Le manga « Kenshin le vagabond » laissait la porte ouverte à de nombreuses possibilités. Fin par ailleurs que bon nombre trouvait décevante, laissant un goût amer, certains diront naïfs, d’inachevé. L’occasion était donc trop belle ! Trop belle pour ne pas saisir au vol la possibilité de conclure cette œuvre de 28 Tomes et 95 épisodes animés. Trop belle pour laisser tant d’amateur de cette série sur le carreau, et enfin, trop belle pour ne pas profiter de l’occasion d’exploiter à bien une licence et d’en retirer un joli petit bénéfice.
Les OAV de Rurôni Kenshin Tsuioku Hen avaient été une réussite tant sur le point artistique, émotionnel, graphique, sonore et j’en passe. La barre était haute, et reprendre le flambeaux afin de proposer un épilogue à la série qui soit à l’image de l’introduction proposé par les 4 OAV, n’était pas chose aisée.
Alors challenge réussi? Je vous dirais que répondre soit par l’affirmative, soit par la négative s’avère pour ma part d’une complexité jamais rencontrée jusqu’alors. Vous l’aurez donc compris, si la première série d’OAV ne trouvait pas de défaut rédhibitoire à mes yeux, ceci est loin d’être le cas cette fois ci, je vais tacher de m’en expliquer.
C’est sans doute toutes ces questions qui vont amener l’éditeur à nous présenter deux OAV qui puissent d’une part rappeler l’histoire originale (premier épisode), et ainsi parvenir à s’en détacher (2eme épisode).
Quel est donc l’intérêt du premier ? Certainement pas s’adresser à un public de néophytes en la matière. Car soyez prévenus : si vous n’avez pas vu ou tout du moins lu « Kenshin le Vagabond », passez votre chemin. En effet, si le premier OAV peut être considéré comme « résumé », il n’en reste pas moins très décousu, omettant les ¾ de l’histoire. En fait il s’agit simplement de se remémorer les scènes ayant marquées Kaoru, que ce soit sa rencontre avec Kenshin, les départs et retour de celui-ci, l’idylle naissante, le trouble causé par la présence d’Enishi… Ca va vite, dans un sens c’est inutile pour ceux qui connaissent déjà la série, dans un autre sens c’est incompréhensible pour ceux qui ne la connaissent pas.Le seul intérêt que j’y vois c’est de faire monter le degré d’émotion pour le 2eme épisode. Préparer le terrain, afin, de centraliser l’histoire sur la relation Kenshin-Kaoru.
Maintenant si la première partie parait étonnante et ne sert qu’a planter un décors, la deuxième partie prend son envol et ce de la plus belle manière qui soit. Exit le Kenshin « Oyo », le Kenshin gentillet. Non, le premier OAV ne nous l’aura présenté que sous sa forme la plus sombre qu’il soit, et force est de constater que le Kenshin-Battosai des premiers OAV est de retour.
La grande force de cet épisode est de nous présenter cet homme dans toute sa faiblesse qu’elle soit mentale ou physique. Cet homme qui, marqué au fer rouge par ses assassinats mais aussi et surtout marqué par celui de son ancienne femme, cet homme a donc perdu sa superbe. Père tourmenté, qui s’enfuit, homme atteint d’une maladie incurable, on est loin du Kenshin triomphant que l’on a pu voir auparavant.
La beauté de ce personnage tient ainsi dans toute sa faiblesse. Le visage marqué et creux, le regard perdu, la démarche agonisante, rarement déchéance n’aura été si cruelle et bien rendue sur l’écran. Ainsi Kenshin nous apparaît pour la première fois sous des traits « humains » en relation avec son physique : petit et chétif. Là ou seule la volonté forgeait sa force, une fois disparu vaincu par ses anciens démons Kenshin n’est plus qu’un être normal, voir même moins. Le charisme qu’il possédait autrefois se transforme ici en sentiment de pitié.
Et voilà que l’animation japonaise nous transforme cette histoire en Tristan et Iseult féodalo-nippon. Avec des acteurs par ailleurs brillants
L’accent est donc clairement au drame, et l’annonce de la maladie incurable de Kenshin nous laisse très rapidement deviner quelle sera la fin proposée. L’on pourrait être déçus par un épilogue sinistre, glauque et misérable dans un sens. On le pourrait mais finalement n’est ce pas la grande force de ce scénario, de nous présenter la fin d’un homme qui malgré tout ses fait d’armes, toutes ses victoires n’arrivera jamais à vaincre ses démons le hantant depuis son enfance. La toute dernière scène entre Kenshin et Tomoe est remarquable de pudeur, et de douceur, une scène qui marque.
Bien entendu, une telle direction ne pouvait pas se faire sans talents. Et même si le dessin a perdu de sa superbe, force est de constater qu’il demeure de belle chose. Le chara design est tout à fait acceptable, et l’animation fait preuve d’une grande grâce de mouvement avec des graphismes toujours aussi soignés. La bande son accompagne toujours avec la même pudeur les événements, un doublage parfait et c’est tout doucement que l’on se dirige vers l’inéluctable fin.
Au final que dire de plus sinon que d’un coté il y a un OAV qui tout seul ne présenterait que peu d’intérêt, et de l’autre une fin remarquable qui permet paradoxalement d’asseoir le Kenshin moribond au rang des héros que l’on oublie pas. Le procédé étant si peu de fois concluant, le passage d’une série Shonen- série adulte étant magnifié ici, saluons cette production, et saluons une dernière fois le personnage de Kenshin, décidemment bien plus intéressant que ne le laissait supposer son créateur, Nobuhiro Watsuki.