Que vois-je : une seule critique pour cet anime mémorable ?!
Ulysse 31 est un des rares animes japonais que j'ai regardés quand j'étais môme (le Cub Do, c'était pas ma tasse de thé, et je trouvais moches et chiants DBZ et les Chevaliers du Zodiaque). De la mythologie grecque et de la science-fiction, ça ne pouvait que me plaire ! Et, en effet, je n'ai pas été déçu par cette série.
Ulysse 31 a réussi à recomposer l'épopée de l'Odyssée - auxquels sont ici inclus d'autres mythes grecs indépendants tels le cheval ailé Pégase, le Minotaure dans le labyrinthe, ou encore Orphée qui descend chercher Eurydice aux Enfers - en la réécrivant comme une saga de science-fiction à la Star Trek (un vaisseau spatial qui voyage de planète en planète en rencontrant des peuples très divers). L'idée est géniale : en transposant les îles de la Méditerranée où va tour à tour s'échouer Ulysse en autant de lieux dispersés dans l'immensité interstellaire (planètes, stations spatiales, etc), l'anime dispose du contexte idéal pour qu'à chaque épisode (ou presque) corresponde une historiette avec un environnement spécifique (par exemple : une nouvelle planète), de nouveaux personnages (les autochtones) et son lot d'aventures et de dangers à la clé. Le quasi-univers des Grecs de l'Antiquité (la Méditerranée) devient ainsi l'univers au sens propre que peuvent franchir ces hommes du 31ème siècle.
Si la série prend bien évidemment des libertés sur le texte original (exemple : dans l'Odyssée, Télémaque n'accompagne pas son père), elle le respecte globalement en adaptant chaque passage clé d'une manière futuriste et technologique. Le Cyclope devient ainsi un robot dont l'oeil unique décoche des rayons laser meurtriers, Cerbère est ici un satellite à trois têtes qui garde les enfers, et ainsi de suite. Dans les deux récits, c'est bien en rendant aveugle le Cyclope qu'Ulysse encourt la colère des dieux qui le condamnent à l'errance.
Mais la série a su aussi trouver son ambiance particulière : le design du vaisseau spatial Odysseus (qui est le nom grec d'Ulysse), la voix de Shyra son ordinateur de bord, Nono le petit robot bavard et râleur, des costumes mi-futuristes mi-médiévaux (Ulysse arbore une combinaison spatiale moulante et une cape, son arme est un pistolet-épée laser qui fait penser aux sabrolasers de Star Wars). Certaines trouvailles originales sont marquantes, telles la salle où tout l'équipage flotte en léthargie, comme autant de poupées inertes pendues à des fils invisibles.
Cerise sur le gâteau, l'enrobage est à la hauteur des ambitions de la série. Un excellent générique d'ouverture - tant graphiquement que musicalement (Ulysse revieeeent), un décor en général peu fouillé mais bien réalisé, une animation correcte ainsi qu'un chara-design qui a plutôt bien vieilli (on est ici loin, et heureusement, des visages à la Ranma 1/2 ou Olive et Tom, très typés années 80 et qui font vraiment old school maintenant).
Cette production atypique car franco-japonaise a su profiter de sa double nationalité pour prendre le meilleur de chacun : une réalisation technique soignée côté nippon avec un design de Shôji Kawamori (Macross Plus), un chara-design signé Shingo Araki (Lupin III, Gegege no Kitarô), sur une idée originale de Jean Chalopin qui a su construire une histoire intelligente en rendant hommage à l'un des textes fondateurs de la littérature occidentale en le réinterprétant sans pour autant le dénaturer.
Si les épisodes sont de qualité inégale (quelques histoires moins bien traitées que les autres) et si l'ensemble a quand même pris de l'âge, Ulysse 31 n'en reste pas moins une série de qualité et une des plus marquantes et passionnantes de la production japonaise des années 80.