Histoire de me remettre les idées au clair en préparation de la nouvelle saison (Exodus) prévue pour l'hiver prochain, je me suis décidé à re-regarder Fafner. Et soit mes souvenirs se sont estompés, soit j'ai depuis acquis une nouvelle culture (et pas seulement animesque) qu'il me le fait voir sous un jour nouveau car la série est même meilleure que ce que j'en avais gardé.
Fafner était la première série pour permettre à Xebec de se faire un nom et le studio fait le choix - c'était la mode à l'époque - de sortir un Eva-like. Dans le cas d'espèce, on peut même parler d'Eva-clone ; le mimétisme est poussé vraiment très loin. L'humanité est au bord de l'extinction, attaquée par une race extra-terrestre avec laquelle la Terre n'arrive même pas à communiquer. Pour se défendre, une faction humaine dissidente de l'organisation mondiale officielle élève des enfants un peu spéciaux pour piloter des robots géants et tataner la tronche de leurs ennemis : les Festums.
La série s'est faite pas mal bâcher à cause d'une technique pas toujours à la hauteur de ce que l'on voit à l'écran. Le mecha-design, tout en 3D, est assez vite conspué et l'animation lors des combats bien en deça de ce qu'on a vu dans Evangelion. Avec le recul, je suis plus clément. Depuis, on a vu bien pire en matière de robots tout en CGI et, conscients de leurs lacunes, les animateurs de chez Xebec ne tente pas d'animer ce qu'ils ne savent pas faire et compensent avec une belle mise en scène. A tout le moins, les robots sont bien identifiés et on ne confond jamais l'un avec un autre même si on ne le voit que sur une brève image. De plus, pour les ennemis, l'étrangeté visuelle fait écho à l'étrangeté que les Festums sont pour les humains. Idem pour les décors qui restent simples.
Le chara-design de Hisano Hirai qu'on voyait partout à l'époque jusqu'à l'overdose est de grande qualité. Il commençait déjà à pousser le bouchon un peu loin avec les "pitits traits" sous les yeux mais ça reste de l'ordre de l'acceptable. Surtout, les visages sont très expressifs sans que les traits soient exagérés. La cohérence visuelle est garantie.
Le choix de la musique est particulièrement judicieux. Les deux génériques, aussi bien celui du début que celui de fin, tous deux d'angela m'avaient hypnotisé à l'époque et le charme est toujours bien là. Mieux, l'ensemble de la bande son est assez propre et plutôt bien utilisée. Je note particulièrement un thème au piano lors de la bataille finale. La plupart des productions auraient opté pour une musique plus épique mais beaucoup trop classique.
Enfin, c'est par son histoire et sa narration que Fafner tire son épingle du jeu et même surclasse son modèle. De bout en bout la série est constante. Attention, je ne dis pas qu'elle ne contient pas des moments plus forts que d'autres chargés en émotion. Mais la plupart des mystères sont parfaitement expliquées. Et pour les rares passages encore dans l'ombre, on a suffisamment de pièces du puzzle pour reconstruire ce qui manque. La fin est satisfaisante : l'essentiel des intrigues sont résolues et les clés de l'univers trouvent leur conclusion. C'est une démarche plus honnête et réussie que de balancer des trucs cools au vent et démerdez-vous. Une série qui démontre son intelligence plutôt que d'essayer de faire croire au spectateur que c'est à lui de fabriquer le mécano.
La thématique centrale de Fafner est plutôt classique. Dans cette guerre silencieuse - Humains et Festums n'arrivent pas à communiquer en dehors des combats - l'enjeu est de comprendre l'autre. Mais le camp d'en face n'est pas humain. Ce n'est pas une espèce anthropomorphe sur laquelle on peut bâtir des parallèles ou une race insectoïde à l'esprit de ruche qui est l'alternative courante en SF. Les Festums sont des cailloux, des cailloux qui pensent certes mais des cailloux quand même. Les concepts d'individualité et même de vie et de mort leur sont totalement étrangers. C'est un sujet éminemment casse-gueule mais les scénaristes s'en sortent avec brio et cette guerre du premier contact est passionnante à suivre. Et la résolution, bien qu'attendue, très bien amenée.