Shingeki no Bahamut : Genesis — Anges et Démons
Chaque saison, c’est le même refrain. Il y a les séries dont on sait qu’elles vont faire parler d’elles, et qui font effectivement parler d’elles. Les séries dont on pense qu’elles vont faire parler d’elles, et qui sont finalement oubliées au bout d’un mois. Il y a celles enfin qui n’intéressent personne, du début à la fin.
Et puis il y a cette catégorie de plus en plus rare, celles des séries que personne n’attendait et qui parviennent à faire le buzz. Pas parce qu’elles sont tirées d’une licence connue, pas à cause des noms au staff ou d’une publicité agressive : ces séries qui font parler d’elles simplement parce qu’elles sont… bonnes.
S’il est sans doute tôt pour juger de manière définitive Shingeki no Bahamut : Genesis comme une bonne série, il est sûr que personne ne voyait une adaptation de jeu de cartes sur téléphone mobile se hisser parmi les animes les plus suivis et discutés parmi le fandom occidental. Décryptage de la surprise de l’automne 2014.
Sur le papier, les intentions d’une série telle que Shingeki no Bahamut : Genesis étaient aussi claires que peu intéressantes. Faire la publicité d’un jeu de cartes sur mobile, produit très populaire dans un pays accro au smartphones comme le Japon, n’est pas un projet très excitant pour le fan d’animes qui n’a pas spécialement envie que son média favori se transforme en spot pub géant pour le premier opportuniste venu. Sauf que l’éditeur Cygames a eu la chance (ou le malheur) de s’adresser au studio Mappa.
Fondé en 2011 par le célèbre producteur Masao Maruyama, le studio Mappa semble vouloir revenir à l’esprit qui caractérisait le Madhouse de la grande époque, celui d’un studio audacieux découvreur de talents. Cependant l’audace n’est pas synonyme de succès dans ce milieu ; ainsi leur dernière tentative originale, Zankyô no Terror, fut un grave échec commercial. Il semble donc logique de les voir chercher une licence déjà installée pour leur nouvelle série, mais pas au point de se transformer en une bête machine à adaptation. C’est ainsi que Maruyama est allé solliciter un réalisateur fort déjà auréolé de succès, Keiichi Satô.
Keiichi Satô a commencé dans le milieu en tant que concept designer ; c’est à lui que les réalisateurs faisaient appel pour composer l’identité graphique de leurs animes, par les designs des personnages, des décors ou des méchas par exemple. Il travailla notamment sur la série The Big O de Sunrise, qui se distinguait alors par sa direction artistique moins inspirée des canons de la japanime que des cartoons américains, en particulier la série culte Batman TAS. Il deviendra ensuite réalisateur et enchaînera les succès avec les OAV Karas, la série Tiger & Bunny ou encore le film Asura primé en festival. Des animes qui ont tous au moins deux points communs. Le premier, c’est qu’ils ne s’adressent pas à un public foncièrement otaku ; une série comme Tiger & Bunny a par exemple connu un certain succès auprès des familles et du grand public. Le deuxième, c’est leur utilisation quasi-systématique de la 3D.
Car Keiichi Satô est un des réalisateurs qui a le plus poussé l’utilisation de la 3D en animation japonaise. Asura était ainsi entièrement animé en CG, tout comme son film Saint Seiya Legend of Sanctuary sorti en 2013. Un style qui se retrouve bien évidemment dans Shingeki no Bahamut : Genesis.
Le premier épisode s’ouvre ainsi directement sur une scène de bataille grandiloquente avec plusieurs factions qui tentent de vaincre un immonde dragon en CG tout droit sorti des restes malodorants des films Berserk du studio 4°C. Heureusement, Mappa prend le relais et nous sert ensuite une impressionnante scène de poursuite entre les deux héros de la série, Favaro et Kaisar. On y sent d’ailleurs toute l’admiration que porte Satô à l’occident, que ce soit dans les noms des personnages (Favaro Leone comme le célèbre réalisateur de western italien), la direction artistique inspirée de la fanstasy occidentale, ou encore la mise en scène hollywoodienne (le combat sur la roue du moulin directement repris de Pirates des Caraïbes).
La série revient à des clichés purement japonais dès qu’intervient le personnage d’Amira, la jolie démone aux cheveux roses, mais c’est ce mélange entre les influences qui rend ce début de série captivant – ça et la qualité exceptionnelle de l’animation et de la cinématographie, deux éléments que Mappa semble d’ores et déjà maîtriser.
L’histoire semble vouloir faire dans la simplicité et l’efficacité : Amira souhaite retrouver sa mère dans une ville située à l’autre bout du pays, et fera le voyage avec un chasseur de prime roublard, Favaro, lui-même poursuivi par un chevalier déchu, Kaisar. Tous se retrouvent au centre d’une conspiration mystique dont les bribes sont dévoilées entre deux grimaces des personnages principaux.
Récit sous forme de road-trip, humour bien dosé, univers un peu fourre-tout mais propice à la créativité, on ne voit pas ce qui peut empêcher Shingeki no Bahamut : Genesis de figurer en bonne place dans le top de la saison voire de l’année. Mappa surclasse déjà la concurrence en termes de qualité technique, et le récit mené par Satô troque l’épique de bazar contre l’aventure à échelle humaine. Pas sûr que les joueurs otakus du jeu de cartes y trouvent leur compte, tout comme l’éditeur dudit jeu (la série ne fait pas autant le buzz au Japon que chez nous, loin de là), mais tant que nous en profitons, qui s’en plaindra ?
7 commentaires
En effet, une des grosses surprises de cette saison. Merci pour ce petit article bien sympathique, qui va sans doute donner envie aux derniers réticents.
En effet, c’est le genre de séries « divertissantes » (mais pas que) que j’aurais aimé pouvoir visionner bien plus souvent…
Ah, je me demandais quand allait arriver cet article.
En effet, une belle surprise pour le moment. En espérant que ça continue et que cela ne fasse pas un flop terrible.
Et un Excellent article Mr Deluxe :)
L’une des plus merveilleuses surprises de cette saison !
Et cette démone … RRRRRRR !
A priori, meilleure série originale depuis Terror In Resonance. Hum, c’est le même studio, probablement une coïncidence…
Un anime racé dont les débuts font monter l’excitation. La surprise est totale et fait briller les étoiles …des yeux jusqu’aux cieux.
Qu’il poursuive ainsi jusqu’au bout ! Perso je le sens bien, c’est trop de la bonne !
La présentation était excellente et très riche d’informations. Merci pour cet article de qualité.
Au début quand j’ais vu le mot shingeki sur le site de wakanim jme suis dit wtf c’est la suite de l’attaque des titans , et quand j’ais visio jme suis dit : mais c’est quoi ça du début as la fin de l’ép sa carbure as 100 as l’heure ^^ et je trouve que comme personnage principal ( favaro) est en gros la mascote de cette serie trés dynamique ^^