Critique de l'anime La Fille des Enfers (TV 1)

Jigoku Shojo est un petite déception pour moi, malgré des atouts qui auraient pu en faire une des meilleures séries que j’ai vu jusqu’à présent.

Le concept d’envoyer une personne en enfer n’est pas sans rappeler le principe de Death Note, mais est ici poussé dans ses derniers retranchements. En effet, l’utilisation du service fourni Enma Aï n’est pas sans conséquence et implique qu’à la fin de votre vie, vous serez envoyé à votre tour en enfer (sans possibilité aucune de faire marche arrière ou d’espérer avoir une chance d’atteindre le paradis). Après tout, on ne négocie pas impunément avec le diable ou ses employés, et devant un tel dilemme (trouver enfin la paix durant sa courte existence mortelle ou passer l’éternité souffrir après sa mort) il est conseillé de réfléchir à deux fois si une solution plus « terre-à-terre » n’est pas envisageable. Car après tout, le seul service qui est proposé est celui d’une vengeance et, comme on le verra dans certains cas, la situation ne s’arrange pas forcément par la suite (elle aurait même tendance à empirer).

Vient aussi le problème de la vengeance en elle-même : au début on est tenté de se dire que le service n’est proposé qu’à ceux qui en ont vraiment besoin et pour qui elle se justifie pleinement, mais la close du contrat signé rend cet outil injuste au possible, alors qu’on pourrait le croire destiné à apporter un peu de justice dans ce monde. La plupart des personnes signant le pacte n’ont à l’origine rien demandé d’autre que de vivre en paix et le destin s’acharnant impitoyablement sur eux les pousse à jusqu’à commettre l’irréparable. Même par personne interposée, envoyer quelqu’un en enfer (qui n’en mérite pas forcément tant) reste équivalent à un meurtre. Il y a forcément un prix à payer et avec l’enfer, celui-ci se révèle très lourd.

Au fil des épisodes, on se rend également compte que Enma ne choisit pas forcément les contrats qu’elle accepte et répondra aux demandes de n’importe qui. Ainsi sera-t-elle bien souvent obligé de satisfaire les désirs morbides de ses clients qui veulent jouer avec le diable (pour s’amuser ou par défi) sans raison apparente, ou d’autre qui veulent s’en servir comme d’une arme pour se débarrasser d’une personne qui les dérange ou leur fait obstacle. A plusieurs reprises, des innocents seront ainsi envoyés en enfer sans aucune explication, et même en sachant que leur commanditaire finira par les rejoindre, on ne peut que s’empêcher de penser que des gardes-fous seraient les bienvenus pour ce genre de situations. Mais après tout, l’enfer n’a pas vocation à rendre une quelconque justice et se régale au contraire de ces travers de l’humanité.

Ajoutez à cela un graphisme abouti et une bande son qui colle parfaitement à l’ambiance morbide (voire malsaine) de l’anime et vous penserez qu’il y a là matière à faire un sans faute.

Malheureusement, même avec les meilleurs ingrédients possibles, si on vous ressort toujours la même recette vous finirez forcément par tomber malade, et c’est précisément ce qui arrive avec cet anime. Lors des premiers épisodes, on ne peut qu’être ravi par ces histoires de vengeances basées sur l’ambiguïté même du concept et des conséquences dramatiques d’un geste apparemment anodin (taper un nom sur Internet, puis tirer sur une ficelle), le tout avec une mise en scène envoûtante. Mais loin de se renouveler, l’anime s’enferme dans un schéma prédéfini qui ne bougera pas d’un pouce tout au long de la série (exception faite des 4 derniers épisodes). On retrouvera ainsi toujours les mêmes plans, la même réplique pleine de menace récitée inlassablement par Enma Aï sur un ton monocorde. La seule chose qui change, ce sont finalement les évènements qui poussent les différents protagonistes à faire appel aux services de la fille des Enfers. On pourrait croire qu’à un moment ou un autre, l’une de ces victimes (presque exclusivement des jeunes femmes d’ailleurs, je maintiens que ça fait quand même un peu fan service) aura l’idée d’essayer de régler son problème par elle-même (par le dialogue entre-autre). Mais non, même avec une occasion en or et l’intervention (elle aussi répétitive) d’un journaliste et de sa fille à partir du milieu de la série rien n’y fait : la vengeance finira toujours par s’accomplir et le compte des âmes expédiées en enfer continuera de progresser inlassablement. Que voulez-vous, il semblerait qu’il y ait des forces contre lesquelles il est vain de lutter…

Le graphisme pourtant réussi présente aussi une grosse faiblesse au niveau du chara-design des personnages : d’un épisode à l’autre, on a l’impression de se retrouver face à des clones tant les visages sont similaires.

Heureusement, les 4 derniers épisodes rattrapent le coup et présente enfin ce qu’il manquait jusqu’ici dans la série : un scénario liant davantage les épisodes entre eux et qui permet d’apprendre beaucoup de choses sur Enma et ses serviteurs. Il est regrettable que ça arrive si tard pour 26 épisodes mais au moins, on termine sur un bon point.

En conclusion, si pris un par un les épisodes ne manquent pas d’intérêt et que les différents récits de vengeances restent réussis (notamment grâce à l’ambiance sombre et torturée qui s’en dégage), l’accumulation de ceux-ci sans évolution d’un vrai scénario aura sans doute raison des spectateurs les moins patients. Ainsi sur les premiers épisodes, on est vraiment soufflé par la qualité de la réalisation et l’utilisation intelligente du concept. Puis arrivé en milieu de série on commence à se lasser de voir toujours les mêmes choses et il faut vraiment attendre la fin pour avoir un peu d’originalité et ainsi finir en apothéose.

Malgré tout, j’ai été relativement séduit par l’ensemble, et regarderai les 2 saisons suivantes dès que j’en aurai l’occasion, en espérant ne pas retrouver les mêmes erreurs.