Levius T1 — Steam Punch Man

Dans un XIXe siècle alternatif, la science a accompli des avancées considérables dans les domaines de la technologie et de la médecine. Il est ainsi commun pour les rescapés de guerre de se faire implanter des prothèses mécaniques en remplacement de leur membres amputés. C’est le cas de Levius Cromwell, jeune garçon dont le père fut tué au combat et la mère grièvement blessée. Après plusieurs années passées à l’orphelinat, il monte à la ville pour habiter chez son oncle et se rapprocher de l’hôpital où sa mère est hospitalisée.

Sur place, Levius découvre qu’un nouveau sport fait fureur à tous les niveaux de la société ; la boxe mécanique. Il s’agit d’un art martial où les combattants ont la particularité d’être plus ou moins équipés en implants qui leur confèrent des capacités physiques impressionnantes. Levius se découvre des prédispositions pour cette discipline et devient rapidement un champion reconnu.

Levius est un manga de Haruhisa Nakata, jeune auteur publié depuis 2012 au Japon dans des magazines classés seinen. En produisant en octobre 2015 le premier volume de cette série en version française, l’éditeur Kana ne se contente pas d’enrichir son catalogue d’un nouveau titre estampillé steampunk ; il nous permet surtout de découvrir une sensation naissante de la bande-dessinée japonaise.

S’il fallait énumérer les qualités de ce premier tome de Levius, autant commencer par la plus évidente, ses illustrations. Le coup de crayon de Nakata est saisissant, et l’on peine à croire qu’il s’agit là de son premier manga publié tant l’auteur fait preuve d’une maîtrise avancée son art. C’est en particulier le travail sur l’anatomie et les visages qui impressionne, avec un sens du détail poussé qui jamais n’empêche la clarté de la mise en scène. Celle-ci se veut d’ailleurs recherchée, avec de nombreux effets de style empruntés à la photographie et au cinéma, et une composition des pages à la fois sobre et élégante.

Mais surtout, on dénote dans Levius une forte inspiration occidentale dans la direction artistique, qui s’éloigne des habitudes graphiques nippones pour se rapprocher des plus hauts standards de la bande-dessinée européenne. Dès sa publication en volumes reliés au Japon, l’éditeur a souhaité que le manga soit imprimé dans un sens de lecture occidental (de gauche à droite) pour faciliter son exportation. De même, l’auteur a disposé les phylactères et autres cartouches à l’horizontale, pour faciliter la traduction en langues étrangères et améliorer la mise en page. Enfin, le volume est publié dans un format 150×210 mm qui améliore le confort de lecture tout en rendant justice à la qualité des planches.

A côté de ce somptueux travail artistique et éditorial, le récit fait figure d’accessoire. Cependant, si ce premier tome est principalement introductif, il contient bon nombre de pistes prometteuses. L’ascension de Levius au sein de la compétition de boxe mécanique est fulgurante et il se retrouve rapidement face à des adversaires coriaces et déterminés. Le dernier chapitre se conclut par un retournement de situation qui démontre que les enjeux du récit sont bien plus importants qu’une simple histoire de pugilat entre cyborgs, et qui nous fait trépigner d’impatience pour le prochain tome à paraître en janvier.

Levius est une tentative intéressante de faire sortir le manga de ses habitudes et de s’ouvrir à un public international, ce que l’auteur appelle d’ailleurs lui-même la « nouvelle norme manga mondiale ». Mais avant tout, Levius est un bel objet d’art qui trouvera naturellement sa place sur vos étagères ou en guise de cadeau pour vos proches à l’occasion des fêtes de fin d’année.

Deluxe

Levius T1, éditions Kana, 12,90€