Yuasa Masaaki, pour beaucoup de passants ce nom ne signifiera que peu de choses. Pour l'informé, le nez alerte, l’œil ouvert, pas trop plissé, l'évocation de ce patronyme aura tout autre effet.
Parlons un peu du monsieur, chose rare de ma part, mais ici il est important de le faire.
Je n'ai pas forcément vu beaucoup de prod du gaillard en question, mais ce que j'ai vu fut tout de même assez marquant pour soulever des caractéristiques premières.
Dans un premier temps, ce que l’œil de tout un chacun repérera, c'est le chara design, la pâte graphique, le style d'animation. Comme je l'avais écrit sur Kemonozume, autre réalisation de notre serviteur (pas moi hein, Yuasa quoi), ce style porte les corps, transmet le mouvement, le sentiment, dans une déformation, une simplicité apparente, qui amène une transformation de tout sentiments montrés, de toutes actions démontrées.
Yuasa fait vivre les histoires, au delà il est les transfigure, elle imprègne, elle prenne, elle nous tienne. C'est à vif, c'est physique, on sent la sueur comme dans un Ping Pong.
Revenons à notre sujet.
Devilman Crybaby est le remake, ou une autre adaptation d'un très vieux manga des années 70. Que nous vivant en Europe ou ailleurs, en tout cas en dehors du Japon, ne connaissons pas ou peu, ou juste par des hommages, parodies, dans des œuvres majeurs que nous avons apprécié.
Vous dire que sur place, au pays du Soleil Levant, le nom de Devilman n'est pas anodin. Au contraire, c'est ici un emblème, celui de Go Nagai, qui de notre côté est plus connu pour Goldorack, Mazinger de son nom de baptême.
Mais quelle est cette fameuse histoire, ce Devilman mythique en ces terres éloignées, si inconnu de nous, que Netflix, confiant, confit à l'artiste expérimental qu'est Yuasa une réadaptation, ou le contraire je suis ignorant sur l'origine du projet, en tout cas, c'est un gros parie.
Bah c'est plus ou moins simple. Notre terre n'est pas que la notre, bien avant notre arrivé existaient des êtres violents et difformes qui furent balayé pour nous laisser place. Mais ces êtres n'ont pas disparu, se servant des pulsions humaines, de leur faiblesses, elles prennent possession du corps des mortels pour se réincarner.
Nous suivons alors le jeune Akira, qui à l'aide d'un ami mal intentionné, fut possédé par un démon - les êtres su-cités -, mais au lieu de devenir une créature bestiale avide de pulsion, il réussit à se dominer. Un cœur d'homme dans un corps de bête.
N'est ce pas la définition même de l'humanité ?
Voilà ce qui va nous être présenter. Au travers de la découverte de son état, de sa lutte contre les démons pour protéger l'humanité de leur ménace, l'anime va nous présenter notre monde. Violent, absurde, méchant, bête, non éduqué.
Et là se fait la transformation, cruement, sans rien nous cacher, avec un peu d'humour, ce qu'il faut pour pas se suicider, Devilman dépeint l'humanité.
Quel terrible tableau nous est présenté, le genre de croute qu'on veut bruler, histoire de l'oublier.
Mais le hic c'est qu'on ne peut oublier ce qui a été visionner. Sur dix épisodes à peine, condensés, compacts et complets, l'anime déroule son histoire, nous entraînant malgré nous - ce que l'on aimerait croire -, malgré nos réticences vers ce final qui va nous bousculer corps et âmes.
J'aurai voulu m'enfuir à la fin, mais scotcher à mon fauteuil, j'ai subit cette violence, j'ai subit finalement cette normalité qui se déroule chaque jour, chaque instant, dans les endroits les plus indompté de notre société, et encore, peut être n'a t-on pas besoin d'aller si loin pour voir ce que nous raconte Devilman.
J'aurai finalement préferer ne pas la regarder, c'est ce que j'ai pensé une fois terminé. Et après coup je me suis dit, non, c'était bon, c'était neccesaire, je comprend.
Mené par une direction musicale de haute volée - Devilman Crybaby Jugdement - une direction artistique qui peut paraître dégueulasse pour le non avertit mais la plus efficace qui soit, Devilman est une histoire sur nous, que nous nous devons presque de regarder.
Nous sommes des bêtes, mais nous avons un cœur d'homme.