Michiko & Hatchin est un anime hors-norme, ne serait-ce que par l’univers qu’il dépeint. Ce road-movie se déroule en effet dans un pays fictif, une grande péninsule proposant divers climats allant du désert aride à la jungle tropicale. Bien que les doublages soient en japonais, les chansons, pancartes et autres supports d'écriture présentent le portugais comme langue dominante. L’environnement proposé ressemble donc fortement à notre Brésil contemporain, sans pour autant abuser des habituels clichés concernant ce pays. Mais l’ambiance y est : c’est coloré, exotique... et l'on est bercé par une superbe bande-son composée par un zikos brésilien. Au fil des pérégrinations de nos deux héroïnes, on ressentirait presque la chaleur étouffante de la ville basse ou l’agréable brise venant du large…
Revenons sur les protagonistes qui constituent la force motrice de la série. D’un côté, on découvre Michiko Malandro, une criminelle en cavale, à la fois sauvage, sexy et touchante ; de l’autre bord, Hatchi « Hatchin » Morenos, une fillette rebelle et sensible déterminée à retrouver son père, Hiroshi, ex-petit ami de Michiko. Au fil de l’aventure, elles apprennent à se connaître, s’engueulent, se réconcilient, se séparent, se retrouvent… Quels fichus caractères ! Finalement, leur relation prendra maladroitement la forme d’un amour mère-fille très fort et assez poignant. Parmi les personnages secondaires, Atsuko et Hiroshi apparaissent comme très réussis mais j’aurais apprécié davantage de flash-backs pour les mettre en valeur et, surtout, pour tenter d'expliquer leur comportement dans le présent.
La recherche de Hiroshi constitue donc le fil rouge du scénario mais la plupart des épisodes peuvent être regardés indépendamment. Associée à la course-poursuite avec la police, cette quête sert surtout de prétexte pour nous faire voyager et pour dresser le portrait de nombreux personnages atypiques, qu’ils soient adjuvants, ennemis ou simples figurants. A chaque étape nos héroïnes découvrent de nouveaux problèmes à résoudre, des défis à relever, des fausses pistes à écarter, etc. L’électricité des rapports Michiko / Hatchin apporte d'ailleurs d’épineuses complications, mais une bonne dose de débrouillardise doublée d’une certaine propension à l’insulte voire à la violence physique suffisent généralement à se tirer d’affaire. En général, les scènes d’actions mettent en scène des courses-poursuites (à pied, en scooter ou en voiture) des gunfights et quelques coups de chaussures à talons bien placés.
Au niveau technique, la série souffre parfois d’une certaine rigidité au niveau de l’animation, ce qui implique des mouvements peu naturels car trop saccadés. Mis à part ce détail qui ne concerne que certaines scènes, la série est magnifique et très dynamique visuellement : multiples valeurs de plans, cadres mouvants, effets de flou, vues subjectives… autant de techniques empruntées au cinéma et réemployées avec brio. Assez classique, le chara-design reste convaincant car très expressif. Enfin, chose assez rare, les personnages changent constamment de vêtements, ce qui apporte une appréciable variété graphique et permet de jouer sur l’ecchi... de façon modérée, rassurez-vous.
Navigant entre comédie et drame, Michiko & Hatchin est un surprenant road-trip qui met en scène deux des personnages les plus attachants qu’il m’ait été donné de voir. On pourra sans doute regretter la relative finesse de la trame scénaristique (que l’on peut nuancer avec la multiplicité des flashbacks) mais l’incroyable fraîcheur de l’ensemble impose à tous les curieux d’y jeter un oeil.