Passer en revue une pure comédie est un exercice difficile, tant leur attrait dépend d’un goût personnel difficilement justifiable. Pour l’occasion, je vais donc tenter une méthode de critique différente.
Alors voyons mes notes sur Gekkan Shoujo Nozaki-kun :
Sourires esquissés : 46
Mort de rire : 3
Fluxion du poumon gauche : 0
Norio Wakamoto : oui
Total : tanuki / 10
... non attendez ça ne va pas le faire finalement...
Gekkan Shoujo est l’adaptation d’un 4-koma de Izumi Tsubaki (Oresama Teacher) et publié sur la plateforme Gangan Online, aux côtés d’autres mangas tels que Watamote ou Danshi no Koukousei no Nichijou, malheureusement terminé.
Un 4-koma est un manga à gags structuré en quatre cases, qui ne suit pas de trame bien définie. Non, ce n’est pas parce que la série commence sur une confession et se déroule dans une école remplie des beaux mecs avec dans leur dos des fleurs fertilisées au plutonium, vu les effets de lumière ça doit être ça, que nous avons affaire à une romance pour adolescentes ! Au contraire, Gekkan Shoujo passe le plus clair de son temps à travestir le genre.
Pour ce faire, rien de plus simple, travestissez les genres ! Mettez en scène un jeune auteur de shoujo sérieux mais aux idées étranges, et faites-le rencontrer des personnages excentriques dotés de traits shoujo habituellement associés au sexe opposé : un playboy timide et tsundere, une bifauxnen affriolante, un pur damoiseau naïf, etc. Bravo, vous obtenez là des possibilités de parodie quasi infinies. Bon j’exagère peut-être un chouïa.
En montrant les contrastes entre ces personnages déformés et les codes superficiels des lectures demoiselles, Gekkan Shoujo réussit astucieusement à créer des blagues réellement excellentes et subversives qui marchent à plus d’un niveau. Il est aussi amusant de regarder le mangaka, Nozaki, recycler les formules éculées du genre avec des idées foireuses, ou encore de voir les différents élèves traverser des développements romantiques typiques en les démolissant à grands coups de massues rocambolesques ou trollesques.
La série passe aussi pas mal de temps à nous montrer la confection du manga de Nozaki, Koi Shiyou! (Tombons Amoureux !), et là encore les moqueries fusent sur les problèmes répandus de ce type d’histoire : personnages qui se ressemblent, incohérences des décors, ... ce qui est d’autant plus amusant que Tsubaki-sensei est elle-même auteure de manga shoujo. Je ne serais d’ailleurs pas étonné si une partie de son expérience professionnelle se retrouvait dans Gekkan Shoujo, surtout quand je vois Nozaki «racoler» ses connaissances pour l’assister, et Maeno en tant qu'éditeur incompétent me rappelle étrangement certains témoignages de mangakas.
L’aspect satirique est vraiment l’élément qui permet à l’anime de se distinguer de ses pairs mais on ne peut pas dire qu’il soit ésotérique pour autant. Gekkan Shoujo peut en effet être apprécié en tant que comédie classique, avec ses quiproquos et autres absurdités, grâce aux interactions entre ses personnages. L’ensemble du casting est particulièrement réussi, et même si les déformations professionnelles de Nozaki s’avèrent être très amusantes et les réactions de sa «fan», Chiyo-chan, tout aussi poilantes, les épisodes gagnent en qualité une fois les personnages secondaires introduits aux côtés du couple principal.
Il y a toujours un danger qu’une série satirique tombe dans la répétition et devienne elle-même stéréotypée en restant trop confinée dans son rôle, mais on peut dire que jusqu’à présent les personnages sont loin d’être des caricatures sans saveur et l’inventivité des gags permet en grande partie d’éviter les redondances. En fait, on pourrait même regretter que l’anime n’exploite pas toutes les possibilités, ce qui est en partie dû à sa courte durée de douze épisodes.
Au niveau de l’adaptation, l’exécution de la série n’est pas mauvaise du tout dans l’ensemble, même si le rythme frénétique du 4-koma est inévitablement perdu et que certains (très bons) gags ont été oubliés en cours de route. On appréciera l’effort fourni pour structurer davantage les épisodes, et la bonne utilisation d’une équipe de seiyuus all-stars est un gros plus, même la rookie Ari Ozawa (Chiyo) convient, et convainc, à merveille dans son rôle.
Gekkan Shoujo Nozaki-kun en jouant intelligemment avec les conventions et l’absurde a réussi à devenir une très bonne surprise, pleine de fraîcheur, toujours fun, souvent drôle, parfois hilarante. Pas la comédie du siècle certes mais j’ai franchement aimé la bonne alchimie entre les différents membres de la bande et j’espère que le futur leur permettra de revenir sur la scène une nouvelle fois.