L’automne dernier commençait Golden Time, autrement dit "l’âge d’or". Comprenez ici : jeunesse, réjouissances, amours. Par l’auteur de Toradora! Dans un cadre différent de celui auquel les comédies romantiques du genre nous ont habitués : les portes du lycée sont refermées et le héros entre à l’université. Comme le contexte ne me rappelle pas de bons souvenirs (insérer parenthèse sur ma vie ici) j’ai longtemps boudé la série. Mais j’y suis retourné. Pour ne plus décrocher.
Notre jeune héros, Tada Banri, entre à l’université de Tokyo. Il est totalement amnésique depuis sa chute d’un pont survenue le soir de sa promotion de lycée. C’est donc l’occasion pour lui de prendre un nouveau départ dans un petit studio solitaire, loin d’une famille et d’anciens camarades qui lui sont désormais étrangers. Sur le chemin qui le mène à l’université, il fait la rencontre de Yanagisawa Mitsuo. Lui aussi commence sa première année et tous deux sympathisent très vite. Alors qu’ils s’apprêtent à franchir le portail de l’université, une somptueuse blonde, Kaga Kouko, s’approche avec un bouquet de roses qu’elle jette à la figure de Mitsuo…
Je me suis pris la peine de vous refaire le pitch de départ car la plupart des synopsis passent outre le fait que Banri est amnésique. La série montre combien les souvenirs sont importants, façonnent l’individu et rattachent les êtres. Alors comment parler de Golden Time autrement? En se contentant de dire que la série dresse un tableau rayonnant de la vie d’étudiant, avec ses fêtes, ses libertés, ses états d’âme? Peut-être aurais-je mis les pleins feux sur la relation entre Mitsuo et Kouko, servie comme un leurre le temps de quelques épisodes? Parlons donc des personnages, en commençant par l’héroïne.
Kaga Kouko semble tout droit sortie d’un magazine de mode avec ses longs cheveux blonds, son sac de cuir noir, ses grandes boucles d’oreille, son bracelet, sa robe et ses froufrous. On a tout de suite l’impression d’avoir affaire à une fille de riche, hautaine et arrogante de surplus. Choyée depuis sa plus tendre enfance, Kouko croit que le monde lui appartient et que Mitsuo est à elle. Sa façon de coller désespérément à un ami d’enfance qui ne veut pas d’elle achèvera d’agacer le public et de lui interdire toute forme de sympathie. Malgré son caractère, Kouko reste le personnage le pus intéressant de la série, celle dont l’évolution est la plus marquée. Au fil des épisodes, elle apprend que l’amitié ne se construit pas de façon unilatérale, que son orgueil et son égoïsme ne lui apportent rien.
Kouko n’évolue pas toute seule. C’est surtout grâce à Banri qu’elle progresse et qu’elle parvient à se créer une place dans un lieu où elle n’avait pas forcément la sienne. Les deux personnages se ressemblent en fait beaucoup, livrés à eux-mêmes en quête de nouveau départ. Il s’avère très vite que Banri possède lui aussi ses propres tares. Coupé de toutes racines, incapable de se souvenir de son passé, il souffre en silence d’une situation qu’il ne tient pas vraiment à partager avec ses nouveaux camarades. J’avoue avoir eu du mal à éprouver de l’empathie pour ce personnage tellement il manque de caractère. En outre, son amnésie est traitée de manière si tragique et fantasmagorique qu’on croirait plutôt à un cas de schizophrénie avancée.
Linda, quand à elle, a conquis le public par son naturel et sa simplicité qui en font l’antithèse parfaite de Kouko. Linda, c’est un peu le paysage enchanteur qui accueille Banri dans sa nouvelle école : une danseuse en geisha qui dégage un charme fou et pittoresque. C’est elle qui convainc Banri et Kouko d’entrer dans le club de danse du festival. Impossible de ne pas éprouver de sympathie pour un personnage qui devient très vite une sorte de grande sœur pour Banri, guidant ses premiers pas dans son nouvel entourage, tout en gardant ses distances.
Et il y a les autres : Mitsuo, le meilleur pote de Banri qui fuit Kouko comme la peste, 2D-kun, un otaku sympathique mais qui vient juste grossir le casting, et Chinami, une petite demoiselle "ultrasonique" qui répand sa bonne humeur partout, toujours avec une caméra à la main. L’ambiance est plutôt bon enfant au sein de ce petit cercle d’amis même si les histoires de cœur y sèment parfois la tempête. N’oublions pas la voisine de Banri, Nana, un clone de la Nana d’Ai Yazawa qui pue la classe et qui viendra plus d’une fois en aide à notre héros malgré son sale caractère. Des personnages qui remplissent plutôt bien leur rôle d’adjuvants mais qui ne profitent malheureusement pas d’un background très approfondi, bien trop éclipsés par le trio de tête.
Je me fiche bien mal de la réalisation en dents de scie : Golden Time décrit une jeunesse dans toute sa fougue, avec ses amours à sens unique, ses relations conflictuelles, ses petits groupes au sein desquels chacun recherche sa place. C’est l’histoire d’un nouveau départ plein d’espoirs, d’un nouveau printemps. Une romance pleine de franchise qui surfe à bon rythme sur les houles du temps. Qui se heurte aux vagues que sont les doutes, la jalousie et l’égoïsme. Une tragi-comédie qui laisse une belle part aux larmes, aux cris de désespoir, aux mélodrames appuyés, où les sentiments trop longtemps refoulés s’écoulent parfois de manière incontrôlée. Et malgré tous ses excès, malgré tous ses égarements, la série est parvenue à réveiller la fleur bleue qui sommeillait en moi.