Critique de l'anime Paranoia Agent

» par Descartes le
26 Février 2007
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Satoshi Kon est décidément un réel artiste. Il ne se contente pas de divertir, ne tombe jamais dans la facilité, et sait toujours dérouter ses spectateurs. Surtout il ne prend pas le spectateur pour un abruti, et en cela il sait conquérir et faire l'unanimité (c'est bien connu, "aime moi et je t'aimerais en retour"). Sortir des sentiers battus tout en maintenant une qualité intacte, gageure que beaucoup se devraient de mener à bien, ou au moins s'y essayer.

Kon s'attaque ici à un sujet de société ô combien important par le biais de la métaphore paranoïaque, le suicide. En effet, il met en scène des individus opprimés, oppressés, acculés par la société actuelle, par son rythme de vie, par les exigences auxquels ils sont astreints, et qui n'attendent qu'une seule chose, être délivrés de cette frénésie, de cette aliénation, délivrance qui passe par la mort. Afin de faire passer la pilule de manière plus douce et subtile, Satoshi Kon nous personnifie le suicide en la personne de "Shonen Bat", et monte son histoire par une succession d'épisodes s'enchevêtrant, chacun d'entre eux mettant en scène des personnages différents, ayant pour trait commun l'oppression sociétale. Kon a ses boucs-émissaires: le monde du travail, la lourdeur des rites hiérarchiques, la société de consommation et de divertissement. Kon fait dans le social, et le fait bien, mais Kon fait aussi dans le moral, et le fait lourdement. Quelques épisodes sont parsemés d'un puritanisme sur les notions de réalisme, d'abnégation, de persévérance et de modestie, ce dont on aurait pu se passer (et dont les individus aux pulsions suicidaires également), mais n'occulte en rien la qualité de la série.

Non content de s'attaquer au sujet délicat du suicide, Kon nous fait également un réquisitoire à l'encontre de la culture de masse, réquisitoire qui prend sa plénitude dans le dernier épisode, où l'on évoque la crise de la culture et son auto-suicide par le biais d'une comparaison répétée à plusieurs reprises. Il s'attaque également au sens de la vie, ce qui est déjà nettement plus banal, l'originalité résidant dans la manière dont cette question est abordée par ellipses peu récurrentes.

Kon est un artiste car il nous gratifie d'un scénario de qualité et original, qui sait nous faire rire et réagir, mais aussi de par la qualité visuelle qu'il impose ainsi que de certains de ses délires. Paranoia Agent est en effet une série visuellement très réussie, avec une animation de qualité, un chara design efficace comme à l'accoutumée chez le réalisateur, le tout doublé de certaines originalités qui font plaisir à voir (le village en 2D par exemple).

Malgré tout, 13 épisodes sont amplements suffisants à cette série, qui a déjà tendance à quelque peu délayer, et qui par moments pousse certains délires jusqu'à la lourdeur et au ridicule.

En conclusion, comme je n'ai rien à dire je ne dirais rien. C'est vrai quoi, pourquoi se creuser la tête quand on a rien à dire? Ah si, regardez cette série.^^

PS: les interprétations douteuses émises par l'auteur de cette critique au sujet d'une quelconque métaphore n'engagent que lui et ne sont soumises à aucune obligation contractuelle.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Descartes, inscrit depuis le 26/04/2006.
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