le travail conséquent abattu pour offrir aux passionnés et amateurs un visual novel fait avec sérieux et détermination. Nous lui souhaitons évidemment une bonne continuation en espérant voir paraître les six derniers volets de la saga, traduits eux aussi.
L’équipe d’Anime-Kun
21 commentaires
J'étais déjà au courant mais j'espère qu'il continuera tout cela et qu'il pourra espérer faire aussi Umineko et que les VNs sortiront peu à peu chez nous. :)
Par contre, je n'arrive pas à lire la vidéo, elle se charge indéfiniment :)
Me reste plus qu’a rejoindre le probable flot de flood de volontés d’achat que pbsaffran risque de subir. :p
J'ai pas ce problème :)
Merci à pbsaffran, on voit que ça n'a pas été une partie de plaisir de faire sortir le jeu en France.
Beau travail
Ca n'a visiblement pas été facile, exigeant beaucoup de détermination pour mener ce projet à bien malgré les embûches, mais aujourd'hui le résultat est là et c'est déjà une récompense.
Encore une fois, chapeau !
Je ne suis donc pas fan d'achat en ligne.
Auriez vous une adresse exacte d'un magasin où je pourrais acheter ce VN sur Paris ou Rennes ?
Sinon à Rennes, je suis pas trop au courant. Il y avait pas un magasin qui s'appelle Japanime ou un truc du genre ? Cela fait si longtemps, il a peut-être fermé...
Il y en a un plutôt sympa qui a essayé de faire pas mal de recherche mais sans succès.
Pour résumer ils veulent bien en commander mais ils ne savent pas à qui contacter pour se fournir.
Mais bon, c'est gentil d'avoir essayé !
J'espère juste que les ventes deviendront suffisantes pour que l'auteur resigne l'année prochaine... (parce que finir la trad des 8 romans avant Novembre 2010, ça va pas être possible...)
Il a cherché l'éditeur sur les images de la jaquette mais ça n'a mené nulle part.
De plus sur un site belge il était marqué qu'il n'était disponible qu'en janvier et il en a conclut que si ses fournisseurs avec lesquels ils travaillent ne lui en avait pas parlé c'était peut être parce que le produit n'était pas encore disponible.
Moi aussi j'espère que ça marchera car je m'en voudrais d'avoir acheté le début et de ne pas connaitre la suite...
Le sanglot des cigales manque de publicité.
Je pense qu'il ne faut pas négliger les magasins physiques de manga et d'anime.
J'en ai fait 3 et personne ne savait de quoi je parlais.
Comme c'est un produit différent des manga et des anime, ils ne penseront pas à commander ce genre d'article.
Bon en fait j'aimerais bien me procurer l'article et essayer ne me suffit pas.
J'ai l'impression que si je passe directement par toi, le produit me reviendra moins cher car il y aura moins d'intermédiaire.
D'un autre côté en insistant auprès du revendeur qui est partant pour en récupérer, les ventes augmenteront et j'aurais plus de chance au final d'obtenir également la suite.
En tout cas bravo pour, ton initiative, ton travail et ton courage pour la suite.
J'espère que tu pourras sortir les suites de manières régulières.
Le problème, c'est que personne ne veut se mouiller. Personne ne sait si le produit marchera ou non, c'est un pari à double tranchant.
Quant aux magasins qui ne connaissent pas, d'un côté, il y'a la pub qui n'a pas été faite, mais de l'autre, apparemment, tu étais la première personne à leur demander, donc on revient au même problème : est-ce vendable ?
Alors, pour info, à ce que j'ai vu, les magasins qui le proposaient ont tous été en rupture de stock, dont moi (mais j'ai refais un stock), mais les quantités disponibles ne se chiffraient pas en milliers non plus.
Pour moi, dans ces cas là, la meilleure solution reste le bouche à oreille via l'intermédiaire des blogs, et la encore, ça reste limité, il est vrai que des plates formes types amazon seraient le top, ou alors, les sites d'informations d'animes...
[…] Ayant connu ses heures de gloire à la fin des années 2000 avec la première saison de Higurashi no Naku Koro ni, la licence a poursuivi sa présence médiatique à travers la seconde saison, Kai, et plusieurs OAV plus ou moins réussis : Kira, Kaku et Rei. Et même des films live sur lesquels nous n’allons pas franchement nous attarder. Originellement adapté d’un visual novel (démo téléchargeable ici), Higurashi no Naku Koro ni a également eu un bon succès en France dans la sphère otaku, grâce à la traduction française réalisée par PBsafran / Pierre Bancov, qu’il était possible de croiser dans de nombreuses conventions à l’époque et nous ayant même accordé un interview sur le webzine. […]