Rokka no Yuusha - Guerrier mais juste un peu

Pour éviter de se faire toute idée préconçue, si vous n'avez pas vu cet anime je vous déconseille de lire un synopsis. Il y a en effet eu beaucoup de méprises à ce sujet et sur le contenu de l'histoire. Vous pensiez regarder un anime de héros avec de la baston ? Ne vous y trompez pas, Rokka ce n'est pas seulement une quête de héros avec des personnages bourrins et des moments épiques : c'est aussi un anime dans lequel on réfléchit, où la réflexion et les théories ont plus leur mot à dire que la baston et les pouvoirs.

Ici l'écriture de la série est à la fois sa plus grande qualité, et aussi son plus gros défaut. Le premier épisode ne nous conformait pas dans l'idée que l'histoire allait prendre un virage inattendu : un combat impeccable en guise d'introduction, un héros au charisme prometteur, et un classique sauvetage du monde ; tout ces éléments laissait à croire un divertissement sans utilisation de son cerveau. Mais Rokka balaie tous vos préjugés et décide de créer l'impensable : un récit complexe et tortueux.

Je précise qu'être « complexe » ne signifie pas avoir une portée philosophique ou un truc qui te fait réfléchir sur le sens de la vie ; la complexité même de Rokka s'illustre dans cette façon permanente à manipuler les faux indices, les rebondissements sans concession, pour préserver une chose indispensable au récit : du suspense, ici maîtrisé sur le bout des doigts car c'est lui qui nous amène à envisager des théories et à comprendre là où l'auteur veut nous conduire.

Ainsi, ce suspense est parfaitement retranscrit dans ses moindres détails, on a des mystères, de l'angoisse, et même une romance dont la finalité est réclamée. En tant que spectateur je suis fier que des séries cherchent à aller plus loin que l'image que leur genre leur a attribué, mais en tant que juge, très déçu par cette aussi naïve et piètre adaptation.

Comme je l'ai déjà dit, l'écriture de la série est à la fois sa plus grande qualité et aussi son plus gros défaut. L'amateurisme du studio Passione qui n'a pas su comment gérer cette écriture se ressent durant tout le visionnage. La longueur des dialogues est absolument effarante, l'inégalité des épisodes aussi, et la singularité de la fin est à prendre au second degré. J'ai ouïe dire que l'anime était calqué sur le premier volume du LN, sur un élément qui aurait du servir de détail à l'intrigue, et qui au lieu de ça dure tout l'anime.

Que toute cette « enquête » soit le cœur du LN, je peux le croire. Mais dans ce cas le travail d'adaptation n'est pas d'être le plus fidèle au récit du Light Novel, mais de travailler toute cette partie pour que le rythme soit celui d'une série animée. Or ce passage n'a pas du tout était compris par le studio qui recopie tout ce que fait le LN, sans se demander quelles contraintes pouvait engendrer l'histoire.

Ma plus grande conviction avec cette série c'est qu'elle n'est pas victime des maladresses de son auteur, mais celles de ses réalisateurs, qui ont chamboulé le scénario à faire comme bon leur semble du moment qu'on boucle sur le format prévu. Je suis intimement convaincu que si cette série avait été entre les mains d'un autre studio, le résultat aurait été complètement différent. N'y voyez pas là un déferlement de haine envers le studio Passione, je pense que cette pique reflète très clairement la médiocrité de leur adaptation. Et comme je ne rejette pas la faute à Rokka, c'est avec plaisir que je lui file un 5. (3 pour l'adaptation)

(merci à Isindu pour sa collaboration)