On ne peut pas vraiment dire que les animes se déroulant en milieu scolaire soient rares. Ils sont même légion, a fortiori si l'on restreint ses recherches aux seuls shoujos. En revanche, je connais fort peu d'animes qui traitent de façon réaliste cet univers dont nous avons tous été coutumiers à un moment ou à un autre de notre vie. Jusqu'à récemment, je n'en connaissais qu'un : Great Teacher Onizuka, un anime fort connu qui dépeignait avec une pertinence rare toute la cruauté qui se cache derrière l'uniforme strict des lycéens japonais. Après l'avoir regardé, j'avais fini par me convaincre que revoir l'école traitée autrement que comme un lieu idyllique où tout le monde s'aime était une chimère. Et puis j'ai découvert Hana Yori Dango et tout a changé.
Tout a changé avant tout du fait du contexte de l'histoire. Je vais le rappeler brièvement en évitant de spoiler : l'histoire se centre autour de Makino Tsukushi, une lycéenne issue d'un milieu modeste qui a été inscrite par ses parents dans l'une des écoles les plus chics du Japon. Seulement voilà : cette école n'est pas comme les autres. Non seulement elle n'est fréquentée que par l'élite de la nation - d'un point de vue financier j'entends - mais elle est dominée par un groupe de quatre garçons qui font régner la terreur dans l'école : les F4. Pour ce qui me concerne, la messe était dite dès le premier épisode : bien que fermement rattaché au genre du shoujo, cet anime peut être véritablement considéré comme un équivalent féminin de Great Teacher Onizuka.
Mais ce n'est pas tout de faire une telle comparaison : encore faut-il en apporter des preuves. J'y viens. Comme dans Great Teacher Onizuka, on retrouve le thème majeur de la violence scolaire. Qu'il s'agisse du bizutage permanent dont est victime Makino à chaque fois qu'elle a le malheur de déplaire à l'ombrageux Domyôji, leader des F4 de son état, ou du conformisme, tout cela donne une ambiance très mature à la série qui m'a tout naturellement porté à faire cette comparaison lorsque j'ai découvert cet anime. C'est clairement le point fort de l'oeuvre à mes yeux dans la mesure où il permet de donner une plus grande profondeur à ce shoujo qu'une simple romance interminable comme on le voit dans beaucoup trop d'animes du genre.
La romance en elle-même n'est pas si cliché qu'elle n'en a l'air au premier abord. Certes, on se retrouve une fois de plus en présence d'un triangle amoureux au centre duquel se trouve Makino et qui joue en quelque sorte le rôle de fil conducteur de l'ensemble du scénario de la série. La chose n'a donc rien d'original en soi. En revanche, le grand intérêt de ce triangle amoureux réside dans l'évolution considérable des relations qui existent entre ses trois membres : Makino, Rui et Domyôji. Je ne peux en dire plus au risque de spoiler, mais c'était vraiment très intéressant à suivre. On est en présence d'un anime qui profite pleinement du format long pour proposer des personnages assez dynamiques qui permettent de redonner continuellement de l'intérêt à la série.
Au chapitre des qualités de la série, j'ai également bien aimé les relations à la fois d'affection et de haine entre Makino et Domyôji, sur fond de lutte des classes entre la pouilleuse du lycée et le richissime héritier. Les deux étudiants vivent dans deux mondes différents, cela se sent et rajoute une autre dimension aux personnages. On est donc en présence d'une romance torturée, changeante, je dirais même shakespearienne par moments même si l'on n'est clairement pas en présence d'une romance à la Roméo et Juliette. A bien étudier la chose au fil de ces cinquante épisodes, c'est même totalement l'inverse au vu du sentiment de brutalité qui ressort de cette romance très intéressante à suivre.
Je pense donc m'être assez bien fait comprendre : Hana Yori Dango est un très bon shoujo. Les clichés propres aux histoires de romance sont présents mais étrangement l'ambiance générale de l'anime - cette ambiance proche de Great Teacher Onizuka que j'ai mentionnée plus haut - fait qu'on les oublie très vite. Ce n'est clairement pas un anime fleur bleue : l'amour est dépeint ici dans tous ses paradoxes et est parfois très proche de la haine la plus terrifiante qui soit. C'était assez déstabilisant, mais c'est aussi ce qui fait tout l'intérêt de cet anime. Certes, on pourra reprocher les longueurs de la série dans les derniers épisodes mais ce ne sont pas des défauts qui gâchent l'expérience globale de l'oeuvre. Je donnerais donc un 8 enthousiaste à cette série particulièrement marquante pour ses deux personnages principaux bien loin des clichés du genre.