Sunabozu, le diable du désert.

"Sunabozuuu !!! Sunabozuuu !!"

Chante le vieux fou du village, en voyant ce légendaire mercenaire affronter son grand rival Amagumo, l'araignée des pluies.

La tension est à son comble, le duel le plus terrible de ce nouveau millénaire va commencer !

Et là c'est le drame.

Mon estomac se plie, mon sourire s'agrandit, ma bouche s'ouvre. Je ne peux m'en empêcher. J'éclate de rire, à n'en plus pouvoir. On n'est qu'à l'épisode deux.

Sunabozu est une série qui claque. Une qui ne ressemble à aucunes autres, et pourtant elle ressemble à plein d'autres. Cet univers post apocalyptique entre du Fallout et le pastiche de Ken le Survivant, prend place dans le grand désert du Kanto. La vie y est difficile, injuste, pas de place pour les cœurs tendres, seuls les pires crapules de la pire espèce arrivent à s'en sortir. Et encore...

Et c'est là qu'on suit les aventures de Sunabozu, pur spécimen de son époque. Il ne recule devant rien pour atteindre ses objectifs et toucher les quelques sous que lui rapportent ses missions. Il aime bien être payé en nature aussi. Car le monde est impitoyable et il n'y a pas de place pour les faibles. Avoir sa place à l'ombre et son verre d'eau demande des efforts et des sacrifices de l'impossible.

Qu'est ce qu'on se marre dans la première partie, en découvrant cet être immonde qui nous sert de héros. Car les défauts l'accompagnant sont légions : il est moche, il est petit, il est vicieux, pervers, lâche, fourbe et j'en passe. Un grand homme quoi. Et pourtant, il est un puits d'ingéniosités pour se sortir des situations les plus désespérées.

Et le tout est servit par une bande son du tonnerre, amenant ce petit côté épique de grande saga, la petite musique qui fait qu'on sait qu'on regarde Sunabozu et rien d'autre. Une bande originale mémorable, bien construite qui accompagne au maximum les passages d'actions comme ceux d'humours. Le générique est d'ailleurs une sorte d'Ovni, la musique n'est pas exceptionnel mais il est intéressant en soit.

La mise en scène n'est pas en reste. La caméra virevolte, suit le grappin de notre mercenaire pour l'accompagner dans ses déplacements. Ca va vite, c'est intense, le rendu de l'action est propre à cette série. C'est Sunabozu qui est dans la place.
Cette anime est riche, car changeante, nous prenant parfois à contre sens. Adoptant un autre point de vue, la vision change, le rythme est différent, la réalisation suit. C'est une œuvre bien faite, de qualité et qui se permet des petites innovations. Desert Punk joue avec son support, inventif et surprenant, brassant plusieurs domaines : ambiance western, post apocalyptique, détournement de huit clôt pour amplifier les passages comiques. Tout cela au service d'un bon récit, bien fait, et pas si idiot que ça.

Un scénario assez surprenant d'ailleurs. Un changement de point de vue se fera en cours de route, qui prendra le spectateur à contre pied, je vous le dit ce n'est pas de la réalisation de loutre ça. Dans cette série passablement immorale, il y a un vrai travail de fond. L'univers est bien travaillé, fournis et palpable, que ce soit dans son environnement, ses règles, sa cohérence et ses habitants. Les divers groupes existants, personnages et lieux donnent vraiment l'impression de faire un court voyage dans ce monde impitoyable qu'est l'effroyable désert du Kanto. Où chacun essaie d'y survivre et d'y apporter sa domination, ou tout simplement le renouveau tant attendu. Car, l'horrible créature qui nous sert de héros, antipathique à souhait, ne sera pas cantonné à son simple rôle. Au départ vecteur de situations comiques nous permettant de découvrir les règles et les codes du grand désert du Kanto, il sera employé aussi dans son rôle d'origine.

Sunabozu, voilà une série atypique, rare, qui n'a pas son pareil. Elle peut autant faire fuir que de donner envie de la porter en Triomphe. L'humour peut y être lourd, graveleux, le chara design est loin d'être attrayant, mais sert justement à montrer cet univers rude et laid qu'est ce fameux désert.

Desert Punk, c'est du grand art, celui du grand Désert du Kanto, où à l'aide de sa fidèle Winchester, notre héros au cœur tout petit, brave le sable et la poussière, pour récolter la misère.

"Sunobozuuu !! La pire crapule de tout les temps !
Sunabozuuu !! Il vous volerait même vos dents !"
Sunabozuu !! Faut jamais lui présenter ta copine !"
Sunabozu !! Sinon il vous plombe dans le dos, puis il rapine !"

GTZ reprenant le refrain du vieux fou, devant l'exceptionnel duel entre le diable du désert et l’araignée des pluies.