Il y a quatre ans, j’aurais probablement été encore plus bluffé par le visuel décapant d’Appleseed, et comme pour Final Fantasy VII : Advent Children, j’aurais totalement négligé le scénario, considérant que l’animation 3D se suffisait à elle-même, pour gratifier ce film d’une note franchement bonne. Or, nous ne sommes plus en 2004 et je n’ai pas le même passif vis-à-vis d’Appleseed que vis-à-vis des Final Fantasy. Conclusion : je ne vais pas mettre une note dantesque. Car au final, Appleseed s’avère être décevant sur trop d’aspects, et devient même parfois frustrant.
Visuellement, il est difficile d’être trop dur avec le film, qui malgré un léger coup de vieux, parvient quand même à nous en mettre plein la vue. Les décors, en « vraie » 3D, restent encore aujourd’hui franchement bons. Les textures sont propres, peut-être un peu trop épurées, mais bon, ça passe tout de même particulièrement bien.
En revanche, le cellshading, utilisé pour l’animation 3D, a pris largement plus d’une ride. La gestion des ombres se déplaçant sur les personnages est assez aléatoire (parfois ça marche, le reste du temps, c’est….laid), la fluidité de leurs déplacements est généralement bonne, même si parfois les attitudes des personnages font très robot-qui-suit-des-rails. Le niveau de détails sur des éléments comme le visage m’a paru relativement bas, rendant impossible toute expression faciale trop complexe, et limitant directement le « potentiel émotif » (on va appeler ça comme ça) de tous les protagonistes dotés d’un visage humain.
Evidemment, pour ce qui concerne les textures métalliques, qui furent les premières à être les mieux maitrisées, rien à dire, la qualité est là.
Côté scénar, la frustration est plus que présente.
La véritable trame tarde à se lancer, après de (trop) nombreuses séquences « regardez ce qu’on sait faire, c’est beau non ? ». Dans ce cas là, autant faire comme le film Final Fantasy VII : Dirge of Cerberus, et compiler sans réelle logique un enchainement de scènes classes mais vides de sens. Comme ça c’est plus simple, et on n’a même pas besoin de se payer des scénaristes !
Mais bon, inutile d’être trop cruel pour autant, car au moins, il y a une trame. Celle-ci, une fois lancée, parvient à accrocher le spectateur. On découvre de nouvelles technologies, les Bioroïds, une ville futuriste splendide et on en apprend peu à peu sur Dunan, personnage central, guerrière frêle mais point chétive, qui explose tout le monde sur le champ de bataille. Une femme, une vraie.
Manque de chance, on nous promet un potentiel scénaristique assez alléchant, pour au final ne faire que survoler tous les thèmes proposés par Appleseed. Rien n’est particulièrement développé, et le scénario tente de faire le touche à tout, produisant au final une bouillie insipide incomparable au potentiel de base du film. Grosse déception.
Musicalement, c’est très cinématique de jeu. Aucune finesse, juste des rythmes simplistes et toniques pour l’action, et du larmoyant bas de gamme pour les séquences émotions. Le doublage quant à lui reste relativement décent, même s’il s’accorde avec le manque général d’émotion des protagonistes. Au final, le côté auditif reste assez creux.
Enfin, je ne sais trop comment conclure sur ce film.
Malgré ses défauts apparents, il sait accrocher le spectateur comme il faut, et le concept aurait mérité d’être incommensurablement plus exploité.
Certaines séquences sont vraiment plaisantes à voir, et globalement, c’est un plaisir constant pour les yeux.
Un film à voir donc, pour ses performances artistiques plutôt que pour son scénario gâché, qui ne fera qu’exhiber un potentiel inexploité particulièrement frustrant.