RWBY – Diamant brut de décoffrage

Il y a déjà pas mal de temps, des petits clips bien badass qui mettaient en scène des jeunes filles elles aussi badass combattant avec talent des créatures et autres vilains tout aussi badass, ont circulé sur le net. Ils se caractérisaient par l’utilisation d’une 3D très semblable à celle des jeux-vidéos, une animation de folie qui donnait vie à des chorégraphies martiales impressionnantes, et une ambiance assez envoûtante. Ces clips furent très vite identifiés comme les bandes-annonces d’une série d’animation américaine, par lesquelles on nous présentait les personnages principales. Et comme chez AK on aime la diversité, nous allons vous parler de la première partie de la dite série, qui vient de s’achever.

 

 

RWBY est l’œuvre du studio américain Rooster Teeth (au logo étrange…), connu entre autres pour la web-série d’animation Red vs. Blue, très inspirée des FPS (les jeux de tir à la première personne pour les moins informés) et plus particulièrement de Halo. Série qui a rencontré un certain succès et qui a rempilé pour une onzième saison cette année. Si ça c’est pas la classe. Bref, RWBY a été inventée, mise sur pied et réalisée par Monty Oum, qu’on retrouve à pratiquement tous les postes : animation, design des personnages, scénariste… Il n’y a bien que la musique qui lui a échappé, et encore, il a une influence sur l’aspect sonore vu qu’il fait la voix d’un des personnages (celui qui parle le moins quand même) ! Il ne devait plus avoir beaucoup de temps pour dormir le pauvre. C’est un type qui a fait ses armes sur Red vs Blue et qui s’est approprié plusieurs cultures asiatiques, dont la culture japonaise. La série subit ainsi une grande influence des animes, notamment via le character-design très marqué et fort réussi des protagonistes. Tellement que des boulets ont carrément demandé lors de sa diffusion sur Crunchyroll où était passé le doublage japonais…

 

 

Mais passons donc à l’œuvre proprement dite. Nous voici dans le monde de Remnant, anciennement en guerre contre des monstres nommés les Créatures de Grimm, qui n’ont bien évidemment rien de mieux à faire que d’attaquer les humains. Pas de chance. Pour lutter contre ces créatures et maintenir la paix, un corps de combattants a été créé : les Chasseurs. Ruby, jeune fille à la cape rouge, désire devenir l’une d’entre eux. Elle se rend donc à l’Académie Beacon, spécialisée dans la formation de ces guerriers hors du commun, où elle fera de nombreuses rencontres.

 

 

Parlons d’abord de la construction de la série. Il s’agit seulement de la première partie d’une histoire qui s’annonce longue. À noter que la suite a d’ors et déjà été annoncée, ils sont au taquet les mecs. Bref, cette partie comporte en tout seize épisodes de longueur variable, allant de quatre à quinze minutes… Et quatre minutes, sachez-le, ce n’est pas beaucoup. En réalité, il semblerait que des épisodes aient été coupés en deux, donnant ainsi ces séquences de courte durée. Je ne m’explique pas vraiment ce fait, qui m’a bien souvent donnée une impression d’inachevé. Et m’a fait ressentir beaucoup de frustration. Mais vraiment beaucoup. On voit parfois clairement que ce format court ne convient pas, et finalement les meilleurs épisodes sont les plus longs. Démarche de communication, histoire de durer et inviter le plus de personnes à regarder ? Je l’ignore. Il faut savoir qu’un nouvel épisode était posté toutes les semaines environ sur la page Youtube du studio, peut-être était-ce donc un moyen pour tenir cette diffusion hebdomadaire. Il n’empêche que cela dessert la série selon moi.

 

 

Pour autant, elle reste de qualité. Néanmoins évoquons d’emblée une chose que les trailers n’annonçaient pas : RWBY se passe entièrement dans un milieu scolaire. Autant vous dire que la baston mise en avant dans les bandes-annonces n’est pas la priorité. On est plutôt dans la phase découverte et donc dans la description de l’univers dans lequel évoluent nos héroïnes. Ce dernier, à défaut d’être original, reste intéressant et intrigue. On sent que le type s’est arraché les cheveux à en devenir chauve, et beaucoup d’éléments sont introduits, que ce soit au détour d’une conversation entre les personnages, les cours scolaires, ou les évènements contés. De manière plus ou moins subtile, certes, mais on ne sent jamais une volonté de « Tenez, on vous prend pour des cons et on vous balance tout à la tronche ». Que ce soit d’un point de vue géographique, historique, ou encore les constituants propres à cet univers, beaucoup d’informations nous sont données. Mention spéciale pour les armes, les vraies stars du show, très inventives et originales. Pour les connaisseurs, elles rappellent beaucoup les Gunblades de certains Final Fantasy (en trente fois plus cool, c’est dire). Je ne vous gâcherais pas le plaisir de la découverte mais il est étonnant, arrivé à la fin de la saison, de constater que l’on a appris pas mal de choses sans forcément s’en rendre compte. Et c’est sans compter sur les références multiples aux contes, personnages historiques ou autres œuvres que vous pourrez vous amuser à trouver. Ou pas. Faut pas se sentir obligé, hein.

 

 

Enfin, comme dit précédemment l’action n’est pas au centre de RWBY. Elle existe, encore heureux, sinon je me serai barrée, mais disons qu’elle manque un peu… Surtout parce que certaines phases sont assez ennuyantes, ou tout du moins un peu longuettes. La vie scolaire… Bof quoi… Et puis une fois que tu as vu une baston, tu en veux immédiatement une autre tellement ça explosait les yeux. Hormis ces quelques problèmes de rythme, l’histoire est accrocheuse, et surtout l’ambiance bonne enfant fait son œuvre. On s’amuse énormément des dialogues et de l’humour qu’ils véhiculent, qui nous montrent que ça ne se prend pas au sérieux. Mais vraiment pas. Un second degré bienvenu. Et que de dire des personnages ? Tous possèdent une identité propre, aussi bien visuelle que caractérielle.

 

 

Le quatuor de tête est composé de Ruby Rose, jeune fille intrépide avec quelques problèmes de sociabilité, Weiss Shnee, qui tient le rôle de la peste orgueilleuse, Blake Belladonna, la réservée du groupe et qui semble avoir quelques secrets et enfin Yang Xiao Long qui prend tout du bon côté en plus d’être décontractée au possible. Les quatre individualités se complètent très bien et le groupe qu’elles forment est pétri de charisme et de coolitude. Mais les personnages secondaires ne sont pas en reste : vous suivrez pas mal de temps Jaune Arc (mon coup de cœur), jeune homme attachant qui possède un potentiel comique énorme, et d’autre encore parmi lesquels Pyrrha la guerrière au charisme ravageur, Nora qui est tout simplement cinglée et donc hilarante, puis Lie Ren qui calme un peu le jeu via son mutisme. L’alchimie entre eux est excellente et c’est un vrai plaisir de les voir évoluer. Même les profs et les antagonistes ont un quelque chose d’unique qui fait qu’on se souvient d’eux, c’est dire le soin apporté aux protagonistes. Le casting est véritablement ce qui fait la force de la série, et pour le coup c’est du niveau de grand malade. Aucun personnage n’est à jeter, même les derniers qui nous sont présentés…

 

 

Reste la technique. Tout le monde l’a remarqué lors des trailers : ça arrache les yeux de ta mémé. Sinon faut penser à aller consulter. Mais. Parce qu’il a y a un mais messieurs dames. La série est entièrement réalisée en 3D (hormis deux trois trucs anecdotiques en 2D super moche) via un logiciel nommé Poser Pro 2014, avec les avantages et défauts inhérents à cette technique. Dans les avantages, comptons l’animation de fou-furieux (qui est à l’origine de l’arrachage d’yeux de ta mémé) lors des affrontements. Aux amoureux de combats, vous allez en prendre plein les mirettes. C’est lisible, fluide, rapide, avec une mise en scène excellente qui livre des chorégraphies endiablées pour les batailles. Dieu que c’était jouissif. Je me suis regardé l’épisode huit au moins cinq fois, juste pour le plaisir de l’art (de la baston). Le design des personnages passe lui aussi bien à l’écran dans cette technique. On regrettera juste que le niveau ne soit pas maintenu lors des phases « normales » (sérieux quand ils courent c’est bizarre…) et pour les expressions faciales, figées malgré l’aspect cartoon.

 

 

Hormis cela… C’est plutôt moche. Voilà le mais dont je vous parlais un paragraphe plus haut. Les décors sont vides, consistent bien souvent en des aplats de couleurs et manquent cruellement de détails. J’ai rigolé amèrement après avoir vu Yang jeter un « Ça en jette ! » en direction du château qui leur sert d’école tellement il était… Laid. Même les jeux-vidéos des années 90 étaient mieux foutus à ce niveau. Et puis les personnages en arrière fond qui sont tout en noir… Enfin quand il y en a, car des fois on croirait les villes ou l’école désertes. Bref techniquement, hormis l’animation, on est plutôt à la ramasse. Il semblerait que la faute soit à imputer à un budget réduit. Pour finir, un tour du côté sonore, qui ma foi est de bonne facture. Les musiques conviennent parfaitement, sont réussies, et les chansons valent leur pesant de cacahouètes. Et que ceux qui avaient été dégoutés, horrifiés, que dis-je, outragés par le doublage du quatrième trailer, soient rassurés : c’est vachement mieux. Les doubleurs sont bien dans leur rôle et s’en sortent à merveille. Généralement. Celle de Ruby m’a parfois interpellée. Mais rarement. J’ai un coup de cœur pour celui de Jaune, qui nous balance du « Oh my God ! » hilarant et prend des airs de séducteur raté…

 

  

 

Ainsi, cette première partie fait globalement office de bonne introduction. Le potentiel est clairement là, et RWBY peut remercier son casting coolissime et ses combats de folie. Et son humour. J’ai bien rigolé. Par contre, il faut vraiment faire quelque chose pour ces pauvres décors. Ils me donnent envie de chialer tiens, tellement ils sont vides et moches. Puis attention au rythme aussi, les dialogues et les scènes de vie c’est bien, mais vivement qu’on entre dans le vif du sujet. Avec les derniers épisodes qui nous annoncent un fucking tournoi, mes attentes devraient être comblées. Donc : vivement la suite.

 

 

Les épisodes sont disponibles gratuitement en anglais sur la page Youtube de Rooster Teeth.