Resident Evil : L’histoire d’une saga
C’est en 1996, il y a tout juste 25 ans, que commence cette histoire, avec la naissance de la licence Resident Evil. Si cette dernière s’est essoufflée avec le temps, tout en faisant son maximum pour se renouveler, elle a fait office de jeu précurseur et emblématique des années 90, jusqu’à atteindre en 2020 plus de 100 millions d’exemplaires de jeux écoulés.
Entre succès francs ou plus mesurés, variation des ventes, intérêt du public et produits dérivés (dont bien entendu animes et mangas, OAV 2021 inclus), il est temps de se plonger dans l’univers mortel de Resident Evil.
Années 90 : A STARS is born
L’histoire débute donc le 22 mars 1996 avec le premier jeu sobrement intitulé Resident Evil, développé et édité par la société japonaise Capcom. Bien que largement répandus selon les contrées, les jeux vidéo n’étaient pourtant à l’époque pas accessibles à tous comme aujourd’hui. Note de la rédaction : je fais partie des personnes ayant commencé la licence avec RE5, j’ai donc bien rembobiné depuis le temps, n’ayant avant 2006 aucun ordinateur ni console à ma disposition. C’est donc sans surprise que le succès des premiers opus s’est avant tout fait au Japon, même si le reste du monde n’était pas en reste. 5 millions de ventes pour RE1 comme RE2, avec respectivement plus d’1 et 2,15 millions de ventes réalisées dans leur pays d’origine. Le deuxième opus étant également le jeu vidéo le plus vendu de l’année 1998, en comptant les portages sur Nintendo64 et GameCube.
Son succès s’explique notamment par son histoire et son univers, qui se démarquent des jeux sortant jusqu’alors, Alone in the Dark mis à part. Sorti en 1992, le jeu aurait inspiré Shinji Mikami, créateur de Resident Evil, et plus tard de Devil May Cry. Le pitch est simple : des événements bizarroïdes commencent à se déclencher près de la ville de Racoon City ; avant tout des disparitions et une accumulation de meurtres. Une équipe de l’unité d’élite des STARS (Special Tactics And Rescue Service) est dépêchée sur place dans le but d’enquêter. La rencontre avec des nouvelles armes biologiques ne va pas tarder. Le succès de la licence réside également à mes yeux en des personnages emblématiques et constants. Si je ne prends que Leon S. Kennedy à titre d’exemple, il apparait (entre autres) dans le 2, le 4 et le 6, dans les animes Degeneration, Damnation et Infinite Darkness, et même dans la franchise cinématographique live, mais ça on y reviendra.
Enfin, l’aspect énigme très prononcé, en plus du mode action / combat de zombies, a fini de séduire les joueurs du monde entier, en plus du fameux ruban encreur, ne permettant de sauvegarder que si vous en avez à disposition, et seulement si vous trouvez une machine à écrire. Nous sommes donc dans un jeu qui met en avant une certaine difficulté et une jouabilité réaliste, notamment quand on pense au système de rangement des objets, loin d’être illimité.
Quelques produits dérivés commencent à sortir, notamment des romans pour adolescents (7 écrits par la romancière S. D. Perry entre 1998 et 2004), permettant de retracer les événements des jeux avec plus de détails. En 1999 sort Resident Evil 3 : Nemesis (le 18 février 2000 en Europe), qui reste sur ces mêmes codes. Les énigmes sont moindres, plus simples, mais sont pour le moment toujours présentes. Vendu près de 1,5 million d’exemplaires au Japon et 3,5 de par le monde, RE3 assure la postérité de la franchise Resident Evil et assoit la position de Capcom sur le marché.
Années 2000 : la consécration
Seulement 5 mois après la sortie de RE 3 sort le fameux Resident Evil Code Veronica (2,54 millions de copies). Fameux parce qu’il est le premier jeu de la saga à sortir sur une console nouvelle génération d’antan (comprenez 128 bits) : la Dreamcast de Sega. Et même s’il faut encore choisir entre marcher et viser, le joueur peut désormais s’équiper d’une arme dans chaque main, en plus de bénéficier d’un moteur 3D et d’une vision tridimensionnelle de l’action. Code Veronica X étant le nom du portage réalisé sur Playstation 2 et GameCube, comprenant quelques ajouts supplémentaires dans les cinématiques.
Pour autant, avant même la sortie de Resident Evil 0 (en 2002), Resident Evil Outbreak 1 (en 2003) et 2 (en 2004 et une vraie gamelle niveau ventes car seulement 200 000 copies vendues – presque le pire de toute la franchise), sort le premier film live américain Resident Evil, en 2002. Tout s’est donc accéléré pour la franchise quand l’industrie du cinéma s’est intéressée à l’adapter. De quoi pourtant se demander si le fait d’acheter les droits a vraiment eu un intérêt car ce qui est vraiment resté de la bascule entre le jeu et le grand écran n’en est surtout que le nom. Cela peut plutôt s’apparenter à un rachat de clientèle au niveau marketing car le long-métrage ressemble à beaucoup de films de zombies lambdas.
6 films sont sortis à ce jour et un septième (Welcome to Raccoon City) est encore prévu pour 2021, mais cette fois sans être réalisé par Paul W. S. Anderson, qui n’a vraiment pas réalisé les meilleurs opus. Quand je posais la question du pourquoi d’appeler ces films Resident Evil, c’est à raison. A mon sens, ceux qui connaissaient déjà les jeux ont pu vite être déçus par cette adaptation très libre, trop, tant au niveau de l’histoire que des personnages principaux propres aux jeux, qui sont ici réduits à des rôles mineurs. Leon S. Kennedy ou encore Chris Redfield n’apparaissent que dans un film chacun, ce qui est plus que réducteur, mais logique quand on voit la drôle de tournure qu’a prise la série de films. Comme s’il fallait tout de même faire un clin d’œil à la série originale, tout en cherchant à s’en détacher le plus possible.
Les années 2000 sont également le florilège des produits dérivés, avec tantôt des artbooks, des novels, des mangas (Marhawa Desire et Heavenly Island) et des films d’animation (Biohazard 4D Executer en 2000, Resident Evil Degeneration en 2008, puis viendront Damnation en 2012 et Vendetta en 2017).
Les plus grands succès de la saga sont pourtant à venir, avec la sortie du plébiscité Resident Evil 4 (sorti en 2005 avec près de 6 millions de copies vendues) et du plus controversé Resident Evil 5 (paru en 2009 avec près de 8, voire 10 millions de ventes selon les sources). Autant RE4 reprenait les énigmes (même si encore plus légères qu’auparavant) et l’environnement de tension des précédents jeux, autant RE 5 est arrivé en mode action, baston en veux-tu en voilà, mais aussi la coopération et l’époque bénie de l’écran scindé. Le 4 marque le retour de Léon et permet toujours une vue à la troisième personne, en plus de pouvoir modifier et améliorer ses armes. La maniabilité n’a rien à voir avec les précédents opus mais apporte toujours un sentiment d’insécurité, même dans les cinématiques, où une QTE (action de cliquer sur un bouton à un moment donné) peut surgir à tout moment. Nous sommes encore loin de RE6 et l’utilisation de ces QTE restait alors agréable. Resident Evil 5 marque aussi un réel changement, pour le meilleur et pour le pire. Si l’on combine les ventes initiales et du remake, RE5 englobe 11,3 millions de copies vendues, ce qui en fait le plus grand succès commercial de la saga et l’une des plus belles ventes de Capcom, avec Monster Hunter World.
La sortie des autres jeux continue d’aller bon train, avec deux nouveaux opus : Umbrella Chronicles et Darkside Chronicles, sortis respectivement en 2007 et 2009, et faisant partie du flop 5 avec 1,3 million pour le premier et seulement 150 000 ventes pour le second. Les chiffres des jeux vidéo s’essoufflent en même temps que la saga se fait la part belle à Hollywood. En effet, bien que les critiques soient à juste titre assez déplorables concernant ces adaptations (et je ne parle même pas des choix du casting), les recettes mondiales sont au rendez-vous, même si le public français n’a pas été dupe. Si l’on compare le premier film au sixième : 102 millions de recettes pour le premier et plus d’un million d’entrées en France, versus 312 millions de recettes pour le dernier, et seulement 322 324 entrées en France. On ne nous la fait pas.
Années 2010 : le déclin
Bien que les adaptations sur différents formats continuent sur leur lancée, les jeux pédalent dans la choucroute, malgré la bonne qualité des deux Resident Evil Revelations, qui se sont peut-être trompés de support à leur sortie d’origine (parus sur Nintendo 3DS, il faudra attendre leur portage sur Xbox et Playstation pour les apprécier à leur juste mesure). Peinant à atteindre les 2 millions de ventes, nous sommes certes sur des résultats honorables, mais nettement en-dessous des 5 millions des premiers opus.
Bien que les films continuent d’engranger des bénéfices, ils ne parviennent pas à cacher qu’il ne reste rien du matériau original, ce qui fait que nous ne nous étalerons pas ici sur les événements de la franchise cinématographique. Côté jeux vidéo, on assiste avant tout à une explosion de remakes : Resident Evil HD (2,4 millions de ventes), Resident Evil 0 HD (2,2 millions) et Resident Evil 4 (1,6). Les années 2010 marquent également la venue de l’infâme Resident Evil 6. Même s’il se démarque avec près de 8 millions de ventes, il reste un des opus les plus oubliables et regrettables. C’est bien dommage car les histoires imbriquées permettant de jouer avec la plupart des personnages de la série était un bon point de départ, mais l’omniprésence des QTE et la durée de vie bien courte du jeu ont eu raison de ce jeu ne m’ayant pas laissé un bon souvenir. La licence a choisi de se reposer sur ses acquis pendant cette décennie, cherchant à remettre au goût du jour les jeux ayant eu le plus de succès des années auparavant, mais également pour faire patienter son public avant la sortie d’un tout nouveau numéro, qui va marquer un réel tournant : Resident Evil 7.
Années 20 : le renouveau
Commençons donc ce dernier chapitre quelques années plus tôt avec la sortie de Resident Evil 7 en février 2017. Premier jeu de la série à être à la première personne, il a beaucoup fait parler de lui par sa volonté de renouer avec les origines de la série (la peur – survival horror – plus que l’action) et sa possibilité d’y jouer en réalité virtuelle. La première personne ayant été faite dans cette optique d’immersion au maximum. Même s’il porte le numéro 7, il s’apparente plus à un spin-off de par son histoire et ses personnages jouables. Nous retrouvons les énigmes, l’exploration, et le sentiment d’insécurité qui avait totalement disparu dans les RE 5 et 6. Selon Capcom, Resident Evil 7 représente le meilleur score de la saga en termes de ventes avec 8,5 millions d’exemplaires.
Le renouveau continue avec la sortie en mai 2021 de Resident Evil 8 / Village, montrant une volonté de sortir de l’histoire originale et ne faisant appel aux personnages emblématiques qu’en guise de clins d’œil. Malgré des memes florissants sur les internets (en grande partie sur le personnage de Lady Dimitrescu), l’opinion générale reste favorable quant à cet opus, bien qu’on regrette une durée de vie plus courte qu’à l’accoutumée (toutefois moins courte que les derniers remakes tronqués) et des erreurs de débutants sur la gestion des personnages non-joueurs. RE8 en serait à plus de 4,5 millions de copies vendues en seulement deux mois.
Vous l’aurez compris en lisant cet article, 2021 est une année charnière pour Resident Evil, qui fête ses 25 ans d’existence. En plus d’un partenariat avec le jeu de survival horror Dead By Daylight sous la forme d’un contenu téléchargeable permettant de jouer Claire, Léon, Jill et Chris, la franchise a également sorti une mini-série animée de 4 épisodes, disponible sur Netflix : Resident Evil Infinite Darkness. Que de chemin parcouru depuis le premier OAV paru en 2000. Animée par ordinateur (CGI) par Quebico, la série présente des prises de vue sublimes, encore plus sur les décors que les personnages avouons-le, rendant le réalisme saisissant. Et même si l’histoire et les non-événements seront vite oubliables, la qualité de l’animation mérite qu’on lui rende hommage.
L’année 2021 n’est pas encore terminée et il est difficile de deviner si l’équipe de Capcom a encore des surprises à sortir du chapeau. En plus du reboot live Welcome To Raccoon City (dont on peut tout de même douter vu qu’aucune date de sortie n’a été annoncée pour cette année, en plus de l’absence de tout marketing promotionnel), qui promet lui de contenir les personnages de Leon, Chris, Ada, Claire, Jill ou encore Wesker. Qu’on l’admire, qu’on la déteste ou qu’on y soit indifférent, la saga Resident Evil, belle vache à lait de Capcom, fait partie des franchises à succès du jeu vidéo qui ont tenté d’évoluer, de se renouveler et de s’étendre.
Les produits cités ne sont pas exhaustifs et les chiffres des ventes sont à prendre avec des pincettes, variants selon les sources prises en compte.
3 commentaires
Du sacré beau boulot, encore plus du point de vue d’un humble béotien comme moi.
Sympathique dossier sur une série que je n’ai quasiment jamais touché. J’ai dû jouer trois heures à Resident Evil 7 mais je me pissais tellement dessus que j’ai pas poursuivi.
Un point à soulever c’est à quel point la série a influencé le jeu vidéo au cours de ces 25 ans. Je pense notamment à des jeux cultes tels que Dead Space et The Last of Us qui n’existeraient sans doute pas sans RE4.
Merci pour ce dossier hyper complet Sacrilège ;)