Golden... non, Bronze Time

Golden Time est la romance « mature » de cette saison, nous proposant une situation avec des protagonistes adultes, à la faculté. Cependant, l'ambiance se trouve être assez enfantine, une tranche d'âge que j'aurais donné à la période lycéenne plutôt qu'étudiante. Les réactions sont immatures dans l'ensemble et pour certaines, clairement pas logiques. L'équipe, en créant Banri et Kōko, s'est appropriée le droit de partir dans le n'importe quoi quand bon leur semble sur le plan émotionnel.

Banri souffre d'amnésie selon l'anime, de dédoublement de personnalité pour moi, la nouvelle effaçant l’ancienne et vice versa. L'histoire tourne donc logiquement sur ce fait. Le problème de ce genre d'approche, c'est que tout repose sur le héros qui sera au centre de l'attention durant toute la série. Si jamais le spectateur ne le trouve pas convaincant, comme mon cas, c'est le drame. Je tiens à m'arrêter sur Banri qui est un personnage que je pense particulièrement insupportable. Il est l’archétype de la lâcheté, surtout celui du passé ayant tout le temps besoin qu'on s'occupe de lui et pleurant pour un rien. Celui du présent n'a rien à lui envier, instable émotionnellement, refusant son passé et préférant se cacher plutôt que de tenir tête à la vie. Alors oui, vous allez me dire qu'il est amnésique, qu'il n'a pas l’existence facile. Sur le premier point, je réponds oui et non. L'amnésie a été très mal traitée car, de façon générale, l'homme a tendance à rechercher ce qu'il est et là, c'est tout le contraire ; ce qui prouve sa lâcheté une fois de plus tout en étant à contre-courant de la logique. Sur le deuxième point, Banri a une vie classique, son lui du passé est un chouinard et je n'ai absolument pas envie de le prendre en pitié. Après, sa vie est perturbée par un événement «dramatique», mais c'est pas pour autant qu'il a une vie de merde, faut relativiser. Au final, il refuse le moindre combat que la vie lui impose et cela à en être pitoyable.

Kōko a une personnalité comparable. Certes, contrairement à Banri, elle montre plus d'énergie et est moins passive. Néanmoins, elle est aussi lâche que lui. Elle refuse la réalité avec son premier amour à sens unique qui est abordé de façon totalement absurde. Par la suite, elle n'accepte pas Banri purement par peur, ne se sentant pas capable de vivre avec lui et son «fardeau» si on peut l'appeler ainsi. De plus, le personnage est très mal écrit, passant d'une attitude dynamique et loufoque à une autre sans consistance et banal. Je n'y vois pas ici une évolution de protagoniste voulue, mais un gros raté sur son équilibre.

Les autres personnages ne rattrapent pas la donne. Le copain de Banri est égoïste au possible en délaissant ses amis pour revenir se plaindre par la suite, il fait plus office de stalker à la fin qu'autre chose. Celle qui est amoureuse de lui a des réactions contradictoires et, à l'image de tous les personnages de la série, n'a pas de personnalité définie, se mettant à crier sur Banri pour des conneries alors qu'elle donnait l'impression d'être une gentille fille. Même 2Dkun fini par péter un plomb à la fin, un moment justifié, mais mal mis en scène et donnant une impression de faux comme l'ensemble de l'anime. Au passage, je refuse catégoriquement que Nana soit une référence à Nana de Ai Yazawa, sinon je tue des bébés phoques. Enfin, Linda est sûrement la seule qui arrive à posséder une personnalité qui se suit en étant plutôt altruiste, essayant de prendre soin de l'autre tâche qui ne la mérite pas.

Avec cette panoplie de personnages plus incapables les uns que les autres, il ne fallait pas espérer un scénario grandiose. Le départ de la relation est plutôt bien fait donnant un côté absurde pas désagréable et bien propre à la série. Très vite, l'anime tente de se prendre au sérieux, perdant son âme de commencement. Le problème c'est que Golden Time attaque des thèmes comme l'amnésie et la peur du passé de façon maladroite. À aucun moment j'ai trouvé la situation de Banri et Kōko convaincante. Cela pèse énormément sur la série qui devient pénible à regarder. En outre, l'anime garde un côté loufoque par moment ce qui alourdit encore plus le manque de maîtrise du sujet étant totalement en décalage. Les histoires annexes ne sont pas passionnantes non plus, la mise en place d'un environnement peu alléchant, de personnages désagréables puis d’événements communs ne font pas bon ménage. On assiste plus aux petits malheurs d'amourette des pauvres crétins qu'autre chose. Mitsuo et Chinami faisant pitiés avec des réactions abusives et injustifiées. Mitsuo abandonne facilement son amour pour Chinami mais s'accroche comme un perdu à Linda, comme quoi il peut insister alors que la fille qu'il aime lui tire clairement la gueule. Je n'essayerais même pas de comprendre la façon de réagir de Chinami qui semble très contradictoire avec son caractère agréable.

Pour ce qui est de la relation amoureuse entre Banri et Kōko, j'ai été assez perplexe de la façon dont elle est traitée. On parle d'étudiants à la faculté et comme je l'ai dit au départ j'ai plus l'impression de voir une relation de lycéens, voir de plus jeunes. À aucun moment ils ne savent se trouver matures, la problématique sexuelle est complètement écartée si ce n'est durant un épisode qui tourne autour du pot - alors qu'on sait très bien que l'acte ne va pas se concrétiser. En fait je me rends compte qu'à aucun moment je me suis dit que je regardais un couple, ils se comportent comme deux amis très proches, mais pas comme des amoureux. À par le fait de le dire, dans les actes rien n'y fait penser, ils ne sont même pas sous-entendus. Je finirais en disant que les derniers moments entre eux sont gnangnans au possible.

Les graphismes sont vides pour ce qui est des décors, peu d'éléments pour fournir l'arrière plan ce qui est dérangeant pour une romance. L'animation est correcte, par contre le chara-design est banal si ce n'est celui de Kōko qui possède au passage une garde robe sympathique. La bande-son fait office de purge auditive, le thème de Kōko avec piano en est le parfait exemple. Sinon c'est de la musique de romance bien bidon pour les moments soit disant touchants et le reste je ne peux même pas appeler ça de la musique, désolé.

Au final, Golden Time est une piètre romance n'arrivant pas à rendre convaincant un nombre de personnages pas spécialement important. L'histoire s'avère banale avec l'éternel amnésique et est en plus de cela mal traitée. Dommage, l’amorçage n'était pourtant pas si mauvais, je m'attendais vraiment à mieux.