Un potentiel gâché et s'enfonçant au fur et à mesure des saisons...

Un des anime qui a le plus marqué mon enfance, que je suis depuis le début, et dont j'ai regardé les 5 saisons complètes. Même aujourd'hui, je trouve de nombreux points forts à Yu-Gi-Oh!, à commencer par son opening, mélange de musique orchestrale et électronique assez surprenant, mais très agréable car bien composé, et qui offre une vraie signature à ce dessin-animé, là où beaucoup d'anime privilégient des musiques rock, parfois excellentes, mais qui n'ont pas été composées pour l'occasion, enlevant un peu de personnalité au tout. L'ambiance musicale en général est d'ailleurs plutôt bonne. Je ne suis pas tout à faire sûr de ce qui suit, mais il me semble que le dessin-animé South Park (Que j'adore au plus haut point) a réutilisé certaines musiques d'ambiance de Yu-Gi-Oh! pour un épisode nommé "Course à l'audience". Je ne sais pas si ce sont que les musiques se ressemblent étrangement ou quoi ou si ce sont bien elles, mais ça m'a tout de suite fait tilt.

Passons aux autres points. L'histoire se suit sans problème, il n'y a pas besoin de beaucoup se triturer les méninges pour comprendre, ça s'adresse aux jeunes enfants en même temps, donc ne vous attendez pas à entendre la moindre insulte, même dans des situations où elles sembleraient justifiées. Cela dit, je précise que je ne l'ai regardé qu'en VF, je ne sais pas si les autres versions sont également édulcorées ou non. La trame scenaristique ne casse pas trois pattes à un canard non plus, il s'agit généralement juste pour le grand méchant de la saison d'essayer de se servir d'un grand pouvoir grâce aux objets du Millenium ou de cartes spéciales, car le jeu de cartes de l'anime n'est pas qu'un jeu de cartes, mais renferme bien des pouvoirs ancestraux. à ce propos, j'en profite pour dire que je trouve que Pégasus, le méchant de la saison 1 est de loin mon préféré, car ses intentions sont bien moins banales que celles des méchants suivants, que ce soit Marik, Dartz ou Bakura, qui veulent "juste" régner sur le monde, bien que chacun ait des raisons qui lui sont propres.

Passons d'ailleurs aux personnages. Yugi, le héros, toujours accompagné de l'esprit hantant le Puzzle du Millenium, Yami Yugi, est un jeune bizut dont la vie a changé quand il a réussi à reconstituer son objet millénaire. Ils sont très serviables, et feront tout pour sauver le monde, l'un par gentillesse, et pour aider l'autre à percer les mystères de son passé, et éventuellement retourner à l'époque à laquelle il vivait une fois que le monde n'aura plus besoin de lui. Yami Yugi est plus intéressant que son alter ego contemporain, car il est plus orgueilleux, provoquant des fois des situations qui pourraient remettre en cause son statut de héros. Yugi, lui, a un manque de confiance en lui qui peut permettre à beaucoup de gens de s'y identifier, mais on ne peut pas dire qu'il bénéficie d'un vrai développement, n'évoquant même pas ses parents dont on ignore tout, alors qu'il vit chez son grand-père, permettant alors les élucubrations les plus folles. Même Riri, Fifi et Loulou en disent plus sur leurs parents.

Le souci, c'est que leurs discussions tournent beaucoup trop souvent sur ces sujets : Sauver le monde ; rester fidèles à ses amis ; et résoudre les mystères de son passé. C'est dommage, ils ne développent pas plus que ça les personnages, bien qu'on sente la prise de confiance de Yugi au fil des saisons, cela reste presque de l'anecdotique, excepté dans les tous derniers épisodes. Encore une fois, seule la saison 1 sort un peu du lot car au lieu de passer son temps à découvrir les mystères sur Yami Yugi ou à sauver le monde, Yugi cherche avant tout à sauver son grand-père, dont l'âme a été prise par Pégasus, pour des raisons que je ne spoilerai pas.

Ce héros est entouré d'amis fidèles, mais qui ne sont pas tous très intéressants. Jono-Uchi (Joey Wheeler) pour commencer, qui est pour moi l'un des meilleurs personnages de Yu-Gi-Oh! avec Kaiba. Le seul problème étant qu'ils ont voulu en faire le gaffeur de l'équipe, avec le lot de clichés qui va avec. Pourtant, il a un passif des plus intéressants : ancien tortionnaire de Yugi, mauvais élève au dossier blindé, ancien membre de gang, ses parents sont divorcés et son père est un alcoolique. Sa petite soeur, qui le considère comme un modèle, et vivant avec sa mère, risque de perdre la vue définitivement si on ne trouve pas l'argent pour lui payer une opération des yeux lors de la première saison. Jono-Uchi, pour moi, est un personnage qui aurait le potentiel pour être un Onizuka, si ça n'avait pas été complètement mis de côté au profit de la trame principale, excepté dans la saison 1. Il est attachant, et se bat jusqu'au bout, il a également un côté vantard et a une tendance à trop compter sur la chance dans ses combats (ses stratégies reposent complètement dessus desfois). Je trouve vraiment dommage qu'ils n'aient pas souhaiter développer ce personnage si prometteur, au lieu de faire de ce qui fait sa profondeur un détail évoqué à divers momens (y compris dans les quelques tomes que j'ai lu du manga).

Honda et Anzu (Tristan Taylor et Téa Gardner) complètent ce quatuor infernal. Bien que Tristan se rapproche un peu de Joey niveau caractère, ils ont d'ailleurs martyrisé Yugi à deux à la grande époque, il reste beaucoup plus "sage", étant plutôt un charmeur. Il ne joue aux duels de monstres qu'épisodiquement. Téa, elle, est amoureuse de Yami Yugi (Peut-être aussi de Yugi ?), elle est son amie d'enfance, et est un garçon manqué, elle non plus ne pratique pas régulièrement le duel de monstres. En revanche, elle est pour moi un des personnages les plus énervants qu'il m'ait été donné de voir. Je ne supporte pas ses monologues sur l'amitié, qu'elle considère comme au-dessus de tout. Les larmes de la honte ont coulé un nombre incalculable de fois sur mes joues en entendant un de ses grands discours, tellement je me sentais obligé de baisser le son le plus possible au cas où quelqu'un entendrait.

Je vais aussi parler un peu de Bakura, un ami des héros, bien qu'il ne fasse pas partie de leur groupe à proprement parler, il est dans leur classe et est sympathique. Cependant, son objet du Millenium à lui aussi contient une âme ancestrale, malheureusement pour le jeune homme, celle-ci est maléfique, et offre un des ennemis les plus diaboliques de Yami Yugi. Là encore, il est dommage de ne pas le voir plus souvent avant la dernière saison, où toute son histoire est révélée (à Yami Bakura, pas au Bakura contemporain). Sinon, il n'apparait que le temps de quelques épisodes, toujours empli de mauvaises intentions, et pas seulement pour nos héros. Il est donc lui aussi intéressant, bien que je le place en-dessous de Joey et Kaiba.

Le dernier personnage dont j'ai envie de parler est Seto Kaiba, un orphelin affublé d'un petit frère aussi pénible que Téa, auquel il tient plus que tout. Il a repris l'entreprise de son père adoptif, et est un homme d'affaires accompli. En ce qui le concerne, bien que son enfance soit un peu révélée dés la saison 1, il est l'un des rares à prendre toute son épaisseur dans les saisons qui suivent. Les premiers épisodes le montrent d'abord comme un champion du monde invaincu et très suffisant dont la confiance est ébranlée de façon impressionnante par sa défaite inattendue contre Yami Yugi. à partir de là, il va évoluer, reconsidérer les choses petit à petit, bien qu'il garde son caractère sûr de lui, ayant d'ailleurs de vifs échanges avec Jono-Uchi qu'il considère comme un nul. Il a un vrai passif qui a le mérite d'être creusé comme aurait dû l'être celui de Joey. Il est le grand rival de Yugi, qu'il affronte à plusieurs reprises dans certains des meilleurs combats de tout Yu-Gi-Oh!. Je ne sais pas si des spin-off sont à l'ordre du jour, mais si c'est le cas, je pense que si l'un se concentrait sur Kaiba, et l'autre sur Joey, il y aurait moyen de faire de très bonnes choses, même sans combats de cartes.

Les cartes justement, venons-en au sujet principal. Les combats offrent de vraies démonstrations de stratégies, bien que le fait que chaque duelliste pioche chaque carte au bon moment, dans presque chaque combat, ce qui peut vite devenir lassant. On peut cependant penser qu'une vraie stratégie est celle dont chaque carte contribue à faire gagner, quoi qu'il arrive. Mais malheureusement, bien souvent, le duelliste va avoir besoin d'une carte particulière, et c'est celle-ci qui tombera pile à ce moment-là. Cela offre de prévisibles, mais malgré tout de bons retournements de situations, car la mise en scène se veut assez efficace, en tout cas dans les 2 premières saisons, celles d'après se révélant souvent bien décevantes à ce niveau là, sûrement à cause de l'habitude.

Franchement, je considère un peu Yu-Gi-Oh! comme le Prison Break des anime, les deux premières saisons sont très regardables quand on passe sur les défauts cités ci-dessus, mais sinon, celles d'après partent dans le n'importe quoi. Au point que le début de la saison 5, offrant pourtant un tournoi intéressant, est frustrant, car trois quarts des matchs ne sont pas montrés, ne permettant pas de jauger les duellistes pour faire de vrais pronostics par rapport à leur stratégie respective. Cependant, le tout dernier duel, dont je ne révèle par les participants, a le mérite d'être plutôt bon, et d'offrir un final que je qualifierai de satisfaisant.

La saison 2 a pour avantage de proposer des enjeux sympathiques, avec le passif du méchant, l'évolution des règles du jeu (que l'on doit à Kaiba), et montrant certains des meilleurs duels en ce qui me concerne (Le duel à 4 pour déterminer les finalistes, et les deux demi-finales en découlant).

Au final, ce qui aurait tout à fait pu devenir un bon anime n'a finalement servi que de marketing pour un jeu de cartes pourtant intéressant à la base, même si je trouve les dernières évolutions qu'il y a eu bien trop pénibles. Le plus gros souci de Yu-Gi-Oh! est tout ce potentiel gâché. Sauver le monde est bien sûr la meilleure raison de se battre, mais offrir des personnages intéressants et bien creusés est la meilleure façon de s'intéresser au combat mené. Malheureusement, les auteurs se sont complètement plantés sur ce point, rendant un Joey juste attachant, là où il aurait pu devenir mythique. Kaiba, Pégasus, Marik et Bakura sont au final les personnages s'en sortant le mieux, grâce aux explications sur leurs motivations. Mais le combat mené pour lutter contre le mal s'est fait au détriment de la psychologie. Il n'en demeure pas moins que certains combats sont très plaisants à suivre, que la musique est de bonne facture, et que l'opening est pour moi un des meilleurs que j'ai pu entendre. Je conclurai juste en disant que si vous avez aimé le gâchis que fut Prison Break, vous aimerez le gâchis que fut Yu-Gi-Oh!, je pense que c'est la meilleure conclusion qui soit.