L’Habitant de L’infini Tome Final (30) – Qui a vécu par l’épée… Pourra peut-être lui échapper.
En ce 5 mars, la vie ne sera plus jamais tout à fait la même pour ceux qui aiment le manga. Peut-être qu’ils l’ignorent, peut-être qu’ils ne le sauront jamais, mais beaucoup lui doivent quelque chose sans forcément le savoir. Ce 5 mars, un grand nom s’est éteint. Ce 5 mars, c’est la date choisi par les éditions Sakka pour la conclusion en France d’un manga ayant duré 20 ans et qui a marqué une génération entière de dessinateurs au Japon : L’Habitant de L’Infini.
Démarré en 1993 par Hiroaki Samura, qui choisit d’interrompre ses études des Beaux-Art pour se consacrer à sa publication dans le magazine Afternoon, L’Habitant va rapidement marquer par ses dessins somptueux et son mélange unique de beauté et de barbarie sanglante. Tout à fait à l’image de l’œuvre globale de son auteur, d’ailleurs. Celui-ci, d’abord déterminé à en faire une œuvre courte, va peu à peu se faire happer par sa série. Un tome après l’autre, l’histoire se noue, s’enrichit, des rencontres se font, des destins se dessinent. Et l’œuvre va rapidement gagner une vie propre, remplie de personnages complexes et riches qui passeront 30 tomes à se croiser, s’aimer, se haïr, et se battre à mort. Sous les yeux du lecteur, c’est tout un monde qui prend vie au début du déclin des Samouraïs.
20 ans plus tard, Samura est enfin libre et referme la dernière page d’une saga ayant marqué le manga a jamais. Et ses lecteurs de même.
Si la fin peut peut-être décevoir, ce que j’aurais pourtant du mal à comprendre, elle est pourtant à l’image de l’œuvre et en est finalement la conclusion logique. L’arc final s’achève après 8 tomes de course éperdue au travers des neige de l’hiver teinté de sang par les lames des protagonistes. Chaque personnage a la fin qu’il mérite, pour laquelle il a vécu. Le guerrier meurt, tandis que celui qui possède ou a trouvé une autre raison de vivre que le tranchant de son sabre va lui consacrer le reste de son existence. Pour Lin, l’héroïne, c’est aussi l’heure du choix. Un choix nourri par de nombreuses expériences, de nombreuses rencontres. Doit-elle aller jusqu’au bout? Sa vengeance a-t-elle toujours la même importance à ses yeux? Une fois encore, Samura surprend.
L’histoire s’achève tandis que l’Histoire avec un grand H continue. La neige d’abord puis le temps qui passe vont peu à peu effacer les trace d’une odyssée : L’age des samouraï va passer et les rancunes de plusieurs vies ont trouvé leur fin par l’accord unanime de ceux qui leur étaient soumis. Il n’est plus temps de léguer sa haine et son karma à ses descendants, comme l’avait souhaité Hyakurin. Mais même si l’histoire passe, et que les temps changent, on ne peut changer le passé. Et c’est tout l’intelligence de la conclusion concoctée par Samura. Tout ce sang, tous ces personnages à la poursuite de quelque chose ou de quelqu’un n’était finalement que bien peu de chose face à l’histoire avec un grand H. Et c’est pourquoi le récit , lui, se finit comme il a commencé: sur un nouveau départ. Mais pas seulement. Car si le passé est justement passé, ses souvenirs et ses conséquences continuent d’influer sur le présent et le futur. Et même si l’artifice de la dernière rencontre peut faire sourire, celle-ci et la transmission d’un poignard et d’un vieux dessin abîmé confirme ce que bien des gens savent : l’Histoire n’est qu’un éternel recommencement.
Rendons à Samura ce qui est à Samura : L’Habitant de l’Infini se finit à l’image de de son existence : en chef d’œuvre qui marque à jamais celui qui a ouvert ses pages. Et si le talent de Samura lui permettra certainement d’explorer d’autres genres ou œuvres, son nom demeura pour de nombreux lecteurs associé pour toujours à ce qui est un devenu au fil de sa publication une pierre d’angle du seinen, et par là même du manga tout entier.
L’Habitant de l’Infini, tome 30, éditions Sakka (12,95 €).
5 commentaires
Bravo. Merci Samura, Merci aux éditions Sakka. Merci de nous avoir fait rêver et vivre cet aventure. Merci pour cet oeuvre qui m’aura changé.
Après un tel article je me sens un peu forcé de lire un jour ce manga, j’espère qu’il sera aussi bon que ce que l’article et 4 critiques lui donnant un 10 promettent.
Merci pour la découverte!
Une description très poétique, très féminine, une conception de la vie hautement maniérée, bravo, belle sensibilité ma fille..
WAT? Dommage, perdu. Mes chromosomes sont tout ce qu’il y a de plus XY, pour ne pas parler du reste. ^^
J’devrais m’y mettre moi également d’ailleurs…..