Aux frontières de la mocheté et du splendide, du nullard et du vraiment intéressant, Appleseed n'en demeure pas moins une déception. Globalement, au sortir du film, on garde la désagréable impression d'avoir vu une cinémathique de Dreamcast modifiée, et on n'attend pas avec une impatience incontrôlable l'éventuelle suite...
Le scénario simplifie outrageusement l'une des meilleures intrigues que le gâteux Masamune Shirow ait réussi à pondre, un jour de lucidité, et l'on se retrouve en fin de compte avec un produit à mettre sur la même étagère que Final Fantasy : The Spirit Within. C'est-à-dire que le pari technique est l'enjeu principal, à tel point que l'équipe responsable a pour ainsi dire tout sacrifié pour cela, et n'a plus eu la force de garder un peu d'âme à insuffler dans cet amas de pixels écrasés , cell shading oblige. Du coup, la fin du film ne surprend pas, elle ne parle pas au spectateur, qui a été forcé dès le début à se rabattre sur son intérêt pour les jolies images et la mise en scène toute en sur-représentation (ralentis matriximaux, effets de distorsion, etc.).
Pourtant, il ne s'agit pas de cracher sur ce film raté, car il a malgré tout bel et bien innové, en contribuant à démocratiser une pratique qui, si elle ne plaît pas toujours, est audacieuse et intéressante : réaliser un film tout en image de synthèse (option cell shading : double audace donc).
A voir Appleseed, on se prend à rêver du jour où Pixar aura enfin des équivalents issus du monde de l'animation japonaise, capables de concevoir des films brillants techniquement et -parfois- passionnants d'un point de vue cinématographique.
Vu les moyens engagés par des studios tels que Gonzo, les alliances avec les entreprises de type Geneon (américain), et le nombre incalculable de tentatives manquées à l'heure actuelle, on peut bien se dire qu'arrivera forcément un jour où l'expérience parlera et où l'animation atteindra un nouveau palier.