Il paraît qu’en tapant le nom de celui dont on veut se venger sur un certain site à minuit, notre souhait est exaucé. Jigoku Shoujo est une série mêlant tranche de vie et fantastique. L’aspect qui frappe est une certaine monotonie dans le déroulement des épisodes comme il s’agit d’une vingtaine d’histoires de vengeances assez standards ponctués par la même phraséologie d’Enma Ai. Elle doit avertir son client du double gouffre qui se crée lors d’une vengeance : lui-même accompagnera la personne qu’il maudit en enfer, même si ce n’est qu’à sa mort.
Il est évident que la rébarbative apparente des épisodes en a rebuté plus d’un mais je dois reconnaître que ça varie quand même et que ce n’est pas si répétitif que ça en a l’air. Les derniers forment de plus une intrigue autour d’Enma Ai et de deux protagonistes que l’on suit durant la seconde partie de la série. Pourquoi Hajime et sa fille interviennent-ils si tard alors que leur présence est quelques peu salvatrice dans tant de monotonie? Une idée tardive? Mystère. Il ne faut donc pas avaler les épisodes trop vite sous peine d’overdose : on s’ennuie vite. Mais si on prend le temps de déguster chaque épisode, on peut alors apprécier toute la richesse de la série. Entendre les mêmes explications d’Enma Ai dix fois en une journée, ça pompe sévère. Il vaut mieux donc y aller à petite goutte et d’ailleurs l’absence d’intrigue réelle (ou plutôt tardive) encourage en ce sens.
Passons aux points fort de la série. En trois mots : ambiance, horreur, mystère. La bande sonore profite de pistes épiques et fantastiques alors que la réalisation se démarque surtout par ses jolies nuances de couleurs rouges et jaunes durant les interventions d’Enma alors que les décors de tous les jours se veulent sobres et réalistes. J’ai dit horreur mais le terme plus approprié serait malaise. Les différentes histoires visent a introduire un sentiment de dégoût envers une situation ou un personnage et veulent que l’on ressente assez de haine pour accepter le sort des condamnés ad vitam aeternam. Le plus souvent, c’est réussi, mais certains épisodes font un FLOP retentissant : je pense à celui du vétérinaire ou à la confrontation pathétique avec Gilles des enfers.
La touche mystérieuse est de loin l’aspect le plus réussi. On s’interroge sans cesse : qui est vraiment Enma Ai, c’est quoi cette araignée, qui est cette « grand mère » derrière le rideau? Pourquoi fait-elle cela? Souvent les questions restent sans réponse. On a droit la plupart du temps à une touche morale jouant sur le thème de la vengeance. Là, c’est très ambigu et le malaise plane car on se surprend souvent à apprécier la sombre destinée des protagonistes. La série parvient à réveiller la haine et le dégoût qui sommeillent en chacun. Des sentiments qui prouvent que l’on est humain.