The Laughing Salesman NEW : Business is Business
Commençons par poser les bases : The Laughing Salesman NEW (Warau Salesman NEW en version originale) est le remake d’une série fleuve diffusée dès 1989, dont la série sortant cette année en est le remake. A noter également que l’anime original (avec plus de cent épisodes au compteur) n’est autre que l’adaptation directe du manga Kuroi Salesman (The Black Salesman), paru à la fin des années 60. Un jeu sur ordinateur a également fleuri, un autre sur Sega et enfin un drama, avant le remake de 2017. Parler de remake est ici dans un sens assez large, puisqu’on ne parle pas de remasterisation ou de reprise parfaite des premiers épisodes, mais plutôt d’une adaptation des histoires et problématiques propres à notre société du XXIème siècle. Mais quelles histoires et quelles problématiques vont donc nous êtes servies à travers « The Laughing Salesman NEW generation » ?
Créée par Fujiko FUJIO (principalement connu pour la série Doraemon et tous ses dérivés), la série se focalise sur Fukuzô Moguro, vendeur ambulant, qui va arpenter les rues afin de tomber sur des âmes en peine et les aider dans leurs problèmes de tous les jours. Problèmes qui peuvent paraître désuets au premier abord mais qui sont représentatifs de chaque personnage et surtout des priorités de chacun selon les circonstances et la situation sociale, amoureuse ou professionnelle de chaque individu. Tantôt cela sera pour résoudre une addiction au shopping, tantôt pour aider à mieux appréhender le monde du travail, ou bien encore faciliter les échanges familiaux ou amoureux. Dit comme cela, on dirait bien que tout part d’un bon sentiment n’est-ce pas ?
Je me dois de vous avouer qu’il y a deux grilles de lecture, ou plutôt deux visionnages, quant à cet anime. Je vais donc reformuler. La série se focalise sur Fukuzô Moguro, vendeur ambulant, qui va arpenter les rues afin de tomber sur des personnes naïves et au bord de la dépression, pour leur proposer des solutions aguichantes (pour ne pas dire « solutions miracles »), pour au final leur montrer à quel point on ne doit pas toujours compter sur les autres pour résoudre ses propres soucis. D’autant plus quand on ne fait pas confiance à l’aide que l’on vient nous accorder.
La seconde formulation que je viens de vous faire n’annule pas pour autant la première. Libre à chacun de choisir le point de vue qu’il voudra avoir sur la série afin d’en profiter au mieux. On pourrait d’ailleurs se demander en quoi la confiance accordée, et notamment l’honnêteté, fait partie de ce large synopsis que je viens de vous faire. Il faut savoir que The Laughing Salesman NEW va mettre en avant les vices de la société en s’attardant sur deux cas par épisode, tout en poussant psychologiquement les personnes concernées. A titre d’exemple, quand notre cher vendeur réalise à titre exceptionnel le vœu d’un vieil homme et que ce dernier promet qu’ainsi le reste de sa vie sera belle et paisible, n’est-il pas curieux de voir que peu de temps après ce dernier se demandera si ce fait d’exception ne pourrait pas s’inscrire dans la durée, et chercher à resquiller pour obtenir une nouvelle fois l’objet de son désir ? The Laughing Salesman NEW peut ainsi pointer du doigt allégrement le fait d’en vouloir toujours plus au lieu de se contenter des cadeaux et aides que l’on peut recevoir, même d’un parfait inconnu. Cette vision assez cynique, mais toutefois assez réaliste, est le fer de lance de cette série. Comme dans les vieilles histoires de Père Castor, sauf qu’ici les humains se font toujours avoir, mais en grande partie à cause de leurs propres torts : naïveté, avarice, envie, paresse …
Avec ses épisodes d’une vingtaine de minutes chacun et ses deux histoires traitées par épisode, The Laughing Salesman NEW semble se diriger vers une saison bien plus succincte que la première, sans pour autant donner à l’heure actuelle un nombre d’épisodes précis. Diffusée sur Tokyo MX TV au Japon et sur Crunchyroll en France depuis le 3 avril, elle regroupe Shin-Ei Animation, Hirofumi OGURA (Gintama, Black Butler II, Crayon Shin Chan) pour la réalisation, Masato MAKINO à la photographie, Kôhei TANAKA à la musique, mais aussi Minoru NISHIDA à la direction artistique. Concernant notre vendeur, Tesshō GENDA se charge du doublage et je tire mon chapeau face à son rire machiavélique. Je tiens également à souligner les excellents opening et ending de la série : le premier interprété par Emi NAKAMURA, et le second par Junji TAKADA. Mention spéciale pour l’opening (« Don’t »)grâce à son rythme entraînant et la présence de la langue anglaise dans le refrain, qui se détache véritablement de l’esprit « générique d’anime » pour basculer dans la catégorie « chanson qui pourrait gagner le prochain concours de l’Eurovision si on se décidait à faire de bonnes musiques ».
Je préfère être franche, The Laughing Salesman NEW n’est pas le genre d’anime qui va vous redonner foi en l’espèce humaine. Pour autant il sait se plonger dans les défauts de nos sociétés de façon très réaliste (bien que flirtant parfois avec le domaine du fantastique) et permet une bonne immersion au sein du monde professionnel japonais, avec les attitudes et les normes qui le différencient du nôtre. C’est donc une très bonne surprise pour ma part pour ce début d’année 2017, grâce à un anime qui sort de l’ordinaire et nous prouve que si l’on souhaite pactiser avec le diable, mieux vaut ne pas lui faire d’entourloupes.
Un commentaire
C’est particulier mais intéressant et assez adulte comme série. Et ça fait plaisir que lui soit consacré un article. :)