Chihayafuru est un anime qui nous parle de karuta, un jeu de cartes traditionnel japonais reposant sur des poèmes. Ces poèmes, au nombre de cent, sont tous des poèmes classiques japonais. Par conséquent, le karuta n'est quasiment pas pratiqué hors de l'archipel, et il semble évident que Chihayafuru - aussi bien l'anime que le manga éponyme - s'adresse avant tout à un public japonais.
Pourtant, cet anime a rencontré un si fort succès chez nous que le manga bénéficiera bientôt d'une édition française. Si ce n'est pas un amour du karuta qui a permis ce succès, alors pourquoi aime-t-on tant Chihayafuru ?
Parce que Chihayafuru est une excellente série, tout simplement.
Côté technique, on est chez Madhouse et ça se sent : jolies couleurs, bonne animation, musique sympathique, la qualité est au rendez-vous.
Mais, me direz-vous, si la technique faisait tout, K serait l'anime de l'année.
Heureusement, Chihayufuru n'est pas qu'une jolie coquille vide.
Les personnages sont tous très attachants, à tel point que j'ai du mal à choisir mon préféré. J'ai surtout été agréablement surprise par le personnage de Chihaya : avant de regarder la série, à voir sa tête et ses grand yeux brillants de shôjo, je m'attendais à une jolie jeune fille toute douce et toute gentille, pourquoi pas un peu timide sur les bords ; il s'avère que la jeune fille est énergique, motivée, bornée, parfois violente, et a tendance à parler avant de réfléchir ! Je ne m'y attendais pas du tout, et c'est très agréable de suivre une héroïne avec un tel tempérament.
Les autres personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires, ne sont pas en reste ; ils ont tous ce petit quelque chose qui les rend humains et très attachants.
Ce petit quelque chose, c'est peut-être qu'ils évoluent tout au long de la série. Qu'il s'agisse de vétérans du karuta ou de petits nouveaux qui découvrent ce sport atypique, ils auront tous des choses à apprendre, devront parfois se remettre en question.
Oui, je viens de parler de sport. Car, on s'en rendra vite compte, plus qu'un simple jeu de société, le karuta est un sport. Il requiert rapidité, réflexes, mémoire, mais aussi une part de chance et d'intuition.
Il est d'ailleurs intéressant de constater que Chihayafuru, même s'il est classifié comme un josei, emprunte beaucoup de codes au milieu du shônen sportif. J'en ai déjà parlé avec l'évolution des personnages, mais on retrouve aussi ces codes dans l'aspect compétitif du karuta - sur lequel on se concentre surtout durant la seconde moitié de la série - l'apparition de nouveaux adversaires toujours plus forts, la découverte de nouvelles tactiques, ou tout simplement le rêve de l'héroïne, qui n'est autre que de devenir la meilleure joueuse du monde (enfin, du Japon, mais comme c'est le seul pays où on organise des compétitions de karuta, le meilleur joueur du Japon est automatiquement le meilleur joueur du monde) !
Le karuta étant le thème principal de l'anime, il est normal qu'il soit mis en valeur, mais j'ai trouvé le traitement de ce thème particulièrement bien fait. Si, au début, on ne comprend pas grand-chose au karuta, Chihaya a heureusement la bonne idée de créer un club de karuta dans son lycée et d'y recruter deux petits nouveaux qui n'y connaissent rien. Leur apprentissage sera donc l'occasion d'expliquer au spectateur les règles et les bases du jeu.
Puis, au fur et à mesure que celui-ci se familiarise avec le karuta, les personnages découvrent que le karuta est bien plus subtil qu'il n'y paraît. Chacun a sa propre façon de jouer, de nouvelles tactiques se créent, et au final, les matchs sont tous passionnants et ne se ressemblent pas. Sachant qu'on parle d'un jeu dont le but est d'être le premier à toucher une carte, je trouve ça fort.
En bref, Chihayafuru, c'est une série pleine de bonne humeur, avec des personnages attachants et un jeu dont on n'attend rien mais qui se révèle vite passionnant. Vivement la saison 2 ! (Ça me fera quelque chose à regarder cet hiver...)