Maison Ikkoku est une de ces œuvres qui ont véritablement marqué ma jeunesse...je dirais même sans hésiter que son "esprit" fait aujourd'hui partie intégrante de ma personnalité (Ah, quoi? Quelqu'un a dit "fanboy"?).
Pour faire simple et clair, je dirais tout simplement que Maison Ikkoku est pour moi LA meilleure comédie romantique existante (Et peut être même ma série préférée).
La base est simple mais particulièrement bien pensée pour faire de Maison Ikkoku une œuvre humaine et touchante: Kyoko, veuve, n'arrive toujours pas à se remettre de la perte de son amant, Soichiro (qui fut son premier amour, aussi). Obstinée, et surtout choquée, elle adopte un comportement de renfermement sur elle-même et ne veut pas avoir d'autre homme dans sa vie: elle entretient alors une relation artificielle, imaginaire, avec le défunt (elle nomme même son chien Soichiro, en la mémoire de celui-ci). La série démarre alors avec son arrivée à la pension Ikkoku, c'est à présent elle qui est chargée de gérer le pensionnat Ikkoku-kan...habitée de personnages tous aussi loufoques les uns que les autres (à part Godai, même s'il a certaines folies...). Et c'est en là que réside l'une des problématiques les plus intéressantes de Maison Ikkoku. Dans la continuité de la vie et des relations humaines, faut-il vraiment s'obstiner à vouloir se sacrifier en la mémoire d'un être cher décédé? Rien que par le fait de vivre entourée de Godai, jeune étudiant, et des autres (Yotsuya, Ichinose, Akemi puis Mitaka etc...), Kyoko est amenée, très lentement, à remettre son comportement en question.
Et je trouve formidable la manière dont sont traitées les relations humaines dans Maison Ikkoku. Les personnages sont crédibles, ils ont chacun une personnalité qui leur est propre. Et le mieux dans tout ça, c'est le réalisme de la série. A part Kyoko, tous les personnages vivent une vie normale et ne sont pas victimes d'un passé lourd ou ténébreux. L'environnement est quasiment toujours le même (j'ai l'impression qu'une énorme majorité des épisodes démarre dans le pensionnat, avec notamment un gros-plan sur l'horloge sur le toit). Et enfin, pour une longue série de 96 épisodes, peu de nouveaux personnages sont venus s'ajouter à la troupe de départ. Ça pourrait sembler bien ennuyeux comme schémas, et pourtant c'est tout le contraire qui en résulte: l'œuvre n'en est que plus attirante car on finit par s'attacher à ces personnages et à ces endroits qui leurs sont familiers et chers (le pensionnat Ikkoku-kan, le bar du coin Chachamaru...). Et puis jamais je n'ai été aussi attaché à des personnages pourtant secondaires (Yotsuya, Ichinose, Akemi etc...), car pour une fois, ils ne sont pas juste "posés" là pour remplir un vide ou pour faire joli (ou encore pour le fan-service, comme ça se fait malheureusement beaucoup trop de nos jours...), ils sont là en force, avec une personnalité, un comportement et des rôles cohérents (L'humour de Maison Ikkoku étant, en plus des quiproquos habituels, basé sur l'ambiance festive qui règne au pensionnat, mais aussi sur les moqueries constantes des colocataires de Godai...Maison Ikkoku sans eux serait vraiment très fade, et on peut remercier Rumiko Takahashi pour cette bonne vieille habitude de placer un peu partout folie et absurdité...).
Côté technique, encore un plus, car personnellement, je trouve cette série supérieure aux productions de son époque, voire même supérieure à beaucoup d'autres productions d'aujourd'hui. En vérité, la technique n'est pas du tout constante. On sent clairement les changements de rôles (au niveau du staff) dans la production. Le chara-design change de manière cyclique tout au long de la série, parfois c'est "old-school" et plus proche du style de Takahashi, l'animation est alors raisonnable. Parfois ça part vers un type plus "arrondi", plus "moderne", si je peux dire, les corps sont alors plus réalistes et l'animation est soudainement d'une bien meilleure qualité (j'ai retenu certaines séquences de très bonne qualité, quelques-unes m'ont vraiment marqué, notamment la scène où Kyoko court sous la pluie...).
Les openings et les endings ne sont pas spécialement marquant niveau graphismes (toutes ayant été produites avec ce même rendu "old-shcool", et malheureusement aucune avec le second). Par contre, les musiques choisies pour celles-ci m'ont énormément plu. C'est vieux, mais qu'est-ce que c'est romantique... En plus, pour quelqu'un ayant déjà regardé la série étant petit, rien de plus efficace pour déchainer la passion du nostalgique.
La BO est quant à elle très légère, simpliste. Mais c'est parfaitement bien adapté aux différentes situations, en partant des moments d'absurdité de cette bande de joyeux loufoques d'Ikkoku-kan, en passant par les moments plus calmes en matinée, en allant aux moments les plus sérieux et déterminants de la séries, on a pu compter sur Kawai Kenji pour gérer ces différentes ambiances avec simplicité et efficacité.
A force de m'aventurer dans le domaine, j'ai fini par devenir de plus en plus exigeant en terme de japanimation (et d'animation en général)...j'en suis même devenu quasiment impitoyable, n'ayant aucune pitié pour les séries moyennes (car, au fond, je sais que ce n'est qu'une question de volonté de la part des animateurs). Et dans un filtre particulièrement sévère, Maison Ikkoku a su passer haut la main car il s'agit non seulement d'une œuvre humaine et attachante, mais aussi d'un travail sincère et appliqué de la part du studio.
Flamme de nostalgie oblige, j'accorde donc à cette série un rare 10/10.