Glasslip - Qui est de verre ne peut être que brisé.

» Critique de l'anime Glasslip par Rydiss le
29 Septembre 2014
Glasslip - Screenshot #1

Généralement, j'aime bien regarder une création du studio P.A. Works. Ces dernières années, ils ont fait l'effort de fournir régulièrement des séries originales, qui certes n'étaient pas dénuées de défauts, loin s'en faut, mais arrivaient à suffisamment nous accrocher pour les mener à terme. Je me souviens encore de Tari Tari, anime ancré dans la vie quotidienne pure et dure mais qui m'avait passionné l'espace de deux jours, de Hana Saku Iroha et de son auberge chaleureuse habitée par des personnages hauts en couleurs, et plus récemment de Nagi no Asukara qui, malgré tous ces défauts narratifs, a réussi à me captiver grâce à son univers et certains personnages. On constate que le schéma est bien souvent le même : un groupe d'amis, la vie quotidienne, un élément fantastique ou qui sort de l'ordinaire et nous voilà partis pour une histoire où les personnages vont nouer des liens et affronter les aléas de la vie. Et ce via une narration plus ou moins réussie, mais toujours avec une réalisation de haute tenue. Bref, on sait à quoi s'attendre et on sait pourquoi on regarde une série de P.A. Works. Puis ils nous ont balancé Glasslip.

Glasslip - Screenshot #2Le postulat de départ de cet anime est on ne peut plus classique : "Boy meets Girl". C'est l'été, et notre héroïne Tôko compte bien profiter de ces dernières vacances en tant que lycéenne avec ses amis de toujours. Jusqu'à ce qu'un dénommé Kakeru débarque dans son patelin et vienne involontairement semer la zizanie au sein du groupe en déclarant qu'une voix l'a mené jusqu'à Tôko pour qu'il la rencontre. Bien entendu, cela va être l'occasion de voir moult sentiments faire surface au sein du groupe.

Vous n'allez sans doute pas le croire, mais ce dernier paragraphe n'est pas le synopsis de l'anime. Non, il s'agit bel et bien d'un résumé complet. Tout ce qui compose Glasslip est réuni en trois phrases. Allez-y, relisez, comptez et vous verrez que je dis vrai. Glasslip ne propose en effet rien d'autre que son postulat de départ. Boy meets Girl et voilà tout. Je cherche encore quels étaient les enjeux narratifs de cette série. Car concrètement, il ne se passe absolument rien. L'histoire consiste à suivre les personnages dans leur vie quotidienne, cependant ils ne rencontrent aucun obstacle, aucun évènement, rien qui ne puisse leur donner une quelconque difficulté. Le pire étant que lorsque quelque chose va enfin se passer, qu'un rebondissement va avoir lieu, l'histoire le désamorce toute seule en inventant une pirouette scénaristique ou en réduisant son importance. Deux exemples me viennent en tête pour illustrer mes propos : une stratégie pour foutre en l'air un rendez-vous du couple principal qui n'aboutit à rien aussi bien pour l'initiateur que pour les cibles, et une déclaration d'amour homosexuelle qui n'a absolument aucun impact grâce aux merveilleuses vertus du politiquement correct (maquillées par la stupidité du personnage concerné par la déclaration). Des choses pareilles, la série en est remplie.

Glasslip - Screenshot #3C'était sans compter que non satisfaite de se saboter elle-même en réduisant l'impact des quelques évènements mis en place, l'histoire a décidé de nous introduire des éléments qui ne servent qu'à peu de chose. Je parle bien évidemment de la petite, que dis-je, la minuscule touche de fantastique qu'un scénariste a eu la mauvaise idée d'intégrer au récit. En quoi cela consiste ? Kakeru et Tôko, nos deux protagonistes, partagent un "pouvoir" commun : celui de voir des choses que les autres ne voient pas. Je reste flou volontairement car il n'est jamais clairement expliqué en quoi cela consiste (mais vous serez capables de vous faire une idée si vous regardez l'anime, ils n'ont au moins pas loupé ça). En version courte, ils ont des visions leur montrant des situations alternatives à la réalité, avec parfois une petite touche de surréalisme. Est-ce l'avenir, des allégories, une conséquence d'une maladie mentale, je vous laisse vous faire votre opinion. Enfin, si jamais vous avez la mauvaise idée de perdre votre temps avec cette série. Le problème étant que ce pouvoir, apparemment au centre de l'histoire, n'est qu'un artifice notoire. Il n'y a clairement aucune raison qui justifie son existence, puisqu'il n'a pas d' influence sur le déroulement de l'histoire. Certains me diront : quand même, c'est grâce à lui que le Boy meets girl a lieu ! Ce a quoi je répondrai : il n'y en avait pas besoin. Il l'aurait croisée dans la rue ou dans le lycée, on aurait eu la même chose. D'autres me diront : ben oui mais l'avant-dernier épisode ? Il permet de comprendre Kakeru et tout ! Ce à quoi je répondrai : il existe une chose merveilleuse qui s'appelle le langage et qui permet, entre autres choses, de transmettre ses pensées et émotions. Les états d'âme de l'autre abruti qui nous sert de personnage principal, je n'ai pas eu besoin de pouvoir pour les deviner avant ce fameux épisode.

Glasslip - Screenshot #4J'ajouterais même plus, cher Dupond : cette touche fantastique dessert le récit. Elle est en effet à l'origine de bon nombre de scènes inutiles qui ne font pas avancer la situation, bien au contraire. Déjà que l'anime n'est pas un modèle de dynamisme à la base (les sreenshots parlent d'eux-mêmes : sur deux d'entre eux vous les voyez allonger à ne rien faire), on se pose véritablement des questions sur les intentions du réalisateur. Un exemple ? Cette fameuse scène ou Tôko "voit" la vitrine de sa boutique se briser. S'ensuit 4 ou 5 plans presque sans paroles, et on achève le tout sur une expression orale que cette série m'a appris à exécrer : "c'est rien". Ben voyons. Une scène pareille est censée m'apporter quelque chose ? Ce pouvoir est aussi le moyen de nous jeter à la figure, excusez-moi du terme, de la branlette intellectuelle de bas étage qui ne fait que mettre le spectateur dans un état de confusion extrême, alors que tout est facilement transposable en langage humain compréhensible. Le dernier épisode fait très fort à ce sujet en nous balançant au moins un quart d'heure de dialogues incompréhensibles et, en plus de ça, inutiles. Ils ont discuté pour ne rien dire, tout simplement. Quel est l'intérêt de visionner Glasslip dans ces conditions ? Aucun, vous avez tout à fait raison.

Glasslip - Screenshot #5Je reconnais néanmoins une chose à la série : les relations entre les personnages aboutissent vite à quelque chose. En treize épisodes, j'ai tout de même pu voir trois ou quatre déclarations d'amour et un baiser. Toutes les séries d'animation ne peuvent se targuer d'avoir un tel rendement, je me devais d'être honnête et le signaler. Mais, faut pas déconner, je suis actuellement en train de démolir la série et j'ai donc quelque chose de négatif à ajouter aux sujets des relations. Elles sont certes bien construites, mais voilà : on s'en fout. Pourquoi ? Tout simplement car les personnages sont complètement nazes. Trois d'entre eux sont bien : Yanagi, le seul être mature dans cet anime qui m'a montré que des personnages d'anime peuvent aussi se balader à poil chez eux, la petite sœur parce qu'elle est vraiment sympa et évite avec joies tous les clichés associés au genre petite sœur, et Jonathan le poulet parce qu'il a un nom cool. Tous les autres sont des stéréotypes auxquels on peut difficilement s'attacher, sans compter le couple principal, composé de deux demeurés : Tokô partait bien, puis s'est dégradée pour finir en cruche stupide et ignorante qui ne sait dire qu'une seule chose : "c'est rien". Elle n'a pas eu grand-chose à bosser la doubleuse. Puis on a Kakeru, la coquille vide. Ce personnage n'exprime rien, que ce soit dans ses paroles ou ses expressions faciales. Vous verrez, c'est hallucinant, son visage est neutre tout le long de l'anime. Il joue son torturé et ils ont bien failli m'avoir avec les deux ou trois scènes où il parle "seul". Mais on ne me l'a fait pas, surtout quand, encore une fois, cela aboutit nulle part. Ce ne sont de nouveau que des artifices, dont on aurait pu se passer. En plus y a un con qui a eu l'idée de le faire dormir dehors dans une tente alors que son père a une baraque gigantesque, juste pour bien insister sur le fait qu'il était à part. C'est d'un ridicule.

Glasslip - Screenshot #6Que dire d'autre ? Après avoir énuméré tout ce qui n'allait pas, il serait tout de même bien de parler des choses réussies. Parce qu'il y en a. Elles sont à chercher du côté de la réalisation, avec ces jeux de lumières flamboyants, très bien exploités avec le verre, élément omniprésent dans la série. Ah, d'ailleurs, je ne vous en ai pas parlé car c'est anecdotique par rapport au récit, mais il y a un atelier de souffleur de verre. Cela sert littéralement à faire joli en justifiant la provenance du verre et donc des effets lumineux. On a aussi des décors toujours aussi soignés (ils ont dû embaucher un architecte pour les baraques des protagonistes tellement elles sont travaillées), une animation qui répond présente quand il y en a besoin, ainsi que des illustrations un peu à l'ancienne, où l'image se fige dans un style aquarelle du plus bel effet. Le chara-design est ce que je considère comme la seule faiblesse technique, n'ayant franchement rien d'original et donnant un aspect moeblop à certains personnages. La musique est aussi à souligner, faisant appel à des grands noms de la musique classique (Chopin et compagnie). Mais voilà : s'il n'y a que du vide à l'intérieur d'un emballage, pourquoi l'ouvrir ?

Il est facile de conclure : Glasslip est d'un ennui assommant. Il ne se passe rien, l'histoire n'a pas de but, pas d'enjeux, et les personnages n'évoluent pas. Comment être captivé par ce que l'on voit à l'écran ? Il y avait bien un semblant d'intérêt au départ avec une évolution rapide du côté des relations entre les personnages, mais cela se transforme très vite en pétard mouillé. Rien n'est exploité correctement, et tout n'est qu'artifices pour donner un style et un semblant de profondeur à l'anime. Ce n'est pas mauvais, il n'y aucune tare notoire, l'exécution est finalement correcte. Néanmoins c'est vide d'intérêt. Ça se regarde d'une seule traite, mais juste pour être sûr de ne pas abandonner. Vous l'avez compris : dans quelques mois je n'en garderai aucun souvenir.

En fait, si on devait résumer ces treize épisodes d'ennui en deux mots, il n'y aurait pas besoin de chercher bien loin. La série apporte elle-même la réponse, et ce plusieurs fois. Je laisse donc le mot de la fin à notre chère Tôko, qui a parfaitement compris la situation : Glasslip "c'est rien".

Verdict :4/10
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A propos de l'auteur

Rydiss, inscrit depuis le 15/07/2007.
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