Critique de l'anime Highlander, Soif de vengeance

» par watanuki le
21 Février 2008
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Kawajiri est désormais un vétéran de l’animation japonaise, un dinosaure qui a connu tous les états et toutes les évolutions du marché. Il est aussi l’un des rares à être resté fidèle à lui-même, et au studio qu’il a contribué à créer, Madhouse.

Que ce soit dans des films tels que Ninja Scroll, Wicked City, ou encore Vampire Hunter D, jamais Kawajiri ne semble avoir rechigné à réaliser un film dont le scénario soit lacunaire. A vrai dire, ce n’est pas ce qui l’intéresse, tant il aime à répéter la même figure au fil de ses œuvres : il s’agit pour lui de construire deux personnages totalement opposés, des antagonistes parfaits, poussés parfois jusqu’à la caricature, et voir où cela le mène. On retrouve de ce fait des composantes essentielles à l’univers du réalisateur: la violence et la sexualité. Kawajiri a souvent évolué aux frontières du hentai, et il a toujours privilégié l’image forte à l’histoire bien menée. C’est à la fois ce qui rend ses œuvres géniales et reconnaissables, et ce qui lui attire souvent les remarques les plus dures concernant la violence et la sexualité dans l’animation japonaise. Ici, Highlander déroge un peu à la règle dans la mesure où l'érotisme est moins présent, co-production américaine oblige.

Que dire de ce Highlander ? Comme Ninja Scroll, le scénario est peu développé, tout juste prétexte à des scènes époustouflantes nourries de Matrix et de Gladiator, et à des flashbacks somptueux permettant à Kawajiri de réaliser de petits courts-métrages d’une perfection plastique sans égale. En cela, son chara-design reste toujours aussi impeccable. Cela dit, on observe quelques modifications, qui empêchent Highlander d’atteindre le sommet de Vampire Hunter D ou Ninja Scroll : réalisation internationale oblige, Kawajiri a dû supprimer toute forme trop choquante de sexualité. On sent bien par moment qu’il aurait pu allr plus loin, mais il se contente de suggérer. Quant à la violence, elle est nettement plus contenue, plus stylisée, comme si la production américaine l’avait en quelque sorte forcé à esthétiser un univers pourtant conçu pour être brutal et malséant.

Lorsqu’on regarde un film de ce réalisateur, il faut tenir pour acquis le cliché, la virilité, le sexe, la violence, etc. C’est ce que Kawajiri en fait qui rend cet univers passionnant : en quelques coups de pinceaux très basiques, il parvient encore une fois à lancer des personnages dans une course-poursuite fascinante à travers les âges. Le manichéisme exacerbé n’est qu’un prétexte au spectacle : Kawajiri est un metteur en scène, un réalisateur qui cherche avant tout à interroger ce qui fait l'intérêt de la violence et du sexe, ce qui fait de lui le dernier héritier du film d’action américain des années 80, et de l’animation japonaise pour adulte de la même décennie. Highlander ne pouvait rêver mieux, et si Kawajiri ne signe pas ici son chef-d’œuvre ultime (qui pourrait bien être Program, le court-métrage d’Animatrix), il livre encore une fois une œuvre infiniment reconnaissable, et tout à fait excellente, pour peu que l’on accepte le déséquilibre inhérent à toute réalisation de ce grand personnage.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

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