Un des tout premiers films d'animation jap' qu'il m'ait été donné de voir, il y a de ça... (pifomètre activé) 7 ou 8 ans j'dirais. Depuis, je l'ai revu un certain nombre de fois, jusqu'à ce que je bousille mon DVD, puis que je le rachète pour un ultime visionnage. Moi qui voulais tout bêtement me remettre en mémoire l'histoire, je me suis encore retrouvé scotché. Mamma mia, quel chef-d'oeuvre ! Quand on pense que tout cela remonte à 1995... c'est assez incroyable. Bon nombre d'animes actuels ne lui arrivent pas à la cheville, ne serait-ce que techniquement.
Véritable icône cyberpunk, Ghost in the Shell dégage une aura très particulière, celle propre aux films maîtrisés du début à la fin, où chaque plan transpire la virtuosité et la talent, à l'image des séquences muettes capturant l'essence de ce Hong Kong futuriste, immense et chaotique. La musique, principalement des chants en japonais ancien, joue elle aussi un rôle majeur, chargeant d'émotion ces errances urbaines. Les perspectives audacieuses et les jeux d'ombre travaillent de concert pour accentuer l'aspect tantôt oppressant, tantôt étourdissant de cette ville infinie. Sans aucun doute une des plus belles mégapoles jamais dessinées.
La finesse des décors est à l'image du reste de la réalisation : exemplaire. L'animation est fluide, les mouvements crédibles, le chara-design sobre et efficace (avec un soin notable apporté à la modélisation de Kusanagi). Même aujourd'hui, les séquences en CG sont loin d'être ridicules et certains effets graphiques ont bien la classe : combinaison thermo-optique, vision avec filtres assistée par ordinateur, point de vue subjectif "grand angle" avec proportions déformées, etc. Le souci du détail se ressent à chaque instant, comme par exemple le passage où l'héroïne cyborg, du fait de son poids, déforme la surface du toit d'un bâtiment en se réceptionnant.
Rien que pour ces aspects purement artistiques, Ghost in the Shell vaut le détour. Mais en plus de cela, le film possède un excellent scénario qui, bien qu'un peu déroutant au départ, se révèle finalement très bien ficelé. En marge de quelques impressionnantes scènes d'action (gunfights, poursuites, acrobaties diverses et variées), de passionnantes réflexions sont soulevées par Kusanagi et, vers la fin, par le Puppet Master, qui n'auront de cesse de questionner leur nature et le but de leur existence. Qu'est-ce qui différencie l'homme de la machine ? Un robot qui a peut-il accéder à la vie ? Qu'est-ce que l'âme ? Sans oublier les pistes au sujet des possibilités, des dérives, voire des finalités des réseaux d'information et des technologies informatiques.
Ghost in the Shell est d'abord une merveille visuelle et sonore que tout amateur de SF saura apprécier à sa juste valeur, mais c'est aussi un véritable polar futuriste bien mis en scène, avec une histoire aboutie dotée de personnages intéressants (au moins le couple Kusanagi / Batou). Troisième dimension : le film de Mamoru Oshii aborde avec talent des questions d'ordre philosophique voire métaphysique en se servant de l'habituelle opposition homme / machine. Et le miracle, c'est que toute cette mécanique fonctionne parfaitement !