Le studio Bones avait fort à faire en programmant une série qui devait directement succéder à Full Metal Alchemist. Tout a dès lors été programmé pour que la succession se fasse sans vague, et c'est un Kurau Phantom Memory des plus discrets que le studio nous a livré, une série presque sortie en catimini, mais qui mériterait d'être mieux connue.
Certes, probablement pour ne pas faire de vague et ne pas trop faire de l'ombre à leur juteuse franchise FMA, les moyens ont été relativement limités pour Kurau, et l'animation, tout comme la colorisation, achèvent de placer cette série dans la catégorie des outsiders. C'est donc le scénario à lui tout seul qui se doit de relever la barre.
Dès le départ, la série n'a rien à voir avec FMA, mais il est amusant de noter quelques ressemblances fortuites : après deux frères, nous avons deux "soeurs", qui cherchent à retrouver leur monde d'origine, et Kurau elle-même a sectionné sans le faire exprès le bras de son père (dans FMA, c'est le bras du héros qui est enlevé).
Pour le reste, Kurau est une série qui tranche radicalement avec le monde de FMA. Le monde où se situe l'action évoque très fortement "Planètes" dans la première moitié, tandis que la présence régulière de petits messages en fin d'épisodes donnent à la série un léger parfum de Cowboy Bebop, en plus maladroit (messages un peu lourdeaux). Le scénario est très bien mené, et l'on se prend très vite au jeu, Kurau devant échapper au GPO, une organistation toute puissante cherchant à l'emprisonner pour faire des expériences. Cela dit, l'histoire insiste plus sur les sentiments, et sur les liens qui unissent les personnes. Une personne, sur un site internet quelconque, écrivait qu'elle avait éprouvé les mêmes sensations en voyant cette série, que lors de la naissance de sa fille... Belle remarque, qui a le mérite de faire ressortir cette ambiance spécifique de douceur et de gentillesse propre à la série : Kurau et Christmas sont attachantes, et la série propose son lot de protagonistes qui tous sont en quête de ce lien familial.
Niveau graphique, il faut dire que c'est assez inégal, la qualité varie selon les épisodes, mais quoi qu'il en soit, il faut insister sur la beauté du charadesign des deux héroïnes, splendides (pour les autres personnages c'est déjà moins bon) : le studio Bones possède un staff excellent, en particulier pour dessiner les yeux, qui ont une profondeur et une beauté typique du style Bones. De vrais chefs-d'oeuvre que ces yeux, ce dès le générique de début !
Le générique, justement, est très beau, surtout pour ce moment où Kurau évite des tirs ennemis, et la musique, même si elle est parfois discrète, propose deux ou trois thèmes inoubliables, tandis que les chansons d'opening et ending sont franchement bonnes.
Seul point noir : que sont les Rynax ? C'est assez obscur, et l'on ne comprend pas trop leur fonctionnement, surtout lors de la "naissance" de Christmas, tout bonnement improbable... Passé ce défaut, et à supposer que vous n'ayez pas de répulsion pour les Alpes suisses (toute la deuxième moitié de la série s'y déroule, et le générique de début privilégie les tons pastels et l'ambiance "pastorale"), il y a fort à parier que cette série vous plaise beaucoup.