Promised Neverland – C’est fini les jeux d’enfants
Emma vit dans un orphelinat isolé mais elle est heureuse. Les autres enfants sont sa famille. En tant qu’aînée, elle prend son rôle de « grande sœur » au sérieux. Elle aime aussi profondément deux gamins de son âge : le malin Norman qui la bat au jeu du loup et même le solitaire Ray. Bien sûr, à chaque fois qu’ils doivent dire adieu à un enfant qui a eu la chance d’être adopté, c’est un déchirement mais tous peuvent compter sur l’amour maternel de l’adulte qui s’occupe d’eux : Mama. Jusqu’à ce qu’un jour les amène à se promener dans les bois qui bordent la maison, bravant les interdits de Mama, le jeu du loup prend alors une tournure intéressante.
Promised Neverland est un manga désormais phare du célèbre Weekly Shonen Jump, désormais disponible en ligne. Solides ventes à l’appui, son adaptation à l’écran ne faisait aucun doute. Ce résumé volontairement évasif n’appuie pas les différentes qualités mais je m’en voudrais de divulgâcher les différentes surprises qui attendent les nouveaux venus sur la série. J’éventerai un peu l’euphémisme de cette description toute bucolique et les dessins de Posuka DEMIZU habituée des œuvres destinées aux jeunes enfants en disant qu’ils offrent un contraste certain avec l’histoire feuilletonnante proposée par Kaiu SHIRAI.
Les trois enfants protagonistes sont complémentaires : Emma est un élément moteur et son amour pour sa famille est central au récit. Ray est dans le rôle un peu classique du bougon qui n’en est en fait pas vraiment un. Plus original est le personnage de Norman : secondaire par rapport à Emma, c’est souvent lui qui résout les problèmes : un support qui ne fait pas office de potiche. Et tant qu’on en est à parler de potiche, quel plaisir de voir enfin en héros central un personnage féminin dans le Weekly Shonen Jump. De même, c’est une belle surprise de voir qu’une très large majorité du cast est très jeune plutôt que les classiques adolescents. On s’éloigne du lecteur type du WSJ et je me demande si ça n’est pas aussi une tentative d’élargir l’audience du magazine en perte de vitesse désormais.
C’est donc avec une jolie pression sur les épaules que débarque cette adaptation attendue au tournant. Fidèles à cette pratique maintenant établie chez Shueisha, la série devrait pour l’instant se limiter à cet hiver avec une probable suite l’année prochaine. Une bonne façon de ne pas épuiser la vache à lait mais aussi de confier à des studios dédiés un format ramassé qui garantit une qualité technique constante et élevée. Et si je reste sur ma faim sur le travail tout en retenue du pourtant expérimenté directeur de l’animation Kazuaki SHIMADA, je suis plus que satisfait du travail du studio CloverWorks. Ils ont visiblement mis les petits plats dans les grands.
J’avais des doutes sur le choix du réalisateur Mamoru KANBE mais il semble faire parler son expérience. Le chara-design a été respecté tout en s’adaptant à son nouveau format et les décors pourtant monotones de cette première saison attirent l’attention : tantôt charmants, tantôt angoissants. J’avoue ne pas reconnaître Sumire MOROHOSHI dans le rôle d’Emma, la preuve qu’il faut bien parler de comédien de doublage. Maaya UCHIDA est discrète dans son personnage de Norman, en revanche je ne sais pas si c’est le fanboy qui parle en moi mais à mes oreilles la meilleure prestation est celle du pourtant taiseux Ray, interprété par Mariya ISE qui crève l’écran.
Si je suis assez convaincu du choix du générique de fin de Cö shu Nie, je trouve l’opening de UVERworld certes entraînant mais il jure un peu avec la tonalité de la série. Sur le plan musical, ma plus grande satisfaction est dans la bande-son composée par Takahiro OBATA. Alors ce n’est pas original mais le résultat est plus que classieux et va squatter un bon moment mes esgourdes.
C’est à l’image de cette présentation que certains trouveront trop laudative, sans compter du manque de surprise mais Promised Neverland la série est effectivement le petit bijou qu’on était en droit d’attendre. Il coche toutes les bonnes cases et j’espère qu’il offrira la caisse de résonance que le manga mérite.
La série est disponible en simulcast sur Wakanim.
Un commentaire
J’avais beaucoup entendu parler de l’oeuvre jusqu’à présent mais ton article a été l’élément déclencheur pour que je cède enfin à l’appel de la série, merci pour le boulot !