Critique de l'anime Le Chevalier d'Eon

Un dessin animé sur l'histoire de France, encore un ! Comme les autres, il n'échappe pas aux clichés que les Japonais peuvent avoir sur la France : personnages avec des barbichettes, perruques qui tiennent mal en place, romantisme anachronique à tout crin, bref, de ce côté-là on est servi, les invraisemblances en plus : l'obélisque apparaît dans les générique sachant qu'elle n'est arrivée chez nous qu'au début XIXème, le chevalier d'Eon se voit attribuer une soeur, et Robespierre... Mieux vaut ne pas en parler.

C'est en fin de compte cet aspect fictif revendiqué qui nous permet de pardonner très vite l'invraisemblance historique du scénario : Ubukata a en effet su, en tirant parti de la petite Histoire, renouer avec le souffle des vieux romans en feuilletons du XIXème siècle : entre Dumas et Eugène Sue, le Chevalier d'Eon possède le souffle des classiques de notre bonne vieille littérature, l'aspect japonisant en plus dû aux dessins.

Une fois embarqué, on ne décroche plus, on suit avec impatience cette histoire haletante qui baigne dans l'ésotérisme et le fantastique tout en évoquant des histoires de complot, de magie noire et de messes basses diverses et variées. Le tout est occasionnellement un peu forcé, les monstres notamment évoquent un peu trop des vampires croisés avec des loups-garous, mais après tout, il faut du spectacle, alors autant en profiter.

On accusera aussi un peu facilement la série de s'essouffler un peu vers le milieu, les épisodes concernant la Russie et l'Angleterre pouvant parfois sembler se perdre un peu ; qu'importe, on prend un plaisir fou à suivre les démêlés du héros avec des ennemis de l'ombre et avec son propre passé.

Chaque personnage est solidement campé par un scénario qui fait miraculeusement l'économie de tout ce qui est superficiel : il faut voir avec quelle rapidité, et avec quel crédibilité le héros se trouve flanqué de trois acolytes et plongé au coeur d'une intrigue qui trouve son sommet au début et à la fin de la série, lorsque la boucle est enfin totalement bouclée.

Inutile d'évoquer les musiques et l'aspect technique, inutile de rire méchamment des couleurs du drapeau français qui ont été inversées dans le générique ; il faudrait être totalement réfractaire aux séries animées portant sur l'Histoire de France pour ne pas accrocher à cette histoire menée avec panache et talent, combien même elle pêche parfois un peu par excès.

Cette série mérite d'être soutenue, elle n'a pas fait le choix de la facilité, et ses concepteurs ont fourni un travail honnête et exigeant, appelant de la part du fan d'être pour sa part près à vivre une expérience résolument nouvelle et déstabilisante.