Je regardais déjà Natsume Yuujin-chou depuis quelques années comme un animal curieux, avant de me décider à l'approcher, et je dois dire que ce dernier est tombé à point nommé. En effet à mon sens l'humeur a un impact décisif sur la réception d'un anime. Je cherchais un truc léger et fun à mater quand j'ai trouvé Food Wars, j'étais plutôt en mode bourrin qui retourne à ses amours adolescents lorsque je suis tombé sur One Punch Man, et dans le cas présent je cherchais un anime m'inspirant la paix avant de dormir. À défaut d'une production où l'on se fait des gentils poutous, je me suis rabattu sur Natsume Yuujin-Chou (ou Natsume pour les intimes).
Natsume est un anime carte postale, du résumé jusqu'à l'affiche de couverture tout a l'air joli de loin, en conséquence de quoi, on a envie de regarder de plus près! Et honnêtement face à cette série on ne peut pas vraiment tomber des nues. En effet le manga étant initialement publié dans le magazine Shojo Lala (comme quoi en cherchant je ne suis pas tombé très loin de mes envies initiales!) on s'attend à un truc sucré/salé et pour le coup, le petit bonus Bishonen inspiré par le charadesign de notre protagoniste fait gentiment sourire. L'analogie vis-à-vis du Shojo s'arrête là puisque Natsume s'attaque surtout... aux Yokais! Encore...
Oui parce que cet aspect du folklore Japonais on l'a bouffé à toutes les sauces et le début incroyablement soporifique de la série m'a conforté dans mon scepticisme, toutefois comme il n'y a que les licornes qui ne changent pas d'avis j'ai persisté.
Et là... les portes de la perception furent décrassées! Nan je n'irais pas jusque-là, disons juste qu'il est facile de comprendre pourquoi Natsume plaît autant. La portée de son discours est aisément accessible et d'ailleurs l'anime n'a pas la prétention de vous apprendre la vie. Plutôt celle de narrer les imprévisibles rencontres journalières que fera notre jeune éphèbe tout au long de la série. À raison d'une aventure par épisodes, voire de plusieurs quand un seul ne suffit pas, le tempo de l'anime se veut régulier voir routinier.
Ce n'est par ailleurs, pas déplaisant vu le caractère éthéré de la série et la relative autonomie dont les épisodes bénéficient les uns par rapport aux autres.
Quant aux rencontres faites par notre délicat jeune homme, elles caressent l'affect avec parcimonie, laissant entrevoir une joie apparente pour mieux faire face à certaines circonstances poignantes de détresse. Cela donne souvent lieu à des moments de plénitude lors de la conclusion d'un épisode, créant une harmonie confuse mais néanmoins empreinte de délicatesse. Un peu comme cette fille dont je me suis amouraché le temps d'un été quand j'étais ado puis que j'ai quitté sur la plage à l'aurore quand la saison chaude a pris fin. Des accords simple et sybillins faits au piano... j'aurais pu en regardant les vagues après cela,avoir envie d'entendre certains thèmes de Nastume no Yuujinchou. La récurrence de ses sonorités familières a quelque chose de cliché dans son évidente envie de tirer sur la corde de la solennité mais bon, j'imagine que l'expérience parfois, c'est justement de lâcher prise et se laisser porter...
Je passerais rapidement sur le graphisme et l'animation qui n'ont absolument rien de notable, à la limite même de la fade ébauche. Ça non plus ce n'est pas dérangeant à l'arrivée, le style graphique à l'aquarelle en train de dépérir, renforçant l'impression de mélancolie dont souffre notre pâle lycéen.
Ah lalala si jeune et déjà plus atteint qu'un toxicomane en pleine "descente"! C'est pas comme si j'aurais des difficultés à m'intégrer si moi aussi à toute heure de la journée, je voyais des trucs chelou façon sixième sens (trop facile celle-là, je vous l'accorde).
Bon c'est vrai arrêtons de charrier Natsume comme s'il était un poète maudit (Je parle du personnage cette fois-ci, au cas où ceux qui ne connaissent pas, passeraient le résumé pour aller direct à la critique, pragmatique mais je respecte mon frère!). Après tout Nyanko sensei qui partage l'affiche avec notre héros, est là pour mettre l'ambiance!
Cette dynamique imite un peu le fameux duo flic avec un balai dans le cul et flic du ghetto, avec Natsume qui débarque et Nyanko sensei puissant Yokai qui connaît le milieu underground. Le statu quo entre nos deux copains est en fait complètement bidon si on chipote sur les détails, toutefois on connaît tous la vraie raison pour laquelle l'accord demeure, et non ne me forcez pas à l'expliquer (indice : j'ai dit qu'ils étaient copains...).
Si je puis me permettre une ou deux réflexions néanmoins, je commencerais par les contradictions qui persistent entre la pensée de Natsume et ses actes, particulièrement vis-à-vis de ses proches. Effectivement, les liens entre les humains étant dressés plus vite qu'un coup de pinceau, il est difficilement crédible d'adhérer aux scrupules que peut avoir notre blondinet rêveur vis-à-vis d'eux. D'ailleurs les personnages passent souvent en coup de vent renforçant l'impression qu'ils sont plus là, à titre de "guest star". Dans le cas de la plupart des Yokais je marche, de par leur nature, l'éphémérité et la complexité des relations que notre ingénu gringalet tente de tisser avec eux, semblent difficile.
Par contre du reste, on aurait apprécié de voir un développement surtout que le schéma narratif de l'anime y est favorable. Enfin bon ceci est finalement un reproche en demi-teinte puisque manifestement Natsume avait pour projet dès le départ de prendre son temps pour murir quitte à s'étaler sur une saison deux... et aussi une troisième... et...et...et même une quatrième! puis une cinquième! et attendez! On m'apprend qu'une sixième saison est en cours! Il n'y a plus aucune limite! Ce genre d'anthologie consumériste me fait sourire en coin, après tout il est vrai que c'est chose rare pour un anime si l'on exempt ces fameux animes et leurs 10000 épisodes qui n'auront jamais de fin.
Tout ça pour dire en bref qu'on relativise un peu notre propos.
Ensuite la série prend en otage notre intérêt, en confrontant notre maussade androgyne à un dilemme, dilemme qui apparemment ne sera pas prêt de se régler. En effet incapable de prendre parti, notre étudiant morose semble désirer la cohabitation pacifique entre les différents partis concernés. Un désir qui semble de plus en plus relevé de l'utopie à mesure que passe les épisodes, transformant notre juvénile campagnard en gardien de l'espoir. À ce propos il arrive souvent que l'anime, aux petits soins pour son protégé, sorte de nulle part un compromis qui éviterait à Natsume de se heurté trop durement à la cruelle réalité. Ça donne un peu l'impression quelque fois, que tout est bien qui finit bien comme dans un épisode de Franklin la Tortue, un peu facile en définitive. Enfin bon je me plains mais si l'anime suivait ma logique, on se retrouverait avec plus de larmes que de rires et la fameuse paix que je cherchais avant de dormir en serait contrariée.
Je n'ai pas encore vu toutes les saisons jusqu'à la 6 et je n'attends pas de réelle évolution par contre je me demande si le truc va tenir sans se transformer en pâle ersatz d'un ersatz... Enfin bon il serait injuste vu la nature intemporelle de l'anime, de dire que Natsume met des douilles et le RDV saisonnier reste sympathique.
C'est toutefois trop d'honneur que de prétendre Natsume Yuuchin-Chou poétique, lui préférant plutôt le terme de flânerie sensible. Malgré mon apparente mesquinerie, la série m'a beaucoup plu. C'était ce que à quoi j'aspirais, l'anime a épousé mon humeur à la perfection. À la fois calme, touchant et enjoué, Natsume c'est de la neige en été.