On a toujours su que l’histoire telle qu’elle nous est parvenue jusqu’à la fin des temps modernes n’était pas objective. Les réalisateurs du Chevalier d’Eon en sont bien conscients et ont décidé d’exploiter une des plus mystérieuse personnalité des chroniques de l’histoire de France pour élaborer une intrigue jonchée de magie, de zombies et de combats de cape et d’épée. Au final, une série assez fun mais difficile à digérer dans l’ensemble.
Au niveau de la réalisation je ne m’étendrai pas en louanges, au contraire, je me contenterai d’affirmer que je n’ai rien retenu. Aucune mélodie ne m’a marqué, les décors et le design des personnages m’a semblé d’une pauvreté et d’une banalité affligeante. On est à des lieues d’une réalisation atypique que nous propose par exemple un certain Gankutsuou. Le héros, d’Eon, semble en revanche judicieusement prendre les traits d’un personnage hermaphrodite et sa transformation quand l’âme de sa sœur prend le dessus est très subtile il faut avouer.
L’intrigue suit le parcours (historiquement vérifié) d’Eon de Versailles en Russie puis en Angleterre et son retour en France en donnant à son périple un fil fantastique qui a pour fond la résolution du mystère entourant la mort de sa sœur. Il croise sur son chemin de grands noms que l’histoire aura retenus pour une quelconque raison : Louis XV, Elizabeth de Russie, Robespierre, le comte de Guerchy, etc. On lui donne une sœur, Lia de Beaumont, qui était en réalité l’identité sous laquelle il s’était infiltré auprès de la tsarine de Russie et qui vient ici appuyer l’équivoque que la légende a élaborée autour de sa sexualité (fruit d’un travestissement forcé).
J’ai eu au final l’impression d’avoir affaire à une sorte de Da Vinci Code raté. On a droit à une intrigue proposant une énigme alléchante d’un premier abord, la mort de Lia de Beaumont et le mystère entourant les psaumes des rois. L’enquête fait voyager nos « quatre mousquetaires » et décrit les ficelles d’un complot fomenté par des poètes associés à certains nobles contre la royauté. Si le récit présente de multiples rebondissements, des trahisons et hauts faits qui vous couperont certainement le souffle, la quête de nos héros est bien trop échevelée pour être pleinement appréciée. C’est dommage car on s’attache à la trame de fond mais le récit n’est pas très bien mené et les scènes s’enchaînent de manière trop brusque en prenant souvent le spectateur à défaut.
Un série menée rythme battant qui propose son lot de surprises mais vous laissera avec un arrière goût désagréable sur la langue car elle tend fatalement à trop en faire… Les scénaristes feraient décidément mieux de laisser les personnages historiques là où ils sont : tapis dans les vieilles chroniques. Je goûte très peu à ce genre de fantasmagorie il faut l’avouer.