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Les yakuzas et les jeux de hasard dans les animes

Publié le 07/04/2009 par dans Dossiers - 8 commentaires

Autant les animes évoquant largement les yakuzas sont déjà une petite minorité au sein de l’univers japanime, autant ceux traitant des jeux de hasard se font encore plus rares. Ceci l’est donc encore plus de trouver une série mélangeant les deux thèmes, et cela, sous l’une des formes les plus parfaites qu’il puisse être possible.

Deux récents animes ont comblé le vide de bien belle manière. Il s’agit de Gyakkyou Burai Kaiji et d’Akagi ; deux séries très proches dans leur design et leur scénarii.
Laissons ici le design de côté, en faire une analyse pourrait être utile mais c’est là un autre aspect de l’anime qui nous intéresse : l’aspect psychologique. Car ces deux animes ne font ni plus ni moins que maltraiter constamment les nerfs des spectateurs. Le contexte et surtout l’environnement dans lequel ceux-ci se déroulent en sont grandement la cause puisqu’il s’agit tout bonnement d’un environnement de yakuzas, celui de la mafia japonaise. Prétexte pour donner une impression de grandeur et une satisfaction perverse, l’anime se base dans un premier temps sur cette classe sociale pour faire son show. Que ce soit par des moyens glauques, comiques ou à l’inverse bigrement dramatiques, le spectacle est là. Avouons tout de même que celui-ci reste l’une des meilleures solutions pour faire accrocher le spectateur et rendre l’histoire plus que captivante en l’enrobant de diverses manières que ce soit.

Oeil pour oeil, nez pour nez

Il faut avant tout savoir que Kaiji et Akagi sont adaptés des mangas du même nom, et sont tout deux du même auteur, à savoir Nobuyuki FUKUMOTO. Pour ce qui est des animes en particulier, le seiyu d’Akagi, Masato HAGIWARA, est également celui de Kaiji. On retrouve dans le même temps le même réalisateur et le même scénariste pour les deux séries, respectivement Yuzo SATO et Hideo TAKAYASHI.

Prenons Kaiji tout d’abord. Cet anime nous narre l’histoire de personnes endettées (exclusivement des hommes, dont Kaiji lui-même) qui se voient offerte la possibilité d’éponger la totalité de leurs dettes en une seule nuit, voire de repartir avec une grande somme d’argent, grâce à des séances de jeux de hasard. Toutefois, c’est la loi du quitte ou double qui régit ici, de sorte que les dettes de base peuvent aussi se voir multipliées.
Interviennent alors les yakuzas – ou simplement des hommes fortunés au départ de la série – pour « gérer » le bon déroulement du jeu. Mais ces quelques lignes ne résument pas la totalité de l’anime, bien au contraire, d’autres jeux de hasard et psychologiques suivront ce premier palier en route vers la démence.
Pour décrire le personnage de Kaiji, un seul mot semble lui convenir au début de l’anime, c’est sa naïveté. Dans un milieu ayant comme thèmes l’argent, les yakuzas et la compétition, difficile de tenir bon avec ce principal trait de caractère. Sans devenir machiavélique, Kaiji arrivera pourtant par la suite à faire preuve de déduction et surtout de tactique. Même si tactique et jeux de hasard ne font pas forcément bon ménage.

Dans Akagi, le contexte est peu mais toutefois différent. Soucieux de trouver une planque après des exploits d’une nuit, Akagi fait irruption dans un repaire mafieux où se déroule une partie de Mahjong entre le maître des lieux et un homme –encore- endetté ou en tout cas, ayant des comptes à régler. Akagi, au contraire de Kaiji, ne laisse transparaitre aucun sentiment, aucun ressenti sur ses actions ou ses pensées. Il apparait dès le début sûr de lui et dispose d’une capacité hors du commun pour analyser les défaillances de ses adversaires, ce qui est en fait un joueur de Mahjong redoutable. Le mahjong ne s’appuie pas -instinctivement- sur le jeu en lui-même, mais sur toute l’atmosphère ambiante et le comportement des joueurs, situation particulièrement favorable à Akagi.

Ma vie contre de l’argent

J’arrête ici ces présentations avant que le reste ne devienne hors sujet.
Dans les deux cas, chaque protagoniste met à un moment ou un autre sa vie en jeu. Mais pas seulement sa vie, vis-à-vis de l’argent à gagner ou perdre, mais plutôt au sens strict du terme, et c’est là que l’aspect glauque entre dans la partie. Contre une importante somme d’argent, Kaiji et Akagi mettront leur corps en jeu: doigts prêts à être coupés, corps vidé de son sang jusqu’à la mort, chute mortelle du haut d’un immeuble, etc.


Evidemment, le terme de la mafia n’est jamais avoué mais il se devine ostensiblement et doit rester dans le non-dit. Plusieurs éléments rendent ce déni flagrant et en premier lieu, celui dont découlent d’autres faits aggravants, la présence de l’argent. Mais une présence outrancière, inimaginable pour les personnages principaux et les autres participants à ces jeux morbides.
L’argent est la représentation de la puissance des yakuzas. Sa place n’est pas importante, elle est primordiale. C’est dans Kaiji où l’exemple des effets de cette puissance s’en trouve le plus évident. Nous sommes face à la vacuité des vies humaines dans un monde, une société, qui se veut réaliste comme le montrent certains éléments au cours de l’anime. Tout s’achète, et en particulier ce qu’on pourrait penser à l’abri de l’argent. Tout s’achète et tout n’est que jeu à travers les jeux de hasard qui ne sont ici que le reflet de l’inconscience humaine. Inconscience d’ailleurs des deux côtés : inconscience de parier sur des vies humaines et inconscience de risquer la sienne au bon vouloir des instances dominatrices de l’ombre.
Mais qui domine de l’homme puissant et riche ou de la richesse sur ce même homme ? Kaiji, Akagi et leurs comparses sont-ils autant des marionnettes aux mains des yakuzas que les yakuzas le sont eux-mêmes auprès de leurs richesses ?

L’importance de masquer ses propres sentiments est en outre un aspect primordial que l’on voit à travers les épisodes. Quand on compare les deux cas, celui de Kaiji, et celui d’Akagi, on remarque que le premier montre son ressenti au fil du « jeu », ou en tout cas ne peut pas s’empêcher de le masquer, contrairement au second. Les deux fins bien différentes en montrent les conséquences, aussi désastreuses ou bénéfiques soient-elles.

Morales et glauque attitude

Par le biais des yakuzas, Akagi comme Kaiji sont deux animes misant beaucoup sur le suspense. Cela au même titre que la critique ouverte et flagrante de la société, attrayant à cette ambiance toute particulière. Mais ce qui fait ce suspense est avant tout cet univers se voulant réaliste. Univers dans lequel les personnages vont alors miser leur intégrité physique et leur vie. Toutes les actions passent par la tension reposant sur les épaules de nos deux personnages principaux. Le public peut s’identifier aussi bien à Kaiji, pour le prendre en exemple, qu’à son ennemi final, « The King ». Le fait de s’assimiler à Kaiji rend bien entendu le malaise encore plus vivace. Mais le fait de l’être vis-à-vis du Roi, permet d’accentuer l’atmosphère malsaine et sadique qui se dégage de ces situations pour le moins glauques, et le plaisir qui en découle vis-à-vis des spectateurs.
Pour continuer et finir par l’anime Kaiji, on se rend bien compte que trois morales antagonistes peuvent se confondre dans la morale globale que tente de donner le Roi en fin de jeu. L’une des trois est évidemment de ne pas tenter le diable en voulant à tout prix remporter des gains de plus en plus élevés, car le risque en est proportionnel. La fin de l’anime nous montre bien que cette retenue aurait été bénéfique pour Kaiji. Pourtant, une autre morale se fait aussi bien valoir que la première. Celle-ci peut se traduire par « qui ne tente rien n’a rien ». En effet, le jeu misé ici par notre sexy Kaiji en vaut parfaitement la chandelle. Les paris mis en jeu par ce dernier sont fortement légitimés par les gains obtenus, ou non. La troisième et dernière morale à s’imposer ici se transcrit par  « il faut savoir créer sa chance ». Ce précepte s’applique comme un gant en ce qui concerne Kaiji, oui, toujours lui. Pour arriver à ses fins, il ne va pas seulement croiser les doigts et espérer tomber sur de bonnes cartes, croire lire dans l’esprit de l’adversaire ou que sais-je encore. Il va user de tactiques, pourtant ridicules quand on prend un tant soit peu de recul : on ne peut pas s’inventer fin tacticien dans un jeu basé sur le hasard pur et simple. C’est pourtant ce qu’il va tenter de faire, souvent avec déraison mais parfois tout de même avec utilité.


Ces morales dans Kaiji, manquant sérieusement de subtilité, sont la principale différence entre les deux animes. Trois morales pour Kaiji, appuyées par le discours du King peu avant le résultat final, et aucune pour Akagi. Ces trois morales sont évidemment à ne pas prendre au pied de la lettre comme pourrait justement le faire Kaiji. Celles-ci, sous-entendues par le King en fin d’anime, ne s’adressent véritablement qu’à Kaiji en raison notamment de sa flagrante naïveté. A l’inverse, Akagi se finit très abruptement et ne prend pas une seule seconde pour expliquer, ou tenter de donner une explication sur la fin de l’anime. Si cette fin est un peu frustrante pour le spectacteur, elle permet toutefois d’éviter l’écueil des morales un peu grossières de Kaiji.

Mais les animes psychologiques ne s’arrêtent pas là. Réalisé et scénarisé par les mêmes personnes qui se sont occupées de Kaiji et d’Akagi, One Outs est en passe de devenir un anime incontournable dans le mélange du sport et de la psychologie. Tout simplement car ce genre d’animes reste assez rare. Le seiyu attribué à Tokuchi, personnage principal de One Outs, est aussi le même que celui des deux personnages cités précédemment. Tokuchi bénéficie en outre du même aspect psychologique qu’Akagi ; cette impression qu’il sait tout sur tout le monde afin d’élaborer des tactiques et ainsi éviter et faire disparaître les problèmes.
Et contourner les problèmes, n’est-ce pas finalement l’attitude la plus répandue dans la vie de tous les jours? Peut-être est-ce le fait de voir ces génies du contournement de problèmes qui nous font aimer ce type d’anime…

Un grand merci à Diyo pour ses conseils.

8 commentaires

Aucun commentaire ? O_o
Car pourtant, c'est un très bon article qui parle d'un très bon sujet.
J'avoue que j'ai beaucoup aimé Kaiji alors que le graphisme me rebutait au début.
Je n'ai pas vu Akagi et j'ai regardé 10 épisodes de One Outs...
Je sais pas, je trouvais ça moins "entraînant".
2 El Nounourso le 08/04/2009
Très joli dossier en effet.

L'intégration de liens images dans le texte est une très bonne idée pour ne pas surcharger la mise en page =)
Juste un petit addenda. Ce genre d'animes a dû avoir un certain succès dans la mesure où la série Gintama parodie Kaiji entre les épisodes 55 et 60 si mes souvenirs sont bons...
On tombe dans l'excès (ça reste Gintama) mais à la lumière de ton dossier, j'ai bien l'impression qu'on peut trouver dans ces épisodes une critique des morales un peu faciles de Kaiji...
Bien sûr c'est à la sauce déjantée Gintama donc pas évident à déceler. Et je me trompe peut être.
4 Afloplouf le 08/04/2009
Je me réserve Kaiji pour les temps de vaches maigres mais je confirme tous les bons propos sur Akagi : une série qui repose autant sur son ambiance que sur son personnage principal.

Pour autant, comme un Akumetsu, l'intérêt d'Akagi n'est pas tant le prétexte du fond idéologique ou des thèmes mais dans le simple et pur divertissement de voir un personnage badass comme on n'ose plus les faire se payer des moments de gloire parmi les plus improbables.

Et c'est bien là la qualité que je recherche le plus souvent dans un anime : Have Fun!
Article fort sympathique. Je n'ai pas encore vu Akagi (ce qui ne saurait tarder) mais je suis totalement fan de Kaiji. Cet animé très larmoyant est une des expériences les plus stressantes qui n'ai jamais été créée. Je suis assez d'accord sur le manque de finesse de certains discours de la série et de leur illustation parfois un peu trop lourde, au moyen de situations complètement suréalistes. Néanmoins, cette méthode a aussi ses atouts et force est de reconnaître que, bien souvent, le message passe et marque effectivement le spectateur. Les trois morales citées dans ce dossier sont bien présentes au long des différents épisodes mais je rajouterais qu'elles sonnent alors, en partie car elles sont constament entourées d'une atmosphère dramatique et oppressante, d'une manière bien plus radicale. La formule "qui ne tente rien n'a rien" à bien des allures de "qui ne fait rien de sa vie n'a aucun intérêt à vivre (et donc mérite de mourir)" et le positif "il faut savoir créer sa chance" est teinté par des phrases plus dures telles que "l'homme est un loup pour loup", "manger ou être mangé", se transformant alors en "si tu ne saisis pas l'opportunité qui se présente à toi, quelqu'un d'autre le fera et marchera sur ton long nez de corbac Kaiji", principe qui rejoint le précédant : si tu est incapable de saisir ta chance quand elle se présente, tu ne feras jamais rien de ta vie et tu ferais donc mieux de mourir dès maintenant. C'est là qu'entre en scène le "il ne faut pas tenter le diable", car savoir saisir sa chance c'est avant tout être capable de reconnaître celle-ci quand elle se présente, et donc savoir rester patient ou s'arrêter à temps, dans le cas contraire. Enfin tout cela reste néanmoins secondaire, à mon avis, Gyakkyou Burai Kaiji étant surtout, malgré sa petite critique sociale, une expérience viscérale en résonance directe avec notre angoisse de la mort. Faites un tour sur mon blog pour lire ma critique si vous avez le temps (où je suis moins sérieux que dans ce commentaire).
Je ne peux que confirmer vos dires, Kaiji est beaucoup plus "stressant" que ne le sont Akagi ou encore One Outs pour en reprendre l'exemple. Le côté spectacle étant indéniablement mis en avant, ça ne peut qu'accentuer cette impression. Quoiqu'il en soit, cet anime reste vraiment pour moi un très bon coup de cœur, et qui, comme l'a dit très justement Aflo, reste un divertissement avant tout.
Personnellement, je pense qu'on ne peut pas comparer Kaiji avec One Outs : deux mangakas différents avec deux styles complètement différents, et à mon avis le premier est bien meilleur que le second qui s'avère divertissant mais sans plus.
Oups, je repasse par là et je remarque que j'ai écrit "l'homme est un loup pour loup", j'ai écrit ça vite mais je suppose que tout le monde a compris que je voulais dire "l'homme est un loup pour l'homme". Tiens, tout ça fait remonter en moi un souvenir d'enfance : "p'tit loup magazine", avec un second couteau des personnages Dysney pour mascotte, si je me rappelle bien... j'aurais pensé à Jinroh aussi, ce qui est un plus la classe.

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