Qu'est-ce qu'un dieu au milieu des mortels, un dieu oublié, un dieu sans passé? C'est le thème audacieux de cette série et l'on peut dire que le mélange entre ce sujet et le monde adolescent marche furieusement bien.
Cela fonctionne par le caractère propre de chaque protagoniste. Ce sont des adolescents dans toute leur banalité, des vies sans histoire, de celles dont on fait les messieurs et mesdames tout le monde. Des amitiés, des amours plus ou moins avoués, et pour l'un d'entre eux une plongée dans l'extraordinaire.
Cela fonctionne parce que, plutôt que de partir dans une quête fantastique, l'histoire prend les choses à rebrousse-poils et pose les questions du quotidien. Qui est-elle, comment la présenter ou plutôt la cacher au monde, tacher de répondre aux inévitables questions, en bref ces petites choses que bien des animés évacueraient avec rapidité. Là, au contraire, cela devient essentiel, un pivot de toute la série. Le fantastique et la routine du quotidien, le télescopage est bien maîtrisé, la routine donnant le rythme des épisodes, le fantastique (via les personnalités de Nagi ou de Zange) leur donnant fréquemment leur sel. Il y a souvent l'utilisation à bon escient du caractère décalé de ces divinités oubliées. A aucun moment on ne tombe véritablement dans les travers, par exemple, d'une série "harem" alors que l'on a tous les ingrédients pour cela.
Cela fonctionne bien car la série est techniquement bien réalisée. Le chara-design n'est pas si banal et certains personnages, tout particulièrement celui de Nagi, sont des plus réussis. Après, tout est affaire de goût, mais personnellement j'ai trouvé qu'il convenait particulièrement bien à cette série. Je pense que, dans un univers où l'on a souvent des tendances (n'est-ce pas mesdemoiselles à cheveux roses), le design utilisé pour Nagi pourrait faire école dans les prochains mois.
L'OST est à l'image de l'animé. Il s'intègre bien avec le contraste que fournit l'opening, sous forme de chanson pour ados, et l'ending, qui est une balade nettement plus calme. Entre la banalité du quotidien et quelque chose que se veut plus spirituel.
Kannagi est donc pour moi une bonne surprise durant laquelle je ne me suis pas ennuyé une seule fois avec un bon parti-pris scénaristique, des personnages qui peuvent séduire d'emblée, d'autres qui se révèlent plus intéressants qu'on ne pouvait le prévoir (Jin), pratiquant l'humour de situation à bon escient. Pour l'instant, c'est la bonne surprise de cette fin 2008 en ce qui me concerne.