GITS 2 Innocence : les cyber-philosophes

Le premier film Ghost in The Shell a d'excellentes raisons d'être une référence incontournable de la japanime, voire du cinéma tout court. En choisissant d'y apporter une suite, Mamoru Oshii a joué quitte ou double. En effet, là où certaines "suites" de films parviennent à transcender l'original (L'Empire Contre Attaque, Matrix Realoded, The Dark Knight), d'autres arrivent tout juste à se maintenir dans leur ombre. Et pardon de trahir le suspense, mais c’est typiquement le cas ici.

Ce GITS 2 se situe dans la continuité directe du premier film, et il est clairement inabordable pour ceux qui ne l'auraient pas vu. Le Major Kusanagi est absente et c'est à Batou et Togusa de faire équipe pour résoudre une affaire sordide mettant en scène des sexdroïdes tueurs. En réalité, l’histoire en elle-même n’est pas passionnante, puisque l'intérêt du film réside dans la réalisation, extrêmement sophistiquée. Trop sophistiquée.

Très vite, on perd de vue le fil du récit pour être plongé dans une ambiance étrange où la science-fiction côtoie l'onirique. Mise en scène tordue et boursouflée, dialogues pompeux, cet anime saute à pieds joints dans tous les pièges du genre cyberpunk ; ceux que les Stand Alone Complex (les séries télé de Kenji Kamiyama) avaient su éviter.
Sous couvert d'apporter une réflexion sur l'essence de l'Homme par rapport aux machines, le long-métrage gave le script de références plus ou moins obscures à la philosophie, tant et si bien qu'à un certain moment, les dialogues se transforment en catalogues de citations. Le spectateur est forcé de suivre ce déballage de concepts et aura du mal à retourner dans l'histoire une fois celle-ci remise en marche.

Il aura toutefois de quoi compenser avec la réalisation proprement dite. C’est avec tout mon sérieux que je dis que ce film d'animation est un des plus beaux que j'ai jamais vus. L'animation, la caméra, les décors et couleurs, ont bénéficié d'un soin tout simplement stupéfiant. Jamais un film d'animation ne m’aura procuré des sensations aussi proches de films live. La 3D fait une entrée fracassante mais elle n'altère en rien le feeling général qui est que ce GITS 2 est une merveille technique et peut être vu rien que pour ses graphismes.

Mais cela ne me suffit certainement pas à qualifier ce film de réussi, ni même de bon. Profitant du succès du premier film pour laisser libre cours à ses lubies stylistiques, Oshii a produit là un film élitiste dans le mauvais sens du terme, destiné à une frange de fans acquis dès le départ et laissant les autres sur le bord de la route. Rien à voir avec les séries de Kamiyama qui, sans délaisser complètement l'héritage de l'original, sont plus accessibles et intéressantes.

Les plus
- Réalisation extraordinaire
- Mise en scène tortueuse et prenante
- Personnages toujours charismatiques
- Réalisation extraordinaire, again

Les moins
- Where are you Major ?
- Dialogues nombreux et hermétiques
- Ne divertit pas