Hoshi o Ou kodomo, où, quand, comment critiquer cette merveille de l'animation japonaise? D'abord une rapide présentation, pour les quelques personnes qui suivent l'actualité, il s'agit du dernier film en date réalisé par Shinkai Makoto, et honnêtement, on est assez éloigné de ses précédents travaux. En fait, et pour faire simple, ce film est un peu un mélange de Ghibli, de Voyage au centre de la Terre le tout saupoudré de graphismes à la Shinkai. Et nous voilà embarqué pour deux heures de plaisir intense.
La toute première chose qui frappe, comme à l'accoutumée pour ce réalisateur, c'est l'esthétique. Mais on assiste à, selon moi, un véritable changement par rapport à ses productions habituelles (La tour au delà des nuages, 5cm par seconde..). Je m'explique. Là où les deux films précédemment cités proposaient des décors à couper le souffle, dignes de figurer en tant que cartes postales, ces derniers étaient pourtant amputés de toute forme de vie. Rien ne bougeait, tout était froid. Alors certes c'était beau, mais ça s'arrêtait là. Sauf qu'il en est tout autrement pour Hoshi o Ou kodomo, on a enfin droit à des plans regorgeant de vie. Les couleurs utilisées sont chaudes, l'herbe bouge au gré du vent, les nuages se meuvent tranquillement et les personnages s'intègrent bien mieux qu'avant. J'ai également trouvé que ces mêmes décors tendaient bien plus sur des effets peintures/aquarelles et moins les travaux via ordinateurs, la 3D a quand à elle quasiment disparu pour notre plus grand plaisir.
En plus de paysages débordant de vie, on assiste également à une refonte dans le chara-design. C'est moins frappant que pour l'esthétique globale, mais j'ai vraiment eu l'impression qu'on se rapprochait de certains films made in Ghibli, un style un peu plus sobre donc, mais qui colle bien mieux à l'univers proposé. En parlant des personnages, ces derniers ont réussi à m'embarquer avec eux dans leur aventure un peu folle. Touchant, sympathiques, sans être trop niais pour autant, ils jouent tous assez bien leur rôle respectif et la fin révèle plus en détail leur personnalité. Evidemment, il y a un arrière-goût de déjà vu, mais rien de bien troublant.
L'histoire de son côté part sur les mêmes bases que l'oeuvre de Jules Verne précédemment citée, c'est à dire qu'après une présentation assez courte de la vie de tous les jours d'Asuna, celle-ci va se retrouver embarquée dans un périple long, pas toujours simple, mais en direction d'un univers bien plus féérique. Ce dernier a eu le droit, outre sa retranscription graphique, à un certain travail, entre autre sur le background. Rien de très recherché non plus mais c'est assez appréciable. J'ai cependant moyennement accroché à leur réécriture de l'Histoire, mais ça je vous laisse le découvrir lors de votre visionnage. Une histoire donc somme toute suffisante à me tenir devant mon écran, souvent poétique sans pour autant verser sur le mélancolique, ce à quoi nous avait habitué Shinkai, agrémentée d'un début de romance qui ne prend pas toute la place sur l'intrigue.
Pour finir, évoquons la bande-son, magistrale du début à la fin, si on omet la chanson de fin. Entre bruitages collant très bien aux décors (bruits de criquets, légère brise), les voix que j'ai trouvé convaincante et qui correspondent aux personnages et aussi, mais surtout des pistes sonores divines, autant le dire, mes oreilles ont pris cher. J'ai adoré les musiques qui m'ont porté du début à la fin et ont toujours su souligner l'émotion que présentaient certains passages du film. De l'excellent boulot donc, qui ne fait qu'accroître ma sympathie envers une production qui a décidément beaucoup à donner.
Certains en parlaient déjà il y a quelques temps, Shinkai Makoto serait-il le prochain Myazaki? Cette oeuvre tend beaucoup plus vers celles du célèbre réalisateur, et même si elle n'évite pas quelques similitudes, elle arrive sans mal à se distinguer pour un résultat des plus réussis. Je l'aurai attendu ce long-métrage, et bien il ne m'a pas déçu. Courez donc le voir. Qu'on aime ou qu'on aime pas, chacun se doit au moins de l'essayer.