Shin Sekai Yori – Civilisation en sursis
La dernière production de A-1 Pictures n’était peut-être pas la série la plus attendue cet automne. Un point cependant attirait l’attention dans le curriculum vitae de la série : le roman de Yūsuke KISHI, duquel la série est l’adaptation, a reçu la même année qu’un certain Dennō Coil un prix littéraire SF japonais. La campagne promotionnelle est cependant restée timide avec une histoire qui ne se raconte pas facilement sans dévoiler des éléments clés de l’intrigue. Shin Sekai Yori raconte l’histoire de cinq enfants dans un village un peu particulier. Le mode de vie est moyenâgeux et les habitants semblent vivre en autarcie. Bien plus surprenant, ils sont tous doués de télékinésie.
Il me brûle les lèvres d’en dire plus pour attirer l’attention. Shin Sekai Yori est de loin, à mes yeux, la meilleure série cette saison voire de l’année. Ceux qui, devant les maigres lignes de présentation, douteraient de la nature SF de la série mériteraient que je leur refasse le portrait à coup de romans de Mary Gentle, Connie Willis ou encore de Alain Damasio dans le museau. Blague à part, KISHI rappelle avec brio que la SF ne se limite pas aux robots armés de fusils laser ou aux petits hommes gris/verts. C’est le genre bien plus riche de tous les possibles. Et au Japon, patrie du cyberpunk et des robots/exosquelettes géants, Shin Sekai Yori propose une alternative très rafraîchissante qui balance les pâles imitateurs dans les cordes.
Mieux encore, la série ne joue pas seulement la carte de la différence. Les bribes révélées dans les premiers épisodes semblent témoigner d’un univers riche et savamment construit. Aujourd’hui, c’est mon imagination qui relie toutes ces pièces du puzzle et ce n’est qu’à la fin du repas que l’on félicite le cuisinier mais Shin Sekai Yori a toutes les cartes en main pour être la série d’animation SF la plus solide et la plus riche depuis Dennō Coil justement. Sans essayer de trop en dévoiler, je dirais que la série me fait beaucoup penser aux romans de Pierre Bordage dans sa façon d’explorer les rapports humains les plus étranges et l’écriture d’un monde, violent mais non sans passions, si différent du notre et en même temps si crédible.
Fan de Wang et des Fables de l’Humpur, mon cœur bat plus fort quand les enfants croisent au détour d’un chemin des hommes-rats réduits en servitude et prostrés devant ceux qu’ils appellent les Dieux… Argh, il est si tentant d’en dire plus mais je m’en voudrais de vous gâcher la bonne surprise.
Bien sûr, le concert de louanges ne va pas sans fausse note. Malheureusement, la réalisation technique ne se met pas au diapason de l’excellence du scénario. L’animation est irréprochable, naturelle même, ce qui n’est pas si fréquent, mais le jeu de couleur choisi est parfois terne accentuant l’aspect presque générique des paysages. C’est surtout le chara-design qui fera débat. On y retrouve pourtant Chikashi KUBOTA qui a officié sur Shikabane Hime et rendu une copie très correcte dans le domaine mais je regrette ici des personnages aux traits très anguleux. Ils sont facilement reconnaissables mais pas toujours aussi expressifs qu’on le souhaiterait. Paradoxalement, ces critiques sur le dessins des humains tombent en poussière quand on évoque les chimères que j’évoquais plus haut. Les monstres plus ou moins anthropoïdes, n’auraient ils ce groin au milieu de la figure, adoptent des expressions proprement humaines. C’est peut-être du reste un effet voulu pour surligner le malaise du spectateur et mettre en question le comment et pourquoi de cet univers.
Ne vous méprenez pas, le travail de Masashi ISHIHAMA et son équipe est solide mais j’aurais souhaité un écrin encore plus ciselé. Je crains que beaucoup ne passent rapidement à côté d’une si belle série. Ils ne savent pas ce qu’ils ratent. Près de 25 épisodes sont annoncés pour une aventure qui ne trouvera donc que sa conclusion à la fin de cet hiver. Reste à espérer que les températures en baisse ne ralentissent le rythme car après une introduction de tous les espoirs, la série est condamnée à l’excellence pour ne pas nous décevoir.
13 commentaires
Agréable article qui m'a été profitable... Merci.
Elle nous aidera à passer un hiver qui s'annonce bien rude.
Très bon article et je suis d'accord avec ce qui es dit dedans.
Une série qui me plait bien sinon, la seule qui m'intrigue et qui m'offre quelques surprises certainement.
Et je kiffe grave la touche homo-érotique.
C'est bien dommage que l'animation se concentre autant sur le tranche de vie, moe, school life, etc... Quand on voit à quel point les oeuvres de science-fiction et de fantasy qui sortent sont excellentes.
Ah, si... je n'ai pas spécialement prêté attention à toutes les musiques de l'anime mais il y en a une récurrente qui est vraiment une perle :D
ne bloquez pas sur l'épisode 2 qui est un peu mou du genou, ça commence vraiment à devenir trippant à l'épisode 3.