"L'amour ne connaît pas les distances." Bien que cette citation soit de Balzac, ce message a été exploité dans de nombreuses œuvres littéraires et cinématographiques. En l'occurrence, il n'est pas nouveau dans les oeuvres de Shinkai Makoto. On l'a connu notamment dans 5cm per second qui a été pour ma part très bon et c'est à travers un excellent film de cet été 2016 qu'on le retrouve. Cela fait plusieurs semaines que je suis déconnecté de mes animes et entre deux soirées, j'ai décidé de profiter de Kimi no na wa., chose que je ne regrette pas et qui m'a redonné envie de saisir mon clavier afin de vous en parler avant sa sortie prochaine en France.
Kimi no na wa., ou sous son titre anglophone Your Name. (Diantre! N'oubliez pas le petit point!), nous raconte l'histoire de deux adolescents liés par leurs rêves et voir plus car affinités. Mitsuha, vivant dans un petit village bien sympathique et issue d'une famille traditionnelle, désire partir à l'aventure de l'immense jungle urbaine de Tokyo tandis que Taki, citadin de la capitale nippone et amateur de dessins, y mène une vie normale entre lycée et petit boulot dans un restaurant italien. Les deux font d'étranges rêves dans lesquels ils se retrouvent dans la peau de l'autre et c'est à partir de là que leurs relations vont se tisser, apprenant à se connaître à travers la vie que chacun mène.
Si vous avez lu un synopsis semblable au mien, alors il vous a laissé planer le doute. On découvre toutefois très vite en quoi consistent leurs rêves sans surprise et c'est pourquoi spoiler ceci n'a aucune importance. Les rêves sont en réalité des échanges de corps : Mitsuha se retrouve dans le corps de Taki et réciproquement. Cependant, en progressant dans l'histoire, j'ai pris conscience que j'étais loin de m'imaginer que le thème allait être traité avec une telle dimension. Fidèle à lui même, Shinkai Makoto nous propose une histoire surprenante et émouvante, renforcée par son caractère mystique et haut combien j'aime les œuvres qui en font si bien preuve. Je ne cacherais pas que j'ai même eu la petite larme à la fin.
Pourtant, le début de l'intrigue est développé de manière comique. On assiste aux échanges entre les personnages qui essaient de s'adapter tant bien que mal au phénomène et de se communiquer pour "fixer les règles du jeu". Les évènements s'enchaînent assez vite tandis que le tout prend forme peu à peu. On visionne curieux de savoir comment ils vont s'y prendre pour gérer cette délicate situation, assez captivante pour ne pas se demander pourquoi il y a cet échange. Comme tout le monde j'imagine, j'aurais eu sacrément la trouille que quelqu'un m'emprunte mon corps régulièrement surtout si c'est pour passer des examens à ma place (sauf s'il est meilleur que moi - et je suis pas grillé!). Ce n'est pas ça qu'on appelle la confiance d'ailleurs?
Justement, en parlant de confiance, c'est par cette première étape que le «mariage-forcé» se construit entre nos deux personnages, celui-ci se transformant en passion au fil du temps. Pourvus chacun d'une bonne personnalité, leur parcours les rendent charismatiques grâce à un traitement particulièrement intéressant. Au-delà du seul message de l'amour, il y a toute cette question sur l'intimité car chacun a accès à toute la vie de l'autre et par son expérience pratique, ils sont capables de mieux se comprendre que quiconque. Il y a une dimension plus humaine donnée à cet échange qu'il serait possible de retrouver dans d'autres histoires où celui-ci est le plus souvent vu comme une contrainte pour les personnages. Mais ici, point de contrainte, il devient un outil utile et même plus. Il se transforme rapidement en quelque chose de plus grand sans que ça en devienne exagéré.
Vous l'avez compris, je vois beaucoup d'ambition dans cette production. Rien de mieux de l'exploiter en mettant bien en avant une dimension mystique, clé de voûte de l'intrigue, ce qui a fait à mon sens toute sa singularité. Le surnaturel est bien présent et garde tout son mystère comme il se doit. L'idée n'est pas de comprendre comment mais juste de savoir le pourquoi du phénomène et quelques simples éléments (sans être simplistes) sont donnés afin de satisfaire notre curiosité sur la question. Et tant mieux! L'histoire perdrait en valeur dans des élucubrations indésirées. Si l'amour est irrationnel, le phénomène qui lie nos protagonistes l'est tout autant. Alors qu'ils sont incapables de comprendre cette force étrange, ils progressent et luttent pour rester ensemble. C'est si beau et si inquiétant à la fois et grâce à cela s'en dégage un scénario excitant. De par sa construction, Kimi no na wa. a un tracé plein de rebondissements. Un coup je me marre, un coup je m'inquiète, un coup je stresse, un coup je pleure, un coup je me réjouis mais à la fin ce sont plutôt des larmes de joie que de tristesse qui me sortent des glandes lacrymales (il fallait que je la sorte celle-là).
À la fois joyeux et émouvant, je trouve que c'est ce qui caractérise le mieux mon ressenti sur ce film. Alors pourquoi le dirais-je de manière compliquée si je peux me permettre de le dire si simplement? Et ce, cela se retrouve à travers la bande son, signée Radwimps, qui l'illustre si bien. Ce sont d'ailleurs les OST qui m'ont donné envie de le regarder sans compter l'écho de son succès au Japon. Avant le visionnage, elles m'inspiraient l'apaisement et une chose est sûre, j'étais apaisé une fois le film fini malgré une fâcheuse rage de dent que je ne sentais même plus (tout est dans la tête). Toutefois, au cours de la semaine qui a suivi, mon esprit me repassait en boucle plusieurs passages du film et ce n'est pas souvent qu'une œuvre me marque autant dans sa postérité (d'ailleurs j'en ai parlé à mon dentiste).
Plus encore, son histoire vous fait réfléchir et chacun peut interpréter les plans et époustouflantes images de ce film. Elles sont lourdes de sens soit pour vous émerveiller soit pour vous sensibiliser. Il n'est donc pas question de vous forcer le message mais plus de vous le mettre à votre libre disposition et de l'apprécier dans toute sa splendeur. J'ai parlé avec d'autres personnes qui ont vu le film après moi (j'ai fait ma propagande hé hé) et en discutant de plusieurs scènes, chacun d'entre nous les avait comprises d'une manière différente. Devrais-je en conclure que Kimi no na wa. peut plaire à tout le monde?
En ma qualité d'otaku à mes heures perdues, je ne vois pas de quoi je pourrais me plaindre. Je n'ai rien à redire sur la qualité de la réalisation dont les flashbacks ont été subtilement maniés. Un mot me vient à l'esprit sur lequel je vois difficilement comment vous pourriez me contredire : magnifique! Il suffit de regarder quelques captures et j'espère pour vous que vous serez bien assis au moment de leur affichage parce que c'est à tomber sur le cul. Mais je ne peux que vous conseiller mieux encore : regarder le film bien ancré dans votre fauteuil (si vous en avez un), elles ont été faites pour ça après tout avec l'atmosphère qui lui est indissociable.
Quoi qu'il en soit, c'est une œuvre largement positive. Certes elle peut vous remuer, et j'aurais envie de vous frapper si vous ne ressentez rien, mais elle vous inspire aussi une certaine joie de vivre. Pas étonnant qu'au Japon, elle fasse parler d'elle et j'ai vu par ci par là sur le net qu'on clame à son plus grand chef-d'œuvre. Je ne vais pas le proclamer ainsi ni faire de lui le successeur de Miyazaki comme il en est rumeur mais il a fait du bon boulot et ça c'est indéniable. C'était une très belle histoire et il serait fort dommage que vous en oubliez le nom alors je vous en fait part et faites-en part à d'autres : Kimi no na wa. ou Your Name. (et n'oubliez pas le petit point!)