Pilier du studio Ghibli aux côtés de Hayao Miyazaki, Isao Takahata est surtout connu pour son émouvant Tombeau des Lucioles. Plus méconnue, sa comédie Pompoko a connu une nouvelle jeunesse lors de sa sortie ciné française de 2006, douze ans après celle du Japon !
Comme dans de nombreuses œuvres de chez Ghibli, le message écolo prend une place importante. L’urbanisation galopante du Japon de l’après guerre a en effet grignoté (bel euphémisme) les verdoyantes campagnes nippones, détruisant du même coup l’habitat naturel de nombreux animaux sauvages, tels que les tanukis. Et ce sont bien eux les protagonistes de Pompoko : une tribu de canidés tout mignons, même si je préfère largement leur forme « naturelle » à leur forme de « bisounours » utilisée le plus souvent, vous comprendrez quand vous verrez le film. Pour sauver leur forêt menacée par la création d’un nouveau lotissement, ils s’opposent donc aux humains en usant de leurs incroyables capacités de métamorphose. Après d’intenses (et très drôles) séances d’entrainement, les tanukis expérimentent diverses méthodes. Ils jouent sur les superstitions des japonais pour les effrayer, provoquent des accidents sur les chantiers de la nouvelle ville, organisent un défilé fantastique à Tôkyô…
Alors, vont-ils réussir à préserver leur petit coin de nature ?
Le graphisme et surtout l’animation accusent un peu l’âge vénérable du film (1994), mais l’ensemble reste soigné et très agréable à l’œil. La fâcheuse tendance qu’ont les tanukis à se changer en n’importe quoi offre de jolis délires visuels, occasionnant souvent de francs sourires chez le spectateur. Chose assez étonnante pour un anime plus ou moins destiné pour les enfants : le gros trip autour des roubignoles extensibles à volonté. De ce point de vue, la baston contre les « CRS » à la fin du film est vraiment mémorable (les testicules servant successivement de parachutes puis de massues). Au-delà de cela, les tanukis sont super attachants, ils ne ratent jamais une occasion de faire la fête, de danser, chanter… on ne s’ennuie pas avec eux ! Avec malice, l’auteur s’amuse d’ailleurs à dénoncer les travers des humains reproduits chez les canidés qui scotchent devant la TV, se goinfrent de hamburgers, se battent inutilement entre eux, etc.
Malheureusement, tout n’est pas rose dans ce film. Le sujet a beau être traité avec finesse, pertinence et humour, parfois on s’ennuie un peu. Certaines scènes pêchent vraiment par leur longueur (le fameux défilé notamment), d’autres sont carrément dispensables. Les échecs répétés des tanukis et leurs multiples tentatives finissent par lasser, on tourne un peu en rond quoi. En virant un bon quart d’heure d’images superflues, le film aurait franchement gagné en rythme. Par contre la fin est top, évitant habilement le happy end (qui aurait été ridicule vu le sujet) et la tragédie (qui aurait sous doute viré vers le pathétique). Avec le recul, Pompoko apparait clairement comme un film à voir, très engagé, original, drôle… les longueurs assombrissant un peu le tableau, mais bon, rien de dramatique non plus. Un bon Ghibli :)